mercredi 20 septembre 2017

Alors, c’était comment Montpellier ?



Comme le disait de Gaulle : pour aborder une situation compliquée, il faut avoir une idée simple. J’en avais une dont je ne voulais pas démordre, déclinée en deux tons : être radical c’est être de gauche, le radicalisme, c’est l’avenir de la gauche

Sylvia Pinel aux côtés de Laurent Hénart, présidents des
deux partis radicaux dans le public. Tiens, au fait, qui sera
le prochain président ou la prochaine présidente ? 
Pour résumer rapidement, Montpellier était le lieu des journées d’été du radicalisme, des écologistes et des progressistes, première étape de la réunification des radicaux. Lorsque, dans la voiture qui nous amenait de Paris on me demanda comment les radicaux de l’Eure voyaient la réunification, je répondis que, pour ma part, j’étais circonspect et que parmi les amis que j’avais consulté, pas un ne m’avait dit : « ouais, super, on va faire alliance avec les valoisiens ».

J’ai publié hier sur le blog le magnifique texte de Jean-Michel Baylet, qui a l’avantage de synthétiser avec bonheur la situation politique dans laquelle se trouve la France. Macron est aujourd’hui Président de la République, et sans qu’il vaille la peine d’en décliner les responsabilités, il est utile de rappeler que cette situation était complètement imprévisible il y a un an, et que les conséquences de l’élection présidentielle sur la structuration de la politique française sont irréversibles.
Disons-le, il y a eu trop peu de place pour les débats
et cela est d'autant plus dommageable que ceux-ci
ont été de grande qualité. En tous les cas les débats
ne sont pas clos, ni au sein des deux branches du
radicalisme, ni entre elles ni avec toutes les autres.
À droite, comme à gauche les partis structurants, ps et « L R » sont explosés après leurs résultats catastrophiques. Les alliés des deux courants ne vont pas mieux, du pcf qui avait choisi de s’allier avec Mélenchon qui choisit de les écraser, les écolos dispersés, et à droite, l’udi ne réussit pas à se maintenir, cependant qu’au sein même des LR, entre reconstructifs macroniens et tenants d’une droite dure, personne ne refuse semble devoir s’imposer durablement. La crise atteint jusqu’au Front National qui est secoué par la remise en question de sa ligne politique. Seuls pour l’instant la France Insoumise et La République en Marche semblent surnager dans cet océan de perplexité, grâce à leur intransigeance.
Dans ce cadre, le rapprochement des radicaux semble incongru. Incongru, mais intéressant. Tellement intéressant même, que plusieurs figures écologistes et progressistes ont participé aux journées d’été de Montpellier : Jean-Luc Benhamias, Emmanuel Cosse, Génération Ecologie, et jusqu’à l’ancien socialiste passé au Sarkozysme et recherchant une famille désespérément : Jean-Marie Bockel …lorsque les opportunistes se joignent à un mouvement politique, ceci est en principe gage d’avenir.
Le fait que les radicaux soient une force d’attraction n’est pas sans intérêt mais ce n’était pas le premier sujet d’inquiétude. Tout le monde se demandait en fait ce qui avait poussé les anciens alliés de droite à rappeler à eux les radicaux de gauche qu’ils avaient chassé de leur parti en 1972, ce que Jean-Michel Baylet n’a pas manqué de rappeler[1].
Tribune finale qui s'est achevée par une Marseillaise
qui m'a particulièrement ému. On peut reprocher
plein de choses à notre hymne national. Il n'empêche
qu'en devenant hymne national, le chant de guerre
de l'armée du Rhin promulguait pour la première fois
l'insurrection contre les inégalités et l'oppression
comme substance de notre Nation. Du coup, la
Révolution, devenait la République, devenait la
France et fondait le radicalisme.
Or, sans aller jusqu’à les voir battre leur coulpe, je dois admettre que les valoisiens m’ont surpris. Ils m’ont surpris parce que, dans les débats tant sur la décentralisation par exemple, dont le principe est durement mis à mal par le gouvernement Macron, que sur d’autres sujets, je me suis trouvé plus proche d’eux que des radicaux de gauche. J’entendais dans les couloirs parler des jeunes valoisiens critiquant la loi travail en disant que celle-ci mettait à mal le socle social français.
Plus tard, dans le débat de politique générale, j’ai bien entendu une valoisienne revendiquer son attachement au centre d’une manière assez maladroite, mais il faut le dire, le gouvernement Macron/Philippe a été bien souvent critiqué et à chaque fois  sur des valeurs de gauche, qu’il s’agisse des APL, de la décentralisation, de la politique sociale ou de la politique du logement. Bref, si les circonstances amènent les radicaux à créer un groupe à l’assemblée nationale, comme au Sénat, ceux-ci peuvent devenir une force d’opposition constructive, à même de se préparer à une prise du pouvoir. C’est là le but, encore long à atteindre, que ce soit dans les élections locales avant les élections nationales, même si le chemin est encore long.
Une dernière fois, un hommage à Jean-Michel Baylet qui a
fait le meilleur discours des journées d'été et son meilleur
discours, s'appuyant sur les bases de son analyse, publiée
hier sur le blog du café radical
Pour finir, et pour se faire une idée, vous pouvez regarder le reportage réalisé sur la cinq, dans l'émission "l'info en vrai" animé par Yves Calvi en cliquant .









[1] Contrairement à ce que j’ai toujours cru, ce sont bien tout une partie des radicaux qui avait été viré du parti par Jean-Jacques Servan Schreiber, alors allié à Giscard, parce que ceux-ci avaient osé participé à des réflexions autour du Parti Socialiste et de François Mitterrand. L’initiative ne venait pas des radicaux de gauche.

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