dimanche 16 avril 2017

Revenu universel, une idée d'avenir

On peut se demander si le revenu universel a un avenir, mais ce qui est sûr, c'est qu'il a un passé.
Angélique Chassy a rappelé toute la démarche qui a
Une assemblée passionnée autour
d'Angélique Chassy
amené à ce que le principe du revenu universel soit pour la première fois posé lors d'une élection présidentielle. Elle
 a utilisé tout le temps nécessaire et toutes ses qualités pédagogiques pour nous en exposer les bases sous les angles historiques, financiers, économiques, philosophiques et politiques. 
Thomas More reste connu pour avoir créé
le principe d'Utopie, titre d'une de ses
oeuvres. Humaniste, il n'en a pas moins été
canonisé. Il partageait avec Machiavel d'être
acteur et conseiller politique. Ses rapports
complexes avec le roi lui permirent d'être
décapité à la hache bien que condamné à
être éviscéré. Comme quoi le piston ne date
pas d'hier.


En effet, pour Angélique le revenu universel ne date pas d'hier. Elle en fait remonter le projet à Thomas More, le créateur de l'Utopie, humaniste, homme politique et homme de foi de la Renaissance, mais plus simplement elle rappelle que les indiens d'Amérique avaient posé le principe de répartition des terres en fonction des besoins de chacun en terme de survie. 
Plus près de nous, la création par Michel Rocard du RMI, devenu le RSA, de même que le principe de l'impôt négatif en Grande Bretagne ont relié au droit de l'homme la nécessité de doter chaque individu des moyens de subsistance. 
C'est pas le revenu universel, mais ça s'en rapproche. C'est pas le revenu universel, puisque dans le RMI, on l'a assez dit, il y a le I de l'insertion, et que le RSA, revenu de solidarité active s'appuie sur un système de droit et de devoir soit sur l'idée d'une contre partie en échange du revenu. 
L'impôt négatif ne s'éloigne pas tant que ça du principe du RSA. Il existe en Grande Bretagne depuis longtemps. Il permettait aux travailleurs gagnant en dessous d'un certain seuil d'avoir un complément payé par l'impôt, et à ceux en recherche d'emploi d'avoir le versement d'une aide correspondant au montant de leur loyer et de quelques livres permettant de tenir le choc.
Le système de l'impôt négatif a été notamment été défendu par Lionel Stoléru, qui a louvoyé dans les eaux du centre et a même été un temps radical de gauche. 
Bref, à la lumière de cet historique, Angélique a bien fait percevoir que le principe de revenu universel n'est pas si farfelu que la présentation qui a pu en être faite. Le système a déjà été expérimenté, même s'il ne l'a jamais été à l'échelle d'un État si petit soit-il. Parmi les expériences intéressantes, figure celle menée dans une vingtaine de communes du Madhya Pradesh en Inde. On constate que le principe de revenu universel ne concerne pas seulement les pays développés. Dans cet État du tiers monde, assurer les foyers les plus démunis d'un revenu de subsistance a permis d'améliorer la fréquentation scolaire, l'état de l'habitat... Eh oui, la certitude d'un revenu de subsistance permet un autre rapport à l'avenir. 
Reste, une fois développé l'intérêt du revenu universel, la conception de son application pratique. La Suisse en a rejeté le principe, et l'on peut constater que, que ce soit en Finlande, dans certains des États-Unis, le revenu universel n'a jamais été appliqué à l'échelle d'une Nation. Ceci démontre l'audace de la proposition de Benoît Hamon, on ne peut pas lui retirer ça ! On ne peut pas lui retirer non plus de se voir soutenu non seulement par Thomas Piketty, mais aussi par Daniel Cohen, économistes de renom. Reste que la mise en oeuvre pratique du revenu universel nécessite une réforme de fond de l'organisation de l'aide sociale ainsi que de la fiscalité. 
Voilà ce que j'aurai retenu de l'excellent exposé d'Angélique Chassy et que j'essaie de retransmettre sans avoir pris aucune note. Sans doute ai-je trahi sa pensée, mais je l'ai fait le moins possible. 
Reste le débat, raison fondamentale pour laquelle j'ai voulu que le café radical s'ouvre au revenu universel. Comme j'ai eu l'occasion de le rappeler à une amie facebook qui me demandait comment s'était passé le plaidoyer pour le revenu universel, quand je fais un plaidoyer, je fais une tribune, quand je fais un débat, je fais un débat. Je maintiens à la suite du débat précisément, que le revenu universel reviendra dans le débat politique,  quelque soit le score de Benoît Hamon. Il en est de même par exemple en Suisse, où les organisateurs du référendum lourdement perdu, étaient malgré tout contents du score (23,1%) parce qu'il pensait qu'il serait pire. Le fait de poser le débat est un premier pas.
Le débat s'est concentré sur les conséquences d'une
Diego Ortega regrette que le sujet, auquel
il était très hostile à l'origine n'ait pas été
suffisamment discuté pendant la campagne.
telle mesure, la façon dont les rapports entre salariat et activité en pourraient être repensés. Diego Ortega, lui, a regretté que la seule idée vraiment nouvelle  n'ait pu être discutée davantage pendant la campagne. La faute au candidat lui-même, qui ne l'avait peut-être pas assez finalisée ? La faute aux primaires qui n'a pas permis au vainqueur-surprise la finalisation d'un projet complexe ?  
Il n'empêche, le revenu universel continuera d'être promu et discuté. Ainsi, une application doit-elle être menée à l'échelon du département de la Gironde.
À suivre ... 









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