mercredi 25 juillet 2018

La République du Ridicule

L’histoire se répète toujours deux fois, la première fois comme tragédie, la deuxième fois comme farce [1].

La deuxième victoire de la coupe du monde, ne vaut pas la première. C'est
un fait, mais c'est vrai que Macron n'y est pour rien et que ça n'a rien à voir
avec l'affaire Benalla. Belle oeuvre de photographe qui a fait le tour du monde
en ce qu'elle révèle un président de la République à l'image de tous les
français, moi compris. Grandi par une épopée sportive à laquelle on n'a pas
contribué. Bon, visiblement, c'était pour Macron le début des ennuis.
En fait, ce que montre la formule de Marx, par ailleurs empruntée à Hegel, c’est qu’il ne peut y avoir de grande figure historique en dehors d’une grande période historique[2]. Dans cette mesure, il faut l’admettre, la figure revendiquée par François Hollande de Président normal, bien que moquée, revêt toute sa pertinence aujourd’hui.
Ainsi donc, notre Jupiter, que certains, en toute allégeance, ont comparé à De Gaulle se révèle comme un faiseur, dont la rutilance s’estompe au premier frottement. C'est pas de l'or, c'est de la pyrite, l'or des fous qui a causé le désespoir des chercheurs d'or.  Voilà que notre Macron s’embrouille comme n’importe quel môme pris les mains dans le pot de confiture. Humain, trop humain comme disait Nietzsche. En gros, l’affaire Benalla, ce n’est même pas une affaire d’Etat, même si, bien sûr il est révélateur de ses dysfonctionnements. C’est une grosse boulette, qui a démontré l’incapacité du pouvoir à répondre à des situations de crises, la faiblesse de l’appareil politique, celui se revendiquant du nouveau monde et la qualité malgré tous ses défauts, de l’appareil administratif, la bonne vieille fonction publique à la française.
Benalla en stage place de la Contrescarpe à Paris. Image
de l'imbécillité en arme, en casque et en gilet pare-balle.
La bêtise, en soi, ne protège pas des mauvais coups. Sans
doute ce qu'Alexandre Benalla a voulu montré aux CRS
On retiendra que, forcément, plus on montre de suffisance et d’ambition, moins on peut attendre de sympathie ou de compassion lorsque la carapace se rétracte.
On peut en vouloir à Benalla, qui, sans avoir le bagage ni la qualité de son jeune patron, a pensé comme lui que le culot mêlé à l’ambition pouvait vaincre sur tout. Son parcours s’achève brutalement, mais il en deviendra un cas d’école en laissant son nom dans la petite histoire. Il aura aussi laissé au peuple l’image de la lâcheté absolue au service de l’état. Quelle image de bassesse que d'attendre, pour frapper un homme et une femme à terre ... que d’attendre d’être entouré d’un escadron de CRS, coiffé d’un casque de protection sophistiqué, d’un brassard POLICE vous conférant une autorité que vous ne devriez pas avoir, faisant ainsi porter la responsabilité de ce que vous faites à d’autres que vous-même, lors même que vous êtes là pour les encadrer ou pour les observer … bref, les actes de Benalla à la Contrescarpe sont à l’image de ce que l’être humain peut faire de pire.
On peut en vouloir aussi à Macron, incapable de se comporter correctement face à une situation qu’en tant que plus haut représentant de l’Etat il  aurait dû, à tout le moins, juguler.
On peut alors comparer l’attitude de Macron à Sarkozy, en moins excité mais en tout aussi inconséquent[3].état
Etat
Bref, on est loin d’une affaire d’état. Ou alors avec un petit é, et un petit a. Les oppositions se déchaînent, c’est le jeu … mais elles doivent, elles aussi se départir du ridicule. Certes,  Macron et Benalla leur font un sacré cadeau. Mais justement, comparer les frasques de Benalla, notre imbécile malheureux, à la brutalité du Sac, structure issue des frasques de la décolonisation[4],   infiltré dans l’appareil d’État et capable d’en prendre le contrôle. Parler de Watergate à la française, tout ça parce que le Président de la République a révélé sa maladresse … tout ça n’est pas sérieux.
On conviendra que Macron et Benalla ne sont pas vraiment
détendus sur la photo ... 
Les enjeux sont bien sûr infiniment plus graves et dans le monde et dans les sociétés modernes. Le problème, bien entendu, c’est que ces enjeux ne se résolvent pas à coups de promesses de campagne ou de maladresses.
Qu’au moins  les incongruités de Benalla soient une leçon pour tous, en particulier pour l’État et son Président. Il faut espérer que faute que l’opposition ne l’ait habillé pour l’hiver, le cas Benalla n’ait déshabillé Macron pour le restant de son quinquennat.





[1] J’adore cette citation. D’abord parce qu’elle est absurde et doublement ironique, ensuite parce qu’elle ne tient pas la route grammaticalement. L’histoire, si elle se répète, que ce soit du point de vue de Marx ou Hegel, ne le fait qu’une fois, ce qui est bien suffisant… Disons, que la copie de la dimension tragique de l’histoire, apparaît forcément comme une farce. Ensuite, précisément à cause de son imprécision, elle situe le philosophe polémiste Karl Marx, bien au-delà de ce qu’on a voulu en faire, c’est à dire un prédicateur divin du bonheur assuré sur la terre. Karl Marx avait heureusement bien d’autres qualités au premier rang desquels d’ailleurs une fascination pour la France. 
[2] Napoléon III malgré toute la révérence que lui a porté Philippe Seguin, n’a pas fait trembler l’Europe, et heureusement.
[3] Sarkozy, par tempérament aura été le représentant le plus catastrophique en matière de management … interdisant toute contradiction dans son entourage. Ainsi s’explique sans doute l’incohérence de la réponse du cabinet du Président

vendredi 6 juillet 2018

CINEMAS DE LOUVIERS, la lettre qui accuse

Il fallait mettre le paquet pour qu'un
gérant en partenariat avec la ville de
Louviers attaque son maire. Mais il y
a des moments où trop c'est trop !
En mettant les cinémas en danger, la
municipalité risque de se trouver face
à une opposition bien supérieure à
celle de la direction du Grand Forum.
Jean-Edouard Criquioche, gérant des cinémas de Louviers est furieux. 
Il a écrit une lettre ouverte aux élus qu'il a distribuée avant le conseil municipal jeudi dernier. 
Lisez ce document qui dit tout ou presque sur les mésaventures de l'équipement et sur les turpitudes de la municipalité Priollaud. 
Insultes, diffamations, fautes de gestion, mépris de l'intérêt général, le tout dans un climat d'arrogance que le maire de Louviers a feint d'ignorer lors de la séance du conseil. 
" Comment ? a-t-il dit en substance, mais j'ai toujours un comportement correct avec M. Criquioche" ... 
Tu parles ! M. Criquioche démontre le contraire et démonte un climat de suspicion permanent doublement insupportable en ce que non seulement il s'attaque injustement à une personnalité, mais surtout qu'il met en cause un équipement qui fait la fierté de la ville depuis plus de 30 ans. 
Lors du conseil municipal le maire de Louviers a fait part de toute sa mauvaise foi et de sa méconnaissance du dossier. Ainsi, a-t-il dit que la ville de Louviers a versé 100.000 € aux cinémas ... Quelle outrecuidance ! En fait ces 100.000 € avaient été avancés à la ville propriétaire pour créer deux nouvelles salles. Non seulement  le remboursement était obligatoire, mais quel culot de présenter cela comme un don, alors même que l'on a tout fait pour rendre impossible la création des salles. Le permis de construire est déposé depuis deux ans... Nous reviendrons sur le conseil municipal sur ce blog demain ou après demain.
En  attendant, voici la lettre de Jean-Edouard Criquioche aux élus. Elle est sans doute un peu longue, mais elle est indispensable pour comprendre.
















mardi 12 juin 2018

Un coup de frein au populisme ?

Municipales partielles en Italie, 

des résultats encourageants 


Sans doute depuis quelques années la situation politique en Italie est aussi inquiétante que difficile à expliquer ... et était-elle jusqu'à ce week end de plus en plus inquiétante et de plus en plus difficile à expliquer. Mais ce dimanche avait lieu les premières élections organisées depuis la terrible alliance entre l'extrême droite de la Ligue du Nord et le mouvement 5 étoiles lancé par Beppe Grillo. Alors, comme la situation est délicate, je me permets de la décrire en marchant sur la pointe des pieds. 
Luigi di Maio, successeur de Beppe Grillo à la tête
du mouvement 5 étoiles. Il gère ce que jamais 
le fondateur de son mouvement n'a eu à envisager :
la réalité du pouvoir. 11 jours après son investiture
au gouvernement, son parti est marginalisé alors
qu'il représentait il y a encore quelques mois
1/3 de l'électorat.
Tout d'abord pour signaler que les municipales en question ne concernent pas toutes les villes d'Italie. Je ne me risquerais pas à expliquer pourquoi, mais ce qui est sûr c'est que de nombreuses communes ont été concernées par ce vote, mais pas toutes. En fait, des élections municipales ont lieu chaque année en Italie constituant autant de test pour l'équipe au pouvoir. En principe donc, du Nord au Sud de la péninsule, une commune sur 5 était concernée.
Tout le monde attendait ce premier test dans une situation tendue dont je rappelle les enjeux. 
Après plusieurs années de pouvoir du centre gauche Matteo Renzi, élu grâce au rejet de Berlusconi, une élection générale a eu lieu en mars qui a porté en tête la coalition de centre-droit menée par la Ligue du Nord avec plus du 1/3 des voix. Derrière, avec un peu moins d'1/3 des voix arrivait le mouvement 5 étoiles, que l'on a tendance à qualifier de populiste ... même si le problème, c'est qu'il y a des tas de sorte de populisme, et qu'on n'est pas bien avancé pour autant. Disons que ce mouvement amalgame des gens qui, s'ils étaient français, se reconnaîtraient dans Mélenchon, dans Macron, dans la droite comme dans le Front National .... voire un peu dans les Verts. Vous suivez ? 
Bon, si vous ne suivez pas, faites demi-tour, relisez le paragraphe précédent, je vous attends. 
Je reprends maintenant pour les retardataires. Donc, a fini par arriver ce qui apparaissait comme improbable, voire comme impossible : une alliance entre la droite les 5 étoiles et l'extrême-droite. 
Bien, que signifiait cette alliance, et sur quelle base politique se faisait-elle ? 
Tout d'abord, je précise pour tous ceux qui sont intéressés, que bien souvent les alliances entre la droite et la prépondérante ligue du Nord se réfèrent au centre-droit ... ce qui est hallucinant ! J'ai souvenir des réactions provoquées par un fait divers qui illustreront mon jugement mieux qu'un long discours. Ainsi, peu avant les élections de mars, à Macerata, un jeune homme a vidé deux chargeurs de son pistolet automatique sur un groupe de personnes de couleur. Il venait disait-il d'entendre à la radio qu'un Nigérian venait d'être arrêté à la suite d'un meurtre atroce d'une jeune habitante de sa commune. Pour en dire un peu plus l'assassin présumé est un dealer d'héroïne, visiblement lié à la mafia et la victime était une consommatrice. 
Luca Traini, le jeune homme qui avait tiré dans la foule après avoir sillonné la ville pendant deux heures à la recherche de victimes, avait le symbole des bataillons nazis tatoué sur sa tempe, et l'on a retrouvé à son domicile un exemplaire de "Mein Kampf", une bibliothèque à la gloire de Mussolini et des tenues paramilitaires. Il avait été candidat pour la ligue du Nord et gardait des photos où il serrait la main de Matteo Salvini, nouveau leader de la Ligue du Nord. 
Jusque là ces faits bien qu'inadmissibles restent compréhensibles. Après tout, chaque communauté humaine recèle ses timbrés, que l'on se retrouve aux Etats-Unis, en Italie et bien sûr en France. Mais ce qu'il y a eu d'original en Italie a été la lenteur de la réaction politique à deux mois de l'élection et la réaction encore plus ambiguë de Matteo Salvini, qui a bien sûr dit que la fusillade était l'acte d'un déséquilibré, mais qu'après tout c'était là la preuve qu'il y avait trop d'immigrés en Italie. Aucun mot de compassion pour ceux qui s'étaient fait tirer dessus, ni même pour tous ceux qui, en Italie, du fait qu'ils avaient une couleur de peau non conforme aux yeux de fous furieux risquaient de vivre dans la terreur les mois à venir. 
Or, c'est avec ce même Matteo Salvini que le mouvement des cinq étoiles et son leader Di Maio a décidé de faire alliance sur le programme incohérent que j'ai déjà évoqué : quitter l'Euro, appliquer le revenu universel, et ... baisser les impôts. 
La première réaction à ce programme délirant est venu du président de la République Italienne, qui a refusé l'investiture du nouveau gouvernement tant qu'il n'aurait pas l'assurance que l'Italie respecterait ses engagements internationaux et européens en particulier ... ouf !
On a alors craint une crise politique terrible, avant que la nouvelle coalition ne fasse une nouvelle proposition politique. 
Il n'empêche, au delà de l'assurance que l'Italie tiendrait ses engagements économiques, le point d'accord et la ligne politique majeure tenue par Matteo Salvini, devenu ministre de l'intérieur, tient dans le rejet et la stigmatisation des migrants. 
Voilà le contexte dans lequel il faut interpréter les résultats de l'élection qui vient de se produire. Le gouvernement qui vient de s'installer est déjà mis en quelque sorte au défi. La gauche qui s'est écroulée lors des dernières élections, garde la main sur de nombreuses communes. La droite s'impose dans de nombreuses autres. Et le mouvement des cinq étoiles traduit son incohérence et son impuissance politique en s'écroulant. Un résultat inattendu surtout à si peu de distance de l'investiture gouvernementale. 
L'opinion, de même que les militants consultés, semblaient pourtant favorables à une coalition entre les deux partis populistes arrivés en tête aux législatives. Cette opinion se trouvait renforcée selon les sondages  par l'attitude ferme du Président de la République qui rejetait cette alliance .....Mais les résultats des élections amènent ce premier jugement. 
1) La gauche n'est pas morte. Cela est valable en Italie comme en France. Ce n'est pas parce qu'elle n'a pas su s'imposer dans une situation de crise, ni parce qu'elle n'a pas su trouver un discours relevant les défis de la modernité, qu'elle est morte. On s'en rend compte dans les élections locales. La population a besoin des valeurs de solidarité que la droite ne peut pas porter. Elle a besoin d'espoir auxquelles les fantaisies populistes ne peuvent répondre.
2) Une fois au pouvoir, soit les populistes s'écroulent, soit ils finissent pas s'imposer par la force. Pour l'instant, le mouvement 5 étoiles qui a commencé à se fendre, plusieurs de ses cadres ayant refusé l'alliance avec l'extrême droite, tient encore un peu ... mais alors qu'il semblait en position de force, il se révèle incapable de faire le poids face à une extrême droite cohérente et structurée par la haine. 
3) Aucun danger n'est écarté. Si ce premier coup de semonce démocratique est à prendre en compte, il s'agit plus d'une défaite de la coalition au pouvoir qu'une victoire de la démocratie. Il nous prouve certes que le pire n'est jamais sur ... mais la route est longue avant que l'Italie et l'Europe ne retrouve la voie de la raison. Les mouvements démocratiques ont du pain sur la planche, mais dans un premier temps, ils ne doivent pas avoir peur de ce qu'ils sontvet  toujours affirmer leurs valeurs. 





Comment sauver nos centre-villes ?

La ville, c'est la vie ! 

Salle pleine au Mata Hari à Evreux pour parler revitalisation
des centre-villes. Timour Veyri avait invité Hervé Le Bras, le
grand démographe et Martial Bourquin, sénateur dont le
projet de loi sera prochainement présenté.
Timour Veyri, patron des socialistes de l'Eure, avait mis les petits plats dans les grands pour parler d'un sujet crucial à tous niveaux : l'avenir des centres villes. En collaboration avec la fondation Jean Jaurès, il a fait venir une célébrité et un expert : Hervé Le Bras, sans doute le plus grand spécialiste français de la démographie politique et Martial Bourquin, ancien maire d'Audincourt et sénateur.
Ainsi le problème est-il national, et dépasse même nos frontières. Les centre-villes sont fragiles, mais sont encore plus fragilisés par le développement des ventes par internet, alors qu'ils se remettent difficilement du choc provoqué par le développement des grandes zones commerciales en périphérie. Ainsi, le gouvernement a-t-il lancé récemment un grand plan de revitalisation de 222 cœurs de villes, dont ont d'ailleurs bénéficié Evreux, Vernon et Louviers. Une autre action est menée sur le plan législatif. Actuellement Martial Bourquin travaille avec un sénateur de droite sur une proposition de loi qui sera prochainement soumis au Sénat.
Bien entendu, si le problème de la vitalisation du centre-ville touche la France entière, à Evreux la situation est catastrophique, conséquence d'une suite d'erreurs commises par la droite ébroïcienne, tout d'abord avec la création de la zone franche sur les hauteurs de la ville, le tout amplifié par un soutien aux grandes surfaces et notamment à la zone Mc arthur Glen dont les commerces n'avaient pas besoin. 
Protestation des commerçants à Louviers contre la conduite
des travaux. S'il suffisait de refaire des trottoirs pour
revitaliser un centre-ville, ça se saurait. Pour supporter les
désagréments dus aux travaux, les commerçants demandent
simplement à être consultés et, en option, d'être sûrs que les
travaux seront utiles. S'ils  sont aux premières loges, les 
questions soulevées par les commerçants sur la 
revitalisation du centre concerne finalement toute la ville 
A Louviers aussi, la situation est très mauvaise. Il n'est qu'à se promener en ce moment dans le centre-ville pour constater le nombre de commerces fermés, et parler un peu avec les commerçants pour entendre leurs plaintes. C'en est au point que certains  commerces ont dû licencier, cependant que les travaux réalisés sans concertation continuent de soulever les plus grandes inquiétudes. On retiendra aussi l'autorisation d'ouverture de centre-commerciaux le dimanche. A force de frapper sur des économies fragilisées, surtout au nom d'un projet mal conçu de revitalisation du centre-ville. Bref, comme on dit : ni fait, ni à faire. 

Voilà le contexte. L'avantage d'avoir invité Martial Bourquin, c'est que celui-ci a pu faire part de son expérience d'homme de terrain et d'homme de loi. Si à Evreux comme à Louviers le centre ville et le commerce souffrent, le phénomène n'est pas local mais national. L'un des phénomènes les plus marquants du développement commercial de ces dernières années a été la création de grandes surfaces en périphérie. Ce modèle est aujourd'hui dépassé par la livraison internet et révèle ses conséquences désastreuses des points de vue écologique et social. Grandes surfaces laissées à l'abandon, quand elles sont supplantées par d'autres, plus neuves. 
Le projet de loi propose d'agir là où ça fait mal. Il y a deux points essentiels : la fiscalité et l'aménagement des zones. 
Si les zones s'implantent à l'extérieur des villes c'est parce que le prix du m² est moins élevée, et parce que la fiscalité est moins lourde.  Le m² est moins cher parce qu'on ne vit pas et qu'on ne construit pas sur ces terrains jusqu'alors destinés  à l'agriculture. Il faut donc en surenchérir le coût et c'est ce que prévoit le projet de loi en contraignant les aménageurs de zone à payer leur remise en état pour l'agriculture et en leur faisant payer des taxes équivalentes à celles que payent les commerçants du centre des villes qui verraient, eux leurs taxes diminuées. 
Très belle idée à la vérité, qui ferait le contraire de ce qu'avait fait Debré à Evreux qui s'était débrouillé à créer une zone franche (la zone des Longs Buissons près de la Madeleine) qui a fait fuir du centre d'Evreux non seulement les commerces mais aussi notaires, avocats et surtout professions médicales. Une catastrophe sur laquelle il est difficile de revenir en l'état actuel des choses. Espérons que les propositions de bon sens proposées par Martial Bourquin seront retenues. La première étape sera le passage de la proposition de loi au Sénat. 
Reste que la loi ne peut pas tout résoudre. Martial Bourquin a su rappeler ce qu'il a pu faire en tant que maire de d'Audincourt, une commune de 15.000 habitants à proximité de Montbéliard. Bien sûr, chaque situation est différente et Audincourt n'est pas une ville-centre, à l'image d'Evreux ou Louviers. Mais il est sûr que ces communes ont des leçons à tirer de l'expérience d'Audincourt, même si, à Louviers comme à Evreux, l'action de la gauche au pouvoir n'a fait qu'entériner les pratiques municipales de Martial Bourquin. 
Louviers, par exemple a réussi a amener des habitants dans le centre ville grâce à une politique ambitieuse de logement sous la municipalité de Franck Martin. Cela a été possible grâce à la détermination du maire mais aussi par le fait qu'il a géré la ville pendant plusieurs mandats parce qu'une politique du logement se mène sur le long terme. 
Mais la vitalité d'un centre-ville ne dépend pas seulement de l'habitat. 
Il faut aussi que la politique municipale soit, bien sûr attentive,  au commerce. 
Ainsi le contre-exemple donné à Evreux où la création d'une zone franche à la périphérie de la ville a vidé le centre-ville de ses médecins, professions notariées et autres avocats qui ont préféré s'installer là où ils pourraient payer moins d'impôts, soulignant ainsi les effets pervers de la mesure de défiscalisation. Autre mesure, le fait de mettre fin à l'aménagement de zones de transports en commun.  
A Louviers, le maire a permis l'ouverture de grands magasins le dimanche, privant ainsi de clientèle le centre-ville à un moment clé. Mais la vitalité du commerce ne dépend pas que de l'attention portée au commerce lui-même.
Le rôle de la municipalité est essentiel. Si le maire sait être à l'écoute des commerçants, des habitants, s'il est capable d'insuffler une logique de confiance, s'il est surtout dans une volonté d'animation, c'est à dire de donner une âme à sa ville, alors le cœur de ville vivra, et ce bien davantage encore qu'en refaisant le macadam. La ville doit avant tout être un lieu de vie et de culture, le reste viendra à la suite. 
Au delà du conseil à suivre, la question du centre sera une question centrale lors des prochaines échéances électorales partout où le coeur des villes montre des signes de faiblesse, voire d'extinction.

On notera l'importance donnée au rôle du maire par Martial Bourquin au détriment de celui pris par l'intercommunalité.
Image tristounette de la "fête de Louviers", désespérément
vide de chalands, malgré un temps magnifique. C'est comme
si Priollaud faisait tout pour ternir l'image de notre ville. Il
y a urgence à agir
Étrange pour le maire d'Audincourt, commune elle même située au cœur d'une agglomération, mais après tout, pourquoi pas. Son action en tant que maire d'une commune sans doute riche a sans doute permis de mener une politique efficace et appréciée. Au delà de l'animation de sa ville, et du poids de l'animation culturelle, il a notamment eu une initiative très intéressante en faisant racheter par la ville des commerces à l'abandon pour les relouer à vil prix à des nouveaux commerçants. L'exemple a été mis en parallèle avec celui de Mme Coussens, commerçante historique d'Evreux, placée devant l'incapacité de revendre son activité depuis trois ans, ce qui situe l'état du marché. Elle a alors décidé de reprendre l'affaire qu'elle avait décidé de céder et d'en louer une partie à des start-ups en mal de locaux. Voilà donc le paradoxe : permettre à l'activité économique de repeupler et d'animer le centre des villes, une expérience à suivre, à n'en pas douter, menée par le biais de l'initiative privée, mais cohérente avec les actions publiques menées par ailleurs.
Pour autant, même s'il faut vanter les volontés municipales, en particulier lorsque les communes ont les moyens matériels et humains pour agir, il ne faut pas négliger, loin de là les intercommunalités. D'abord parce que, même si le cœur de la cité touche d'abord la commune, sa vie a un retentissement sur l'ensemble des collectivités alentours. La cohérence de l'action et la coopération face à ce type de problème est indispensable et a donné des résultats, notamment à Louviers et à son agglomération, où l'activité commerciale est devenue une compétence intercommunale par la volonté de Franck Martin tout en donnant des résultats intéressants, malgré quelques oppositions. 
Ce qui est certain, c'est que la situation économique et commerciale dans la zone de Louviers a connu une magnifique embellie grâce à l'action de Franck Martin ... mais que la politique de Priollaud remet gravement en question. En témoigne la première étude de l'Insee qui place Louviers en phase de recul récent 
Une étude aussi récente qu'inquiétante pour Louviers : la ville et son
agglomération sont victimes d'un décrochage récent. Vivement demain,
comme disait l'autre. Louviers a besoin d'un bon maire










mardi 5 juin 2018

Sacrés vieillards






Françoise Dolto, sacrée grand mère 
et grand mère sacrée. Spécialiste de
la petite enfance, on la retrouve
étonnamment dans l'approche de
la question du vieillissement

.

De Bouddha à Dolto 


J'ai entamé ce café radical par une histoire qui m'est revenue. L'histoire se passe il y a longtemps. Un roi et une reine rêvent d'avoir un enfant et l'enfant finit par venir. Comme il est tellement désiré, comme il est prince, c'est peu dire qu'il devient "enfant-roi". Les parents sont très riches, mais il dépensent encore plus que ce qu'ils ont pour le bonheur de l'enfant à qui toute souffrance est interdite. À la moindre pleurnicherie, au moindre début de cri, sans jamais aller jusqu'à la crise, quand ni le père ni  la mère ne sont là, une armée de nounous et de divers domestiques se précipitent pour le distraire.
Et puis, et puis ... et puis le temps passe et le petit devient grand. À 16 ans, le petit demande à sortir.

Crise au château. Que faire ? Soit on maintient le petit dans le château à l'écart des difficultés, mais dans ce cas, on fera le malheur de l'adolescent puisqu'il insiste vraiment pour sortir. Soit on l'autorise à quitter l'enceinte du palais royal mais on sait qu'alors, il rencontrera le malheur.
Ainsi l'adolescent fut-il autorisé à sortir. 
Alors, dès franchi le premier pont levis, le prince fut confronté à la dure réalité du monde. La misère omniprésente, mendiants, vieillards et mourants. Et l'adolescent eut cette phrase "comment peut-on être heureux si l'on sait que l'on doit mourir?". 
Ainsi commença la quête philosophique du jeune homme dont à présent tout le monde a entendu parler. 
Il s'appelait Siddharta Gautama mais est mieux connu sous son surnom de Bouddha, qui veut dire "l'éveillé"
le jeune Siddharta Gautama, dit Bouddha, l'éveillé

Qu'on se rassure, je n'ai pas tourné casaque et mon but n'est pas de faire l'éloge de la spiritualité. Le café radical, bien que restant ouvert à toute forme de pensée reste dans une démarche rationnelle même si elle est fondamentalement ouverte au débat. À ce propos, je me dois de dire que ce récit de l'enfance de Bouddha n'est qu'un des multiples récits de la jeunesse du grand sage dont la spiritualité est présente dans la majeure partie de l'Asie. 

Je me suis demandé pourquoi cette histoire m'a accompagné dans la préparation d'un café radical consacré au vieillissement et à ses conséquences sociales, économiques, politiques, sanitaires et physiques. 
Parallèlement, j'étais amusé que, pendant que je préparais à un débat sur les vieillards, la télévision rendait hommage à Françoise Dolto spécialiste des bébés, à l'occasion des 30 ans de sa mort. 
Que relie pourtant le bébé au vieillard ? Pas évident si ce n'est de voir en eux des êtres de dépendance et de caca. 
Annie de Vivie, invitée du café radical, a tout remis en place dans les deux heures qu'ont duré le débat. 
Le dialogue avec les anciens en souffrance recoupe étonnamment ce qu'on peut retrouver dans le dialogue salutaire que Dolto a su nouer avec des enfants. C'est, fondamentalement, une histoire de vérité.  La vérité de ce qui est dit comme la vérité du dialogue. 
Il y a de la fascination à regarder ou écouter la façon dont Dolto parlait aux petits, comme il y a de la fascination à écouter la façon dont Annie de Vivie parle de ses dialogues en maison de retraite. Effectivement, les faibles, qu'il s'agisse d'enfants ou de vieillards sont marqués par un mensonge institutionnel, ce qu'on appelle un tabou et qui touche la mort, le sexe et l'argent. La mort, le sexe, l'argent, tout ce qui nourrit la culpabilité et l'autonomie des adultes civilisés et dont ils s'interdisent de parler aux êtres fragiles ... et dont Dolto pour les enfants, Annie de Vivie, mais pas seulement elle, démontre que non seulement on peut mais qu'on doit leur parler. 
Annie de Vivie et Annie Valin ont
magnifiquement animé un débat passionné
et passionnant. 
Il y a des points communs dans la manière de parler. En fin de compte elle est sans doute universelle. Elle requiert un dialogue qui respecte les individus, l'échange de regard, le toucher rassurant et la sincérité. Ainsi les angoisses des vieillards, si oppressante dans les maisons de retraites, le sont d'autant plus qu'on n'ose aborder le sujet y compris lorsque les vieux lancent des appels désespérés.  
Annie de Vivie raconte qu'elle vit avec la vieillesse depuis son enfance, sa mère ayant eu, elle aussi, à s'occuper des personnes âgées. Elle a acquis au fil des ans et des pratiques un lien très fort et particulier avec les vieux, tous les vieux, parmi lesquels les mourants. Elle dit à ce sujet que les mourants eux-mêmes choisissent en quelque sorte le moment de leur mort, celui dicté par un corps à bout. Cela m'a immanquablement fait penser à ce que le docteur Martin expliquait sur la naissance de l'enfant, qu'il ne fallait pas provoquer, mais juste accompagner. La naissance, la mort, la vie même et tout ce qui, du début à sa fin, relève du sacré. Toute chose vient à son heure.
Certes, on n'était pas exactement dans le sujet de la réunion qui visait à parler du vieillissement sous tous ses aspects sociaux, économiques et politiques. Sauf que, un peu à l'image du docteur Martin, l'homme qui a marqué la politique à Louviers, l'expérience professionnelle peut être une voie vers un débouchement politique. Ainsi, Annie de Vivie sait de quoi elle parle, tant elle a abordé le sujet sous tous les angles et un site de grande qualité, couvrant la question du vieillissement sous tous ses aspects. 

La vieillesse n'est pas une maladie 

Il n'empêche que le rapprochement entre l'enfance et la vieillesse ne s'arrête pas là. Ces deux moments de la vie ont été essentiellement vécu comme des désagréments, de ceux que le puissant 20e siècle a commencé à traiter à coups de médicaments. Les désagréments, ça se soigne. Or, la vieillesse n'est pas une maladie. Bizarre d'ailleurs comme cette formule en rappelle une autre sur la médicalisation de la grossesse (la grossesse n'est pas une maladie). Lors même que, comme le rappelle Annie de Vivie, "aucun âge de la vie n'est meilleur qu'un autre".  
Certes, on peut se demander à quoi ça sert un vieux ? Dans une société qui développe l'évaluation comme principe, la question ne manque pas de se poser et débouche inéluctablement sur la raison d'être de l'observatoire de l'âgisme qui relève de la lutte contre les discriminations. 
Annie de Vivie, avec la force de l'écoute et de
la conviction a su convaincre l'auditoire que
la vieillesse, la vie, et l'importance que l'on
accorde à l'âge nous concerne tous. Elle a
tenu des propos décoiffants qui poussent
à la réflexion comme à l'action.  
En fait, entre les mouroirs, terme sordide donné aux maisons de retraite lorsque dans l'après guerre on a commencé à regarder en face le problème des anciens et les Ehpad (établissements d'hébergement de personnes âgées dépendantes)  d'aujourd'hui, malgré tous leurs défauts, sont déjà la marque d'une évolution majeure de notre société vieillissante. 
On parle beaucoup des vieux. De plus en plus. La grève actuellement menée dans les Ehpad est révélatrice d'un malaise. Annie de Vivie, qui a évoqué le sujet vendredi soir à Louviers, a depuis évoqué dans l'éditorial qu'elle a signé sur son site (cliquer ). Elle prend le problème à rebrousse-poil des revendications du personnel comme de la réponse administrative. Selon elle, on ne peut aborder la question du vieillissement aujourd'hui avec les logiques d'hier. L'Etat a répondu aux demandes en instaurant le principe d'obliger à la présence d'une infirmière de nuit par établissement.
Pourquoi une infirmière de nuit, qui du reste, n'était pas demandée dans les revendications ? Est-ce parce qu'on n'arrive plus à recruter des aides-soignants ? 
Pour Annie de Vivie c'est toute la question de la vieillesse qui est à repenser. On ne guérit pas de la vieillesse. Il ne faut pas la penser en terme d'actes. On doit accompagner les vieux, être bienveillant avec eux. Ne pas les forcer à la toilette s'ils n'en veulent pas. Il faut jusqu'à la fin les aider à être une personne (comme le bébé de Dolto). Il faut les aider à vieillir debout selon la belle formule d'Annie de Vivie. 
Telle est notre mission essentielle en tant qu'humain : assister les anciens et la mission se décline tant sur le plan social, sociétal et individuel dans le cadre de la solidarité entre générations.
Ainsi, on peut considérer que le rôle de la société est déterminant dans cette mission, que ce soit au niveau de l'Etat que de la commune. 
Ainsi Diego Ortega, candidat déclaré à la mairie de Louviers a eu à s'exprimer à ce sujet. Annie de Vivie n'a pas manqué d'intervenir à peine avait-il pris la parole ... 
- "Alors, qu'allez-vous faire ? Pas de conseil des sages, j'espère ! Je repense à ce que me disait une cliente. Non, pas de conseil des sages, ce n'est pas parce que j'ai 85 ans que je suis sage. Je n'ai jamais été sage, je ne vais pas commencer maintenant ..." 
Diego Ortega s'est contenté de répondre qu'il prenait note de toutes les données énoncées lors du débat. Il s'en servirait lors d'un programme municipal qui reste à établir.
On ne peut faire qu'un triste bilan au sujet de l'action de municipalité actuelle de Priollaud, qui se contente de réduire tout ce dont bénéficiaient les anciens, sans qu'aucun projet n'apparaisse. Suppression des aides aux transports pour les non-imposables, suppression d'un événement festif et, effectivement, mis à part la création d'un conseil des sages, aucun projet visant au développement des liens inter-générationnels, ou à lutter contre l'isolement n'est présent. 
Je ne puis m'empêcher de repenser au travail pionnier mené par Ernest Martin qui, par le service famille s'était attaché à parler à tous les âges, dans un même service. Ledit service s'occupait aussi bien de la naissance, de l'adolescence et de ses troubles, des couples et des difficultés liés à la venue de l'enfant, et des personnes âgées, accompagnées ou impliquées. Ainsi, c'est sous cette municipalité novatrice qu'avait été créée une résidence destinée au personnes âgées et où les jeunes pouvaient loger à proximité (la résidence du Parc)
Anne-Josy Guérard, ex- et future conseillère 
municipale, psychologue travaillant auprès 
des personnes âgées, a fait part de ses
 expériences et doutes sur la difficulté de 
travailler en ehpad et les possibilités offertes 
pour améliorer les choses. 
Le but de cet article n'est pas de retracer toutes les pistes, toutes les données transmises par Annie de Vivie qui a pu ainsi parler de la dynamisation des réseaux, de la maison de l'amitié à Albi (50.000 habitants), du l'importance de la socialisation (nous sommes tous des êtres sociaux, sinon on crève),  de vieillir debout dans une société intelligente, de la nécessité de parler de la mort à tous les âges, de la nécessité de parler argent avec les anciens et ses parents en particulier, de la santé (compenser les problèmes d'audition diminuerait d'un tiers les accidents, donc économie) et de la sexualité des anciens  (si l'on est vivant, c'est qu'on a des envies)
Enfin, et là, nous revenons à la signification individuelle de la vieillesse et de la mort. Annie de Vivie rejette le principe défendu par le droit de mourir dans la dignité. Elle pense que la mort doit être le choix du corps qui décide du moment. Bien entendu, cela est vrai lorsque tout se passe bien, et, comme elle le dit : personne ne demande à mourir dans l'indignité. Beau débat à la vérité, les radicaux de gauche pour leur part étant très impliqués pour la défense du droit à mourir dans la dignité. 
à suivre ... 

jeudi 24 mai 2018

La vieillesse en débat au café radical !

Annie DE VIVIE a écrit  j'aide mon parent à vieillir debout.
Elle est l'invitée du café radical et répondra à la question
"Le vieillissement de notre société est-il une chance ?"

On n'échappe pas au vieillissement !
Non seulement parce que vivre, c'est vieillir, et qu'il faut bien le reconnaître, vieillir, c'est vivre. Il n'y a que la mort pour échapper à la vieillesse.
Ainsi, nos sociétés modernes nous permettent de vivre de plus en plus vieux et ont-elles ainsi répondu à cette aspiration essentielle des êtres humains : vivre. 
Voilà pour l'aspect positif. 
Pour le reste, nous sommes envahis par les nombreux problèmes qui touchent à la vieillesse et que nous découvrons. 
Individuellement d'abord. 
Alors que l'image du vieillard était vénéré, comme un bien rare, de plus en plus nombreux sont les centenaires et les vieillards font de plus en plus partie de la vie des familles. Pour la première fois dans l'histoire de l'humanité, 5 générations sont appelées à se côtoyer. C'est un fait de plus en plus prégnant. On est ainsi passé en France de 8,3 millions  à 11 millions d'aidants de 2008 à 2015. Certes, les aidants, qui sont majoritairement des aidantes, n'aident pas seulement des personnes âgées mais aussi des handicapés ou des personnes en difficulté mais on sait que cette augmentation est essentiellement due au vieillissement de nos sociétés. En fait, s'il n'est pas le seul problème celui des aidants est essentiel, par ce que tous les aidants sont appelés à devenir aidés au fil du temps.
L'ouvrage de Christophe Capuano
 au titre provoquant retrace l'Histoire
de la prise en charge du vieillissement.
Vous pouvez réécouter l'émission que 
 France inter lui a consacré en cliquant 
Mais ce n'est pas tout. Le vieillissement touche à tout notre édifice social, démographique, bien entendu, politique et économique. Au sein de nos sociétés modernes, tout un chacun est appelé à vivre autrement, et la société elle-même est appelée à se transformer ... puisqu'après tout il n'est de société qu'humaine. 
Ainsi, les essais, les dossiers, les rapports s'accumulent parallèlement aux cris d'alertes qui émaillent l'actualité. Depuis la mort de 20.000 anciens en France lors de la canicule de 2003 (70.000 en Europe), les alertes se multiplient tant par le manque de moyen évoqué par les Ehpad, des phénomènes de maltraitance provoquant avec justesse l'indignation, de la réflexion aussi posée avec courage par l'association du droit de mourir dans la dignité, tout pousse à repenser la façon dont nous devons évoluer dans nos relations entre générations. 

Mais noircir la situation n'est pas source de solution. Le café radical a invité l'experte Annie de Vivie, pdg et éditorialiste du site agevillage, meilleur site de France consacré aux problèmes du vieilissement. Comme toutes les grandes humanistes, elle est capable de poser brutalement les questions, comme lors de son dernier éditorial : comment vivre en n'étant qu'une charge ... Mais la qualité essentielle de la réflexion d'Annie de Vivie est qu'elle s'appuie sur l'expérience pratique, puisque fille d'aide soignante, elle a passé toute son existence en se confrontant aux problématiques de l'âge ... et, comme on disait dans Charlie Hebdo : ce n'est pas triste, et c'est même passionnant. Tout simplement sans doute, parce que parler du vieillissement c'est parler de la vie, et parler de la vie, c'est parler de soi.
L'ouvrage de référence qu'Annie de Vivie
dédicacera à la fin du café radical.
Des conseils pratiques, mais au delà une
réflexion profonde sur l'évolution de nos  
sociétés et de notre rapport aux anciens
Je n'en dirais pas plus. 
Je vous invite à présent à réserver votre soirée du 1er juin pour débattre avec Annie de Vivie, sur ce sujet qui, par nature, nous concerne tous. 
Le vieillissement de nos sociétés est-il une chance 
Café radical animé par Annie de Vivie
Vendredi 1er juin 2018
à 18 h 30 O bouche à oreilles (ex Rocambole pour les vieux lovériens), 4 boulevard Joffre, 27400 Louviers.

mercredi 16 mai 2018

La droite dans l'impasse de la récupération

Irrécupérable Ernest Martin,
rebelle constructif, 
passionné de la vie,
passionné de sa ville. 
La droite de Priollaud-Terlez peut toujours essayer de compenser son manque d'imagination en tentant de récupérer quelque chose des années prodigieuses de la gauche lovérienne. C'est peine perdue ! Dans les pratiques, dans l'histoire, dans l'attitude, dans les valeurs, tout oppose le comité d'action de gauche personnalisé par le Docteur Marin aux élus à la triste figure qui représentent la municipalité de Louviers.
Certes, inviter Hélène Hatzfeld à présenter son livre La politique à la ville n'est pas en soi condamnable, au même titre que la décision de Jean-Charles Houel[1] de faire donation à la ville de Louviers de ses riches archives de témoin de l'histoire locale. Mais quel besoin de se lancer dans une vaine et grossière tentative de récupération dans laquelle le maire de Louviers a emmené toute son équipe ?
Dérisoire Priollaud qui s'imagine pouvoir récupérer
quelque chose de l'oeuvre d'Ernest Martin. 
La municipalité actuelle est l'exact contraire de ce qu'a été la gauche lovérienne. Elle est la droite conservatrice des petits calculs, sans imagination et prétentieuse. Elle est l'héritière de ceux qui se sont violemment opposés à Ernest Martin et à ceux qui l'ont accompagné.
Grâce à eux, Louviers a été au centre de toutes les attentions d'une gauche nationale en recherche d'innovation. Le Cag pour se faire s'est aussi construit contre cette droite fermée que Priollaud-Terlez représentent.
Que ceux-ci, maintenant, tentent sans vergogne de se présenter comme attentif à cette période qu'ils ne se donnent même pas les moyens de comprendre a de quoi scandaliser. 
Christian Lafenêtre, qui fut un militant et un élu particulièrement actif a contré violemment Priollaud. Le maire de Louviers avait pompeusement introduit la cérémonie en parlant des lovériens comme des administrés. 
Bravo Christian d'avoir rappelé que pour le Cag il n'y avait que des citoyens, dont il fallait développer l'autonomie, le contraire d'administrés à la sauce Priollaud.
Après tout, l'incongruité de la cérémonie se révélait aussi dans la mobilisation de la droite chargée de rendre hommage au Cag. A part Hafidha Ouadah, il ne manquait pas grand monde de ce côté là, ce qui ne faisait qu'en rajouter au ridicule.
Anne Terlez, forcément s'est aussi cru obligée de mettre son grain de sel. Au bout d'une tirade assez longue elle se demandait ce que sa droite bien-pensant pouvait tirer de la formidable expérience de la gauche en terme de démocratie participative. 
La réponse est simple : RIEN ! 
Ce que la gauche lovérienne a légué à la ville c'est d'abord une mobilisation inouïe, une mobilisation historique dans un moment de débat, de passion de la vérité dans une époque passionnée avec tous les excès inhérents à la passion. 
Il y avait tout dans le comité d'action de gauche qui recueillait tout ce qui se pensait, vrai ou faux, juste ou injuste dans une période où toutes les idées se confrontées ... mais ce qu'il y avait d'original à Louviers, c'était leur mise en pratique.
Au delà de la figure de l'homme, j'ai évoqué à la suite de son décès, tout ce qu'Ernest Martin a légué à la ville. Il était le lien entre la sensibilité aux idées et la mise en pratique de celles-ci. 
La période dans laquelle le cag se construira dans l'opposition de 1969 à 1976, se situe non seulement dans le sillage de mai 68 mais aussi dans la période de libéralisation de la société française. En 1975, la loi sur l'avortement est adoptée à la suite d'un long combat féministe mené notamment par la gauche et que la droite giscardienne fera voter. 

Cela se traduit à Louviers par la création d'un centre d'orthogénie, où, derrière la pratique de l'avortement, Ernest Martin développera une démarche novatrice d'accueil et de pédagogie destinée tant aux femmes en difficulté qu'aux personnes chargées de les soutenir et de les accompagner. La pratique n'est pas unique, mais elle est rare. Elle amène une réflexion collective visant à l'épanouissement de l'individu alors qu'on sort à peine d'une période où la sexualité a été un tabou majeur dans la société. 
Bien sûr, Ernest Martin, en tant que médecin, sera l'homme des accouchements, et de l'accouchement sans violence. C'est un autre aspect de la personnalité du Docteur Martin et je ne puis m'empêcher de penser que pour démocratique que soit sa démarche, pointe toujours l'expert derrière l'individu... d'où sans doute une certaine défiance exprimée vis à vis de l'expression populaire qui ne saurait être une fin en soi surtout si elle s'oppose au projet du politique.
Ah ! Le politique, le noble politique qu'Ernest Martin opposait sans cesse à La politique, la vulgaire politique.
Or c'est bien la politique dans ce qu'elle a de plus vulgaire qui s'est chargé de cette tentative de récupération heureusement vouée à l'échec. 
Non, cet amour de la liberté, la politique comme passion collective, la confiance absolue en l'humain, l'espérance du lendemain comme fête, la référence à tout ce qui dans l'Histoire a construit l'émancipation des individus et des corps, toute cette modernité ne peut avoir aucune résonance chez les représentants lovériens de l'Udi, du modem et des Républicains. Ils n'ont rien à récupérer dans l'histoire prestigieuse de la gauche à Louviers. 





[1] Jean-Charles Houel est un témoin majeur de la période qui a porté la gauche lovérienne des années 65 à 1983, sujet du livre d’Hélène Hatzfeld. Il a été rédacteur municipal pendant la municipalité Martin avant de devenir journaliste à La Dépêche de Louviers qui a accompagné l’aventure si particulière de la gauche lovérienne. Jean-Charles Houel a éprouvé le besoin de se doter du titre de Rédacteur en chef qu’il n’a jamais eu, mais cela ne retire rien à l’intérêt et à la qualité des archives militantes et professionnelles qu’il a laissé à la ville de Louviers et qui sont d’un intérêt majeur pour l’histoire de la ville.    

dimanche 6 mai 2018

LOUVIERS, BEAUCOUP MIEUX QU'UN ESPOIR DÉÇU ...

critique du livre d'Hélène Hatzfeld 

LA POLITIQUE À LA VILLE 

Hélène Hatzfeld (photo Paris Normandie) sera présente
à 20h30 lundi 14 mai au Moulin à Louviers pour parler
de son livre et de notre histoire.
Il faut lire le livre d'Hélène Hatzfeld. Même si, par principe, je réfute ce type de formule, je le redis : il faut lire le livre d'Hélène Hatzfeld. Il faut le lire parce que les livres sur Louviers ne sont pas si courants, et ceux sur l'histoire si particulière de la gauche lovérienne le sont encore moins. 
L'ouvrage a ses limites, et ne le cache pas. Hélène Hatzfeld est nostalgique, elle met du sentiment dans l'Histoire, ce qui l'anime en détermine aussi les limites. Ainsi, lorsqu'elle arrive à Louviers près de 30 ans après la fin de ce qu'elle pense être l'expérience autogestionnaire elle se trouve face au vide. Il n'y a dans la ville ni trace évidente, ni enthousiasme sur cette période. 
Elle voulait parler autogestion, échanger avec des nostalgiques et, finalement, elle rencontre essentiellement les cicatrices enfouies sous le manteau de la maturité politique. 
L'autogestion n'a eu qu'un rôle mineur à Louviers. Elle a servi de référence idéologique à un mouvement qui avait peu de choses à voir avec elle. L'autogestion est un terme flou, il l'était déjà à l'époque. Il a cependant eu son utilité en permettant de réfléchir à gauche à la création d'un monde alternatif, respectueux de l'individu, du rapport de l'homme à sa production, et permettant d'agir concrètement. Le choix des ouvriers de Lip, décidant de produire eux-mêmes les montres alors que l'entreprise était en train de fermer ouvrait de nouvelles perspectives politiques et sociales. La Cfdt suivait nationalement l'initiative locale, le Parti socialiste unifié, dirigé alors par Michel Rocard s'engouffrait dans la brèche et jusqu'au parti socialiste en phase de construction d'un programme commun de la gauche trouvait l'idée intéressante.
Voilà pour le contexte général dans la société française... mais il reste à expliquer le succès idéologique de l'autogestion à Louviers. 

Il n'y a qu'à Louviers !

Hélène Hatzfeld dit très bien ce que le phénomène a d'exceptionnel à Louviers. Les seules communes de France à se revendiquer autogestionnaires ou sur une base alternative au programme commun de la gauche, font moins de 5.000 habitants et ne peuvent servir d'exemple. Qui plus est Louviers a toujours cette particularité géographique indissociable de son histoire de se situer à 100 kilomètres de la capitale. La ville a tout ce qu'il faut de proximité et d'exotisme politique pour intéresser une intelligentsia parisienne, intérêt matérialisé par les journalistes du Nouvel Observateur, porteurs de ce qu'on appelle alors la deuxième gauche. 
C'est vrai que cette deuxième gauche qui englobe au lendemain de mai 68 les aspirations nouvelles de la société. Pour faire vite, le besoin de reconnaissance de l'individu se construit parallèlement à une action politique collective. Cela passe par le droit à la parole, la prise en compte du désir, le respect du plaisir, tout ce que la fameuse société de consommation va d'ailleurs reprendre à son compte au fil des ans. En attendant, la deuxième gauche sent bien que les partis traditionnels, y compris à gauche ont une structure trop rigides pour répondre à cette attente. En fait, la Cfdt (qui vient juste de naître des flancs de l'ancienne Cftc) et le Psu sont les outils nationaux qui reflètent ces aspirations). 
Tout ceci explique d'ailleurs qu'aux yeux des observateurs extérieurs que le psu soit la référence politique de l'équipe qui s'apprête à reprendre le pouvoir à Louviers. C'est faux.
Ça, Hélène Hatzfeld l'a bien perçu. Elle voit bien qu'au sein de l'équipe, le psu en tant que tel n'a que peu d'influence. Le parti n'a que trois représentants au sein du Comité d'action de gauche, mais ceux-ci ne sont jamais écoutés en tant que tels. Ils accompagnent l'expérience, mais ils ne sont pas une force d'influence et n'interviennent pas comme groupe constitué au sein des débats. On touche là au fond à ce qui rend la ville si difficile à comprendre pour l'extérieur. À Louviers on est dans un autre monde. Hélène Hatzfeld fait d'ailleurs cette erreur en tentant une comptabilité des influences qui ont fondé la mouvance lovérienne. C'est peine perdue. Louviers a subi des influences, peut-être et sans doute plus que d'autres groupes humains, mais tout ce qui a tenté de s'organiser pour prendre le dessus s'est trouvé écarté soi par les faits, soi par les acteurs du mouvement.    

Ernest, le génie ou le génie d'Ernest

Au fond, par quelque bout qu'on prenne l'histoire de Louviers, et surtout dans la période traitée, on retombe toujours sur Ernest Martin. Cela peut sembler étrange vu de l'extérieur puisqu'Ernest a laissé sa place de maire à Henri Fromentin, héros de la Résistance et chef d'entreprise. Hélène Hatzfeld ne s'est pas penchée sur ce sujet. Pour ma part, je considère que c'est un grand manque à tout point de vue.
Mai 68 est une remise en cause profonde du rapport au pouvoir. Il y a des héros, des vedettes charismatiques, mais aucun ne prend le pouvoir, puisque mai 68 ne se traduit pas par une prise de pouvoir.
Or, si en mai 68 le docteur Martin a le pouvoir en tant que maire de Louviers, il le perd quelques mois plus tard, à la suite de la décision du parti communiste de l'éliminer. C'est de là que naît le Comité d'action de gauche, un rassemblement chargé à l'origine de permettre une reprise du pouvoir et de poursuivre l'œuvre déjà immense de la municipalité Martin.
Tant pis si le pouvoir passe à la droite. Il n'empêche, en faisant cela la gauche lovérienne est contrainte d'exister en dehors de la gauche nationale. Il est ainsi logique que le parti socialiste naissant qui privilégie l'alliance nationale avec les communistes ne soit pas une option politique locale. 
Il restera donc au cag à forger un projet politique qui lui permettra de reprendre la mairie, ainsi Louviers deviendra-t-il le réceptacle des courants novateurs  d'une société française en effervescence à la suite de mai 68. Ainsi s'explique à mon sens la nette victoire de 1977, qui permettra à Louviers de devenir pour beaucoup la première commune autogestionnaire de France avec 27 élus sur 27, reléguant la liste d'union de la gauche en spectateur de l'histoire locale au même titre d'ailleurs que la droite.
Mais tout ceci ne règle ni n'explique la situation d'Ernest Martin, élu premier adjoint de la liste du comité d'action de gauche. 
Comme on l'a dit, et notamment Hélène Hatzfeld, Ernest Martin, le thaumaturge, celui sans qui rien n'aurait existé à Louviers, n'est pas autogestionnaire. Il se revendique anarchiste. Il le revendique encore davantage au sein d'une municipalité où les reproches sont de plus en plus nombreux à son égard. 
Et que lui reproche-t-on à Ernest ? Qu'est ce qui fait qu'on va gentiment lui demander de ne se présenter qu'en deuxième de liste derrière la figure plus raisonnable d'Henri Fromentin ? Au départ sans doute l'idée électoraliste que derrière la figure sulfureuse du docteur qui défend le droit des femmes et notamment le droit à l'avortement alors sévèrement réprimé en France, on a peur de la réaction négative de l'électorat. Reste que derrière cette attitude frileuse se cache bien entendu la peur de la personnalité d'Ernest, de ses audaces et de ses coups de gueule ... et la mise sous éteignoir du projet ernestien. 
Bien sûr, cela n'a pas empêché la naissance et la reprise des aspects les plus originaux de la municipalité. Il y a eu la gratuité des services publics, la création du service famille (évoqué dans le livre mais qui vaut beaucoup plus qu'une simple mention y compris dans ce blog), la naissance des terrains d'aventure pour la jeunesse lovérienne, l'ouverture des cinémas au moment où tous fermaient en France et dans le reste de l'Europe ... mais, en fait, ce qui touchait au projet autogestionnaire s'est écroulé de lui-même. Il y a un exemple qui n'est pas repris dans le livre et qui me semble tout à fait emblématique des difficultés municipales. 
Autour d'un projet scolaire, de nombreux membres de l'équipe municipale vont dans un louable souci de communication discuter avec les parents de leurs attentes pour l'école. Il en ressort naturellement que les parents souhaitent en tout premier lieu que leurs petits soient protégés et qu'à cet effet des murs ou des murets soient prévus. 
Retour du compte rendu de la réunion en municipalité et colère d'Ernest qui s'insurge contre les décisions réactionnaires des parents. Il faut veiller d'abord à l'épanouissement des petits avant leur sécurité. Crise !
En fait, Ernest, même si cela est dit et redit dans le livre, Ernest donc agit comme un médecin accoucheur. Dans un accouchement, il n'y a pas de place pour la démocratie participative. Il y a un médecin qui a le pouvoir, et qui, s'il s'en sert bien parera à tous les dangers, amènera la vie dans le respect de l'enfant, de la femme et de l'acte. Le fait d'avoir voulu reléguer Ernest dans un rôle second allait bien au delà de la castration d'un personnage privé de pouvoir, il a sans doute atténué l'originalité de l'expérience lovérienne en empêchant qu'elle aille au bout de sa logique et nui à la qualité de l'analyse qu'on peut en avoir à présent. Pour ma part, je reste persuadé que si Ernest avait été en situation de responsabilité, l'expérience aurait été jusqu'au bout et aurait pu être renouvelée sur un autre mandat. Bien sûr cette uchronie ne mange pas de pain mais elle a pourtant un sens qui peut amener à réfléchir sur la réalité du pouvoir, y compris lorsqu'on dénie à celui-ci une existence.
Ainsi Ernest a-t-il souffert de cette absence de pouvoir, pour partie inassumée et derrière elle tout une mouvance et tout un groupe. L'absence de pouvoir est comme la lettre volée d'Egar Poe, cet objet que tout le monde recherche et que personne ne voit parce qu'elle est sous les yeux de tout le monde mais que chacun a un intérêt à ne pas la voir. Il n'empêche, aucune critique, aucune analyse ne pourra retirer le bilan extraordinaire des municipalités auxquelles le Docteur Martin a participé. 
Louviers, et sa formule beaucoup plus
prémonitoire qu'il n'y parait même si
le Docteur Martin lui préférait la formule
"information, participation, contrôle"

Loin des écoles, loin des partis, loin de tout, Ernest par son seul génie fait de Louviers une avant-garde de tout ce qui se fera plus tard : le pouvoir communal, la prise en compte des individus, l'exigence vis à vis des pouvoirs publics, la décentralisation même. Parce que c'est ce qu'il faut quand même dire : si l'idée même d'autogestion s'est figée au point de disparaître, les institutions rejetées sans doute ont su évoluer, le personnel municipal aussi, le pouvoir des élus et le recul de l'Etat. 







[1] « Qu’est ce qui s’est passé à Louviers ? Un tremblement de terre ? » citation attribuée à Georges Marchais, alors secrétaire général du parti communiste français... source : Pierre Semelagne, ex-militant communiste lovérien