mercredi 16 mai 2018

La droite dans l'impasse de la récupération

Irrécupérable Ernest Martin,
rebelle constructif, 
passionné de la vie,
passionné de sa ville. 
La droite de Priollaud-Terlez peut toujours essayer de compenser son manque d'imagination en tentant de récupérer quelque chose des années prodigieuses de la gauche lovérienne. C'est peine perdue ! Dans les pratiques, dans l'histoire, dans l'attitude, dans les valeurs, tout oppose le comité d'action de gauche personnalisé par le Docteur Marin aux élus à la triste figure qui représentent la municipalité de Louviers.
Certes, inviter Hélène Hatzfeld à présenter son livre La politique à la ville n'est pas en soi condamnable, au même titre que la décision de Jean-Charles Houel[1] de faire donation à la ville de Louviers de ses riches archives de témoin de l'histoire locale. Mais quel besoin de se lancer dans une vaine et grossière tentative de récupération dans laquelle le maire de Louviers a emmené toute son équipe ?
Dérisoire Priollaud qui s'imagine pouvoir récupérer
quelque chose de l'oeuvre d'Ernest Martin. 
La municipalité actuelle est l'exact contraire de ce qu'a été la gauche lovérienne. Elle est la droite conservatrice des petits calculs, sans imagination et prétentieuse. Elle est l'héritière de ceux qui se sont violemment opposés à Ernest Martin et à ceux qui l'ont accompagné.
Grâce à eux, Louviers a été au centre de toutes les attentions d'une gauche nationale en recherche d'innovation. Le Cag pour se faire s'est aussi construit contre cette droite fermée que Priollaud-Terlez représentent.
Que ceux-ci, maintenant, tentent sans vergogne de se présenter comme attentif à cette période qu'ils ne se donnent même pas les moyens de comprendre a de quoi scandaliser. 
Christian Lafenêtre, qui fut un militant et un élu particulièrement actif a contré violemment Priollaud. Le maire de Louviers avait pompeusement introduit la cérémonie en parlant des lovériens comme des administrés. 
Bravo Christian d'avoir rappelé que pour le Cag il n'y avait que des citoyens, dont il fallait développer l'autonomie, le contraire d'administrés à la sauce Priollaud.
Après tout, l'incongruité de la cérémonie se révélait aussi dans la mobilisation de la droite chargée de rendre hommage au Cag. A part Hafidha Ouadah, il ne manquait pas grand monde de ce côté là, ce qui ne faisait qu'en rajouter au ridicule.
Anne Terlez, forcément s'est aussi cru obligée de mettre son grain de sel. Au bout d'une tirade assez longue elle se demandait ce que sa droite bien-pensant pouvait tirer de la formidable expérience de la gauche en terme de démocratie participative. 
La réponse est simple : RIEN ! 
Ce que la gauche lovérienne a légué à la ville c'est d'abord une mobilisation inouïe, une mobilisation historique dans un moment de débat, de passion de la vérité dans une époque passionnée avec tous les excès inhérents à la passion. 
Il y avait tout dans le comité d'action de gauche qui recueillait tout ce qui se pensait, vrai ou faux, juste ou injuste dans une période où toutes les idées se confrontées ... mais ce qu'il y avait d'original à Louviers, c'était leur mise en pratique.
Au delà de la figure de l'homme, j'ai évoqué à la suite de son décès, tout ce qu'Ernest Martin a légué à la ville. Il était le lien entre la sensibilité aux idées et la mise en pratique de celles-ci. 
La période dans laquelle le cag se construira dans l'opposition de 1969 à 1976, se situe non seulement dans le sillage de mai 68 mais aussi dans la période de libéralisation de la société française. En 1975, la loi sur l'avortement est adoptée à la suite d'un long combat féministe mené notamment par la gauche et que la droite giscardienne fera voter. 

Cela se traduit à Louviers par la création d'un centre d'orthogénie, où, derrière la pratique de l'avortement, Ernest Martin développera une démarche novatrice d'accueil et de pédagogie destinée tant aux femmes en difficulté qu'aux personnes chargées de les soutenir et de les accompagner. La pratique n'est pas unique, mais elle est rare. Elle amène une réflexion collective visant à l'épanouissement de l'individu alors qu'on sort à peine d'une période où la sexualité a été un tabou majeur dans la société. 
Bien sûr, Ernest Martin, en tant que médecin, sera l'homme des accouchements, et de l'accouchement sans violence. C'est un autre aspect de la personnalité du Docteur Martin et je ne puis m'empêcher de penser que pour démocratique que soit sa démarche, pointe toujours l'expert derrière l'individu... d'où sans doute une certaine défiance exprimée vis à vis de l'expression populaire qui ne saurait être une fin en soi surtout si elle s'oppose au projet du politique.
Ah ! Le politique, le noble politique qu'Ernest Martin opposait sans cesse à La politique, la vulgaire politique.
Or c'est bien la politique dans ce qu'elle a de plus vulgaire qui s'est chargé de cette tentative de récupération heureusement vouée à l'échec. 
Non, cet amour de la liberté, la politique comme passion collective, la confiance absolue en l'humain, l'espérance du lendemain comme fête, la référence à tout ce qui dans l'Histoire a construit l'émancipation des individus et des corps, toute cette modernité ne peut avoir aucune résonance chez les représentants lovériens de l'Udi, du modem et des Républicains. Ils n'ont rien à récupérer dans l'histoire prestigieuse de la gauche à Louviers. 





[1] Jean-Charles Houel est un témoin majeur de la période qui a porté la gauche lovérienne des années 65 à 1983, sujet du livre d’Hélène Hatzfeld. Il a été rédacteur municipal pendant la municipalité Martin avant de devenir journaliste à La Dépêche de Louviers qui a accompagné l’aventure si particulière de la gauche lovérienne. Jean-Charles Houel a éprouvé le besoin de se doter du titre de Rédacteur en chef qu’il n’a jamais eu, mais cela ne retire rien à l’intérêt et à la qualité des archives militantes et professionnelles qu’il a laissé à la ville de Louviers et qui sont d’un intérêt majeur pour l’histoire de la ville.    

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