jeudi 28 décembre 2017

La photo jaunie de la social démocratie

L''ouvrage a vieilli ... mais bien vieilli. 
Il a gardé tout son sel et l'âge même
lui donne des arômes nouvelles.
Qu'est-ce que la social-démocratie ? Est-ce  même une question.  
A tout avouer, de voir ce petit bouquin traîner sur une table, je ne me sentais pas du tout attiré. Nietszche disait qu'il fallait s'économiser en évitant de répondre à des questions qui ne se posent pas. 
Depuis longtemps je considère la social-démocratie comme condamnée, et qui plus est complètement inadaptée à la problématique française. Qui plus est, l'ouvrage datait de 1979, une période révolue, celle du giscardisme, avant la prise de pouvoir par la gauche en 1981. J'ai lu cependant le livre, sous l'insistance de mon ami Daniel. Un peu par devoir, j'y ai jeté un œil, avant d'y plonger, fatalement. 
Tout d'abord, reconnaissons-le, il y a du plaisir à revenir sur des périodes traversées, ressentir ce que nous vivions à l'époque, ce que nous pensions, ce à quoi nous nous opposions, nos combats, nos amours et tout ça. J'y ai presque retrouvé une joie adolescente, enfantine même. Une chanson me revenait dans la tête entre deux rames de métro,  pour la retrouver, cliquez-là : vous serez surpris.
Passons, revenons à nos moutons et à la social-démocratie.
Surprise dès le début de l'ouvrage : en quelques pages Michel Rocard règle son compte à la social-démocratie. Pour lui, la social-démocratie n'est qu'une parenthèse de l'histoire et dans l'espace et dans le temps. En ceci, il serait presque d'accord avec Lénine qu'il assaisonne cependant un peu plus tard. 
La social-démocratie est le projet politique issu de l'organisation des travailleurs. Elle sera le support théorique de la deuxième internationale, avant que celle-ci ne se décompose à la fin de la première guerre mondiale. Ainsi, Lénine lui-même est-il social démocrate. Il ne s'en détachera véritablement qu'en 1914 lorsque l'outil ne lui sera plus d'aucune utilité. 
Une annexe incroyable le rappelle en annexe. Engels lui-même, figure emblématique du marxisme révolutionnaire, explique que la démocratie va inévitablement profiter au prolétariat et qu'il est inutile de passer par un bain de sang à l'issue incertaine. Tel est le sens de son introduction des luttes de classes en France, ouvrage de son ami Karl Marx, 
Résumons-nous : la social-démocratie est le projet de changer le monde en s'appuyant sur l'organisation des travailleurs. Cette conception n'a guère de sens en France où le syndicalisme est essentiellement politique dès l'origine. Les différentes obédiences marxistes et anarchistes s'y disputent. Il est intéressante de comparer la situation avec l'organisation des ouvriers en Italie par exemple, où, malgré une influence prégnante des anarchistes, peut-être à cause d'elle, ce syndicalisme obtiendra une culture de la négociation et des résultats, et donnera naissance aux ancêtres des premières mutuelles. Cependant, c'est bien en Allemagne et dans les pays du Nord de l'Europe que la social-démocratie connaîtra son développement.
En dehors de ces exemples, la social-démocratie échoue sur deux plans. Le premier, historique et souligné par Lénine : qui montre qu'en s'axant sur des syndicats assez puissants pour négocier avec l'État on en limite en même temps le champ d'action politique. Ainsi, dans les pays où les syndicats sont puissants et réformistes, la social-démocratie a un sens. En France, où la faiblesse de la représentation syndicale les amène à une vaine attitude de posture, la social-démocratie n'a guère de sens. 
C'est là qu'on touche à l'impuissance de la gauche française. Rocard dans ces propos de 1979 fait état de l'utopie autogestionnaire comme étant bien plus cohérente qu'un projet social-démocrate à la française. L'ouvrage d'ailleurs fait l'éloge de la Cfdt en ce que ce syndicat, qui confirmera cette approche par la suite, sera non seulement le premier à revendiquer l'autogestion mais sera aussi le premier à alerter sur les limites du productivisme et du rapport citoyen à l'environnement  prolongation de sa situation de salarié
Cette démarche moderne lui a sans doute permis d'être devenu le premier syndicat français en terme de représentation. Il n'empêche, cette vision déjà défendue par la gauche moderne de Michel Rocard, n'a pas encore eu son prolongement politique. L'autogestion, plus personne n'en parle. On parle de socio-libéralisme, certes, mais personne ne sait trop ce que c'est. Enfin, la culture social-démocrate continue de faire des ravages. Cette gauche de la posture, qui choisit de se couper de la réalité sous prétexte d'un meilleur à venir a amener les plus graves erreurs de la gauche socialiste, allant de la politique coloniale de Guy Mollet au massacre du mandat socialiste de François Hollande par ses "amis" frondeurs. 
Bref, tous ces rappels ne sont pas inutiles à un moment où la gauche est aux abois, piétinée par le macronisme. 
Le besoin exprimé de pragmatisme n'a pas de sens si il ne s'appuie pas sur une base théorique et historique solide. On a fait dire à Sénèque : "il n'est pas de vent favorable à celui qui ne sait où il va".  
Voilà qui devrait rassurer à l'heure où beaucoup d'entre nous trouvent que tous les vents sont contraires. La gauche existe, même si elle se sent perdue. Elle ne pourra se ressaisir sans faire l'effort d'une réflexion profonde, sans s'ouvrir au débat.
Voilà pourquoi Les Radicaux de gauche invitent au débat.
Virginie Rozière au centre de l'image, au centre du débat
Première étape : 
BANQUET RÉPUBLICAIN



Mercredi 24  janvier à 20 heures

8, rue Borville Dupuis 

avec Virginie Rozière

députée européenne



Débat ouvert à tous et en particulier à gauche.

Nous y reviendrons


Post-scriptum 
L'ouvrage est intéressant, je l'ai dit plus haut, parce qu'il révèle aussi des manières de penser d'une époque. Autant pour ses vérités révélées par le temps que pour les erreurs que l'Histoire souligne. 
"Qu'est ce que la social-démocratie ?" est un ouvrage collectif qui date de 1979, donc un peu avant 1981, et 10 ans avant la chute du mur. La gauche vient de subir une déception à la suite des élections législatives de 1978. Rocard veut en profiter pour dégommer Mitterrand, mais c'est déjà trop tard. Les auteurs de l'ouvrage recherchent l'utopie réaliste contre une logique de la posture. Ils dénoncent les régimes sous influence soviétique tout en faisant le recensement des gauches européennes au pouvoir. Arrive l'Allemagne qui a fini par porter la gauche de Willy Brandt au pouvoir. 20 ans plus tôt à Bad Godesberg, la gauche a fait son aggiornamento, mis un terme aux références marxistes, et assumé sa mission réformiste. Le petit livre fait référence au travail d'un dénommé Kurt Schumacher (rien à voir avec le gardien de but de l'équipe Allemande à Séville). 
L'auteur rescapé des camps de concentration, fait l'objet d'une douce condescendance de nos auteurs français qui soulignent les limites de sa réflexion par la phrase définitive suivante ..."d'où, également, son hostilité à l'égard de toutes les puissances d'occupation et l'accent mis sur le thème qui devait se révéler illusoire , celui de la réunification de l'Allemagne". 
Rien que pour cette belle boulette, ce livre riche ne m'a pas fait regretter le détour.

jeudi 21 décembre 2017

Louviers : NON À LA TAXE CROQUE-MORT !


La municipalité Priollaud-Terlez annonce à grands coups de trompette  une baisse microscopique des impôts locaux (- 0,50 % sur les taux) ... mais elle fait adopter en douce la création d'une taxe d'inhumation de 50 € !

C'est une honte !

C'est la plus injuste de toutes les taxes et la décision municipale la situe à un niveau très élevé.

La taxe d'inhumation est la plus injuste. 


  • Elle frappe les familles dans la douleur
  • Personne ne peut y échapper (s'il est une chose dont on est sûr c'est que nous devons tous mourir)
  • Elle fait payer la même chose à tous les usagers quelque soit leur niveau de revenu (que vous soyez milliardaire ou au RSA, vous paierez 50 € en plus des frais de funérailles si vous inhumez un proche)
  • Elle ne s'attaque pas aux morts, bien entendu, mais c'est pire encore ! Ce sont les proches du défunt qui devront payer sans pouvoir s'y opposer.
  • Elle est plus injuste que les impôts locaux ! Au moins, pouvez-vous échapper aux impôts locaux si votre niveau de revenu vous rend non-imposable ... mais vous n'échapperez pas à la taxe d'inhumation !
La taxe d'inhumation a été créée par la municipalité de Louviers parce qu'elle incapable de gérer correctement la ville. Elle a été créée dans le mensonge en affirmant que la majorité des communes appliquait cette taxe scandaleuse. C'est faux ! La grande majorité des communes n'applique pas la taxe d'inhumation[1].

Oui les impôts locaux ont pour mission d'assurer les tâches d'intérêt général. Assurer un traitement digne à ceux qui nous ont quitté, soutenir les familles dans la peine, quelque soit leur richesse en fait partie. Il est honteux qu'une municipalité profite des détresses individuelles pour régler des problèmes collectifs.

M. Priollaud, Mme Terlez,


Supprimez au plus vite cette infamante taxe d'inhumation qui fait honte à toute la ville !






[1] Après une rapide enquête, il s’avère que la grande majorité des communes ne la pratiquent pas, ni dans des grandes communes comme Rouen, ni dans des petites. Sur la Case, seule Louviers a décidé de la pratiquer … jusqu’à preuve du contraire. A Vernon, comme à Gravelines, elle tourne autour de 15 €. Il n’y a qu’à Evreux que la taxe scandaleuse se situe à un taux beaucoup plus élevé 90 à 123 €).







mercredi 20 décembre 2017

L'étrange Noël de Mr Priollaud

Entre le Père Noël et le Père Fouettard, il y a Mr Jack. C'est visiblement lui que Maire de Louviers prend pour modèle. Depuis son arrivée à Louviers, il fait tout pour transformer ce moment de fête et de joie en cauchemar pour les lovériens. 
De la suppression du feu d'artifices  à l'arrêt de la distribution d'un livre aux écoliers de la ville, les habitants attendent chaque année une nouvelle déconvenue. 
Pour le dernier conseil avant les fêtes, le maire de Louviers a voulu se transformer en Tim Burton, maître de l'humour noir. 
Le maire a livré un concert d'incongruités lors du dernier conseil de l'année, mais ça ne lui pas suffi. En fait, c'est comme si, passé maître dans les économies de bouts de chandelle, le maire de Louviers remplaçait les livres disparus en racontant aux lovériens des histoires à dormir debout.

Le coup du platane,  premier conte de Noël

Le 13 décembre, un coup de tonnerre frappa la ville. Par un communiqué comminatoire, le site de la ville publie la condamnation d'un élu de l'opposition coupable de s'être livré à des saccages de bien public. Présentation curieuse des faits !
En fait, on apprenait que notre ami Alexis Fraisse, élu écologiste se rendant compte que Mr Priollaud avait décidé d'abattre le plus beau  platane de la cour de la mairie.  Il venait juste d'avoir la surprise de se trouver nez à nez avec les bûcherons chargés de la salle besogne. 
Face à la terrible évidence, et constatant le manque de fiabilité de Priollaud, Alexis Fraisse avait donné un coup de pied à un sapin de noël municipal, mal fixé et qui, du coup, était tombé, entraînant dans sa chute une boule qui se brisa en chutant. 
Voilà pour la dégradation de bien public... où l'on se demande par ailleurs, une fois les ardeurs refroidies, qui dégrade le bien public entre celui qui choisit de livrer un arbre aux tronçonneuses et celui qui a fait tomber un sapin de Noël vite remis sur pieds. 
Photo municipale dénonçant l'état du
platane menaçant ruine. 
Depuis des mois, Alexis Fraisse avait alerté le maire sur l'importance de sauver le platane.  Franck Martin l'avait d'ailleurs mis sous surveillance... Mais ça, c'était avant l'ordre de Mr Priollaud
-" Qu'on lui coupe le tronc !" 
Photo du platane vu sous un autre angle par La Dépêche
qui titre : il n'était finalement pas si creux que cela !
Le ridicule ne tue pas  Mr Priollaud, qui reste en vie...
mais pas le cas du platane qui méritait un meilleur sort
Alexis Fraisse avait effectivement de quoi se mettre en rage. Depuis des semaines le maire de Louviers avait assuré l'élu de l'opposition qu'il l'informerait de l'évolution du dossier. Ah mais ! Et Mr Priollaud avait été jusqu'à vanter publiquement l'esprit constructif d'Alexis Fraisse devant ses collègues. Lui, au moins, il discute, il fait des propositions ! Le tout deux jours avant de le condamner publiquement par un communiqué officiel et ridicule ... qui a d'ailleurs disparu du site de la ville. 


Voilà pour la dégradation de bien public ! 
Cet événement toutefois amène plusieurs remarques. 
La première, c'est que la dénonciation du maire est d'autant plus risible dans sa teneur, que le même maire venait de faire deux jours avant des compliments publics à Alexis Fraisse, qui, lui, faisait des propositions. Il s'agissait d'opposer l'opposition qui s'opposait à une opposition qui propose. 
Mort de rire ! 
Quand l'opposition cherche à discuter et à faire des propositions, elle est aussitôt livrée aux chiens, tout ça parce que Priollaud n'a pas voulu s'embêter avec un arbre qui nécessitait un peu de soin.
Quelle hypocrisie ! 

La cité des croque-morts, deuxième conte de Noël


Mais le pire reste à venir. Le conseil municipal cachait en son sein la plus ahurissante délibération de l'histoire de la ville. 
Il s'agissait, rien de moins, que d'instituer une taxe d'inhumation pour les lovériens. 
Nerveuse, très nerveuse, la première adjointe, Anne Terlez assurait que la délibération n'avait rien d'exceptionnel, qu'il en était ainsi dans toutes les communes de France, enfin, un peu partout, enfin, dans la majorité des communes, enfin, dans beaucoup de municipalités. 
En fait, l'opposition se trouvait dans un état de sidération complet. Pourquoi aller imposer (c'est le cas de le dire) cette taxe alors même que le maire d'annoncer à grands coups de publicité qu'il venait de baisser les impôts de 0,5 % ? 
Ainsi, les lovériens les mieux lotis vont pouvoir gagner 5 € par an, si le montant de leur taxe d'habitation s'élève à 1000 € ... soit un peu moins de 50 cts par mois. 
Or, les lovériens devront payer à chaque décès la somme de 50 € ! 

Inqualifiable !

La taxe d'inhumation touche, par nature, des familles en état de fragilité, parfois durement abîmées par le deuil. On pourrait dire qu'elles ne sont pas en état de discuter les prix ... mais même pas, c'est une taxe, obligatoire, comme un péage d'autoroute ... sauf qu'on peut choisir de ne pas prendre l'autoroute ! Rares sont les cas où l'on choisit son décès et de toute façon la taxe d'inhumation est payée par les proches. C'est une honte absolue ... et rendue plus absolue encore par le fait que, que vous soyez milliardaire ou au RSA, vous aurez à payer la même somme de 50€. Cette taxe est encore plus injuste que les impôts locaux !
Une enquête rapide auprès d'une vingtaine de communes nous a vite renseigné : la taxe d'inhumation est rare. Sur une vingtaine de communes interrogées sur la Case et en Normandie, aucune ne la pratiquait. Il a fallu aller jusqu'à Gravelines pour trouver une commune où la taxe se monte à 15 € !

Ainsi donc, non seulement, Anne Terlez joue aux croque-morts, mais en plus elle a menti  ! Il faut vite qu'elle se confesse avant Noël ! 
Mais finalement, le plus honteux est encore à venir. En interrogeant un maire d'une commune de 5.000 habitants, nous avons pu avoir les raisons d'une telle mesure.
Oui, nous a dit le maire, c'est vrai qu'on nous a incité à le faire. On s'est interrogé. Mais nous avons vite conclu que ce n'était absolument pas souhaitable. 
-"Mais qui est ce "on" qui vous a incité à le faire ? avons-nous posé la question 
Anne Terlez et François Xavier Priollaud
signant le pacte financier : on baisse (un peu)
 les impôts et on crée de nouvelles taxes...
ni vu ni connu : vive la taxe croque-mort !
- Bien , mais un cabinet conseil extérieur ..."
Voilà le pompon ! La super boule de Noël dont on espère que l'opposition des lovériens va réussir à briser. 
Ainsi donc, dans l'incapacité de baisser réellement les dépenses, et dans la volonté d'annoncer une baisse d'impôt, le maire et sa première adjointe ont choisi de créer une taxe ! Et la pire qui soit ... celle à laquelle nul de peut échapper (car s'il est une chose certaine pour tous les habitants de Louviers, c'est que tôt ou tard, il devront être inhumés) et celle qui s'appuie sur la détresse des familles dans la plus terrible inégalité. 
Nous y reviendrons !
  

mardi 19 décembre 2017

La Corse, un chantier européen ....

Plus rien ne sera comme avant 


Locales, nationales, territoriales, les élections se suivent et se ressemblent au sens où elles ne se ressemblent pas. Elles apportent toutes leur lot de surprises et d'incompréhension ... mais elles sont toutes porteuses de sens.

La marginalisation des partis classiques

Si Orthez a démontré que la gauche de gouvernement n'était pas morte, on ne peut pas dire
Pour trouver la Corse, suivez la flêche ...
juste en face de la Catalogne
que ce soit le cas de la Corse. Là, par tradition le parti socialiste est faible ... et le rôle de gauche de gouvernement est plutôt tenu par les radicaux qui cette fois se sont tellement enterrés dans de querelles claniques qu'il n'ont même pas été en mesure de présenter une liste. 

De ce point de vue, on pourrait dire qu'il s'agit d'une copie de la situation nationale à petite échelle puisque les sortants ne sont pas à même de défendre leur bilan. 

Ce n'est pas tout ! 

À cette absence de gauche cohérente, le parti communiste, allié à la France Insoumise démontre son incapacité pérenne à profiter d'une situation politique inespérée.
Mais, à dire la vérité, ces phénomènes qui méritent attention sont loin d'être les plus marquants. Pas plus que la France Insoumise, le parti du Président ne tire bénéfice de la situation. La République en Marche peine à atteindre les 12 % des votes. 
La droite elle, se divise entre une droite régionaliste et une droite traditionnelle ... Comme on est en Corse, on signalera que la droite traditionnelle est, disons, particulière, puisqu'elle réunit bonapartistes et gaullistes sous l'étiquette LR... tout ça pour obtenir 12 %. Enfin, on notera pour en finir avec les références nationales que le Front National, avec 3 à 4 % est éliminé dès le premier tour.

2/3 des voix pour les partis corses 

Restent 66 % des suffrages exprimés ! Ce n'est pas rien ... 
Au delà de l'alliance entre nationalistes et autonomistes qui recueille 45 % puis 56 % des voix au deuxième tour, il faut compter les 6 % d'un parti soutenant les clandestins ainsi qu'un parti de droite se référant à l'indépendance et qui dépasse le score de la droite nationale. 
Bref, à partir de ce scrutin plus rien ne peut plus être comme avant en Corse. 
Cette secousse terrible ne signifie certes la fin du monde. Les vainqueurs des élections se montrent très prudents et c'est sans doute cette prudence même qui leur a permis de gagner. Ainsi ont-ils réussi à sortir de l'impasse dangereuse dans lesquels s'étaient engouffrés les indépendantistes. La violence, les pratiques mafieuses, et les liens inhérents, sont la marque d'une faiblesse politique dont ils ont le bon goût de sortir. 

Une Europe fragile

Il n'empêche, la Corse affirme son identité et son besoin d'indépendance face à une Europe fragile qui n'a pas besoin de ça.
Pourtant, les crises identitaires ne peuvent être ignorées. Le Brexit, la Catalogne, la montée des extrêmes droites, en sont des symptômes manifestes. Jusqu'à une certaine époque, on pouvait se dire dans une approche généraliste qu'on allait vers la fin des vieux Etats et qu'on se rapprochait de la reconnaissance des identités locales plus ou moins puissantes dans le cadre d'une gestion européenne en réseau. 
En fait, ces dernières années ont montré au contraire la constance des Etats, structures adaptées par nature au pouvoir, en même temps d'ailleurs que leur crainte de voir se créer une Europe trop puissante. Sans doute, les poussées régionalistes sont elles un symptôme de la nécessité de dépasser l'Etat, que la construction européenne a déjà démontré. 
L'Etat français n'a pas réagi aussi mal que l'Etat espagnol face à la poussée indépendantiste. Il est vrai que les vainqueurs des dernières élections disent qu'il n'est pas question d'indépendance ... pour l'instant ! Il ne faut pas oublier toutefois qu'ils ont été élus pour quelque chose. Il faudra bien, en France, comme en Espagne, répondre à la volonté populaire ... alors qu'ils n'en ont pas les moyens.

Pour l'instant ...

Mais si la solution, une nouvelle fois, était européenne. Bien sûr, l'Europe n'est pas faite pour ça ... Sauf que l'Europe a passé son temps à résoudre les problèmes pour lesquels elle n'avait été conçue au départ. 
De tout point de vue, identitaire, politique, juridique, économique, c'est un nouveau chantier qui s'ouvre en Europe. 

Ci-dessous, les résultats des élections territoriales en décembre 2017 en Corse, repris de wikipédia. 
Tête
de liste
ListePremier tour9Second tour10Sièges
Voix%Voix%#+/-
Gilles SimeoniPè a Corsica54 21145,3667 15556,4641Increase2.svg 17
Jean-Martin MondoloniDroite régionaliste17 89214,9721 75518,2910Increase2.svg 10
Valérie Bozzisoutenue par LR - CCB15 26612,7714 95012,576Decrease2.svg 5
Jean-Charles OrsucciLREM13 45511,2615 07412,676Increase2.svg 6
Paul-Félix BenedettiRinnovu7 9966,69Steady.svg 0
Jacques CasamartaCI - PCF - Ensemble !6 7885,68Decrease2.svg 3
Charles GiacomiFN3 9173,28Decrease2.svg 3
Total119 525100118 93410063Increase2.svg 12
Suffrages exprimés119 52597,90118 93496,74
Votes blancs1 2421,022 0801,69
Votes nuls1 3161,081 9221,56
Total des votants/participation122 08352,17122 93652,63
Abstentions111 90547,83110 63947,37
Inscrits233 988100233 575100
Les quatre listes arrivées en tête peuvent se maintenir et éventuellement fusionner. Bien que les deux listes suivantes ait pu fusionner défaut de se maintenir, aucune fusion n'a lieu. La dernière liste n'a pu quant à elle ni se maintenir ni fusionner. 

dimanche 17 décembre 2017

Histoire de la médiation sociale à Louviers

VIE ET MORT D'UN SERVICE


Insidieusement ou directement, la municipalité Priollaud n'a de cesse de détruire l'oeuvre que la gauche a patiemment construite pendant près de 20 ans.

Hafidha Ouadah ,avec son nouveau 
collègue Daniel Jubert. Lors du conseil 
municipal, l'ex-agent de médiation a 
évoqué le travail remarquable effectué
par le service de médiation sociale. 
Il n'y a pas que les mesures soudaines, brutales, les imprécations, il y a aussi l'érosion organisée des activités mises en place et qui ont démontré leur efficience et leurs succès. La mort du service de médiation sociale est officielle depuis le dernier conseil municipal du lundi 12 décembre qui a rayé le poste de chef de service du tableau des effectifs.
Or le service de médiation sociale, souvent cité en exemple, a été emblématique de la politique menée par les municipalités Martin de 1995 à 2014. 

Un concours de circonstances

Lorsque l'équipe de Franck Martin prend en main la municipalité, l'absence de structuration des services lui saute aux yeux. De l'action volontariste et novatrice menées 12 ans plus tôt par le Comité d'action de gauche, il ne reste plus rien qu'une dégradation savamment organisée par la gestion conservatrice de Proust-Lantenois. Le projet était simple : faire des économies sans faire de vagues (Odile Proust avait une expression : faire l'édredon), c'est à dire jouer sur le découragement des acteurs locaux et ainsi viser à ce que soit rangé au rayon des souvenirs le formidable laboratoire d'idées initié par la gauche lovérienne.
En 1997, après quelques actions militantes en direction de la jeunesse (Réveille-ta ville), le diagnostic révèle la nécessité de l'élargir en lui donnant une dimension sociale. Ce diagnostic avait été mené conjointement par les services de l'Etat et de la Caf. 
Parallèlement, le nouveau gouvernement créait les emplois-jeunes, sous l'impulsion de Martine Aubry, Ministre du Travail. Ces emplois aidés allaient être supprimés par François Fillon ministre des affaires sociales du gouvernement Raffarin, mais c'est une autre histoire ... même si des événements récents rappellent cette triste pratique.
Parce qu'il est vrai que si le service a pu être créé sans gréver lourdement les impôts des lovériens, c'est précisément grâce à ces emplois aidés qui ont permis le recrutement de jeunes lovériens. Ceux-ci ont ainsi travaillé à temps partiel parallèlement à une formation de l'Ifen (Institut supérieur de formation de Normandie), adaptée au cadre de ce nouveau métier et dispensée sur place, s'appuyant sur les exemples vécus.
Il s'agissait d'une fonction novatrice en ce que les agents de médiations avaient pour mission de se rendre auprès des jeunes en difficultés et par la même de résoudre les problèmes qui en résultaient dans les quartiers. Très vite, il s'est bien sûr avéré évident qu'on ne pouvait traiter les difficultés liées à la vie collective en s'adressant uniquement à une classe d'âge. Les médiateurs sociaux ont par exemple eu à traiter le déménagement de personnes âgées et isolées en maison de retraite. 
C'était, il est vrai, l'époque révolue où des réunions de quartiers étaient organisées et où l'on écoutait les habitants avec attention. Aujourd'hui, la municipalité pense qu'en changeant le nom des quartiers, qu'en les appelant village, on résout tous les problèmes. C'est une autre vision de l'activité municipale. 
L'action menée par les médiateurs sociaux avait d'ailleurs été co-financée par les bailleurs sociaux très intéressés par les conséquences positives du travail mené dans les habitats collectifs. Les médiateurs sociaux face aux situations les plus difficiles n'ont jamais perdu le sens de leur mission et n'ont jamais cessé de perfectionner leurs actions menées tant auprès des particuliers que des institutions, qu'elles soient municipales, sociales, juridiques ou judiciaires. Ainsi, formés au début collectivement, ils ont aussi suivi des formations individuelles confortant leur assise professionnelle dans un service qui n'a cessé d'évoluer positivement. 
C'est ce que l'équipe Priollaud n'a pas compris, et qu'elle aura mis trois ans à liquider, la plaçant administrativement et géographiquement sous la coupe du Centre communal d'action sociale. 
Le débat du dernier conseil municipal a clairement situé les enjeux du débat. Leila Seghir, conseillère d'opposition a regretté que le service soit une nouvelle fois contraint de déménager. La première adjointe Anne Terlez a confirmé qu'elle n'avait pas l'intention de  remplacer son chef de service en ayant le culot de dire qu'elle prolongeait son action.
Image d'une équipe municipale insensible aux besoins
spécifiques de la commune.
Pourtant, dans le camp-même de la majorité, le service a été défendu ... mais trop tard. Hafidha Ouadah, dont la carrière professionnelle doit une très large part à ce service (dont elle était faisait alors partie) a pu expliquer tout son intérêt ... face à l'incompréhension de sa propre équipe. 
Trop tard !
Ses mots ont résonné comme un requiem dans la tête de la première adjointe. La démarche visionnaire de la municipalité Martin laisse place a une gestion à la petite semaine. Tant pis pour Louviers, tant pis pour les habitants. 

  








mardi 12 décembre 2017

Il n'y a pas qu'à Orthez ...

Les radicaux ne sont pas morts,
La gauche non plus !


L'équipe vainqueur ce dimanche des élections municipales à Orthez.
Devant eux, comme pour Les Radicaux de Gauche, une tâche
difficile mais exaltante. Bonne chance et bon courage !
Voilà des résultats qui remettent les choses en place. Dimanche, à Orthez, petite ville de 10.000 habitants, a élu une liste de gauche à la suite d'une élection partielle.
L'ancien maire, Yves Darrigand, soutenu par la droite et le modem a laissé sa place à Emmanuel Hanon, tête de liste socialiste, qui frôle la majorité absolue au deuxième tour, laissant quelques miettes à la liste "En Marche" qui fait un peu plus de 10 % des voix.
Bien sûr, tirer à partir d'un phénomène local une extrapolation sur le plan national est toujours particulièrement hasardeux. Il n'empêche, quelques conclusions peuvent être tirées.
La première, c'est que la gauche n'a pas disparu. Lorsqu'elle sait s'unir, bâtir un projet, quand elle est concrète et ouverte, elle peut s'imposer. La gauche n'est pas un gros mot. Le nouveau maire n'a pas mis son étiquette dans sa poche. Il a su parler et proposer aux électeurs sans cacher qui il était. Au contraire.
La deuxième, c'est qu'une élection locale, pour locale qu'elle soit n'est pas une élection nationale et que le reflet de l'élection présidentielle n'a pas rejailli sur la situation Orthézienne. La liste du nouveau parti du Président de la République fait 10 % des voix dans une ville où le centrisme était très présent par le biais du Modem. 
La troisième c'est qu'il est toujours bon de rappeler qu'une municipalité se gagne sur un projet et une action collective, pas sur une étiquette. Le message est clair pour tous ceux qui se sont embarqués joyeusement derrière Emmanuel Macron en pensant que  ceci leur permettrait de remporter sans coup férir nombre de municipalités.
De tels phénomènes ont de quoi réconforter ceux qui, comme moi, issu du parti radical de gauche se sont opposés à un brutal renversement d'alliance et de stratégie en fusionnant avec les radicaux valoisiens, tirant un trait sur leur passé. 
Oui, il y a un avenir à gauche, même si la gauche est à reconstruire. 
Non, la fusion des deux courants du radicalisme  n'offre en soi aucune perspective politique est n'est pas en tous les cas le moyen de conquêtes lors des prochaines échéances.
Oui, il y a un présent à gauche, en dehors du macronisme et cela justifie en soi l'émergence d'un pôle radical, clairement situé à gauche et qui participe au renouvellement de cette famille politique. 
Les Radicaux de Gauche ont devant eux une tâche difficile, mais exaltante. 



lundi 11 décembre 2017

Le parti radical de gauche est mort

VIVENT LES RADICAUX DE GAUCHE
Les radicaux de gauche sont bien vivants autour de la nouvelle bannière, Virginie Rozière, entourée de Stéphane Saint-André et d'Olivier Taconet et d'une trentaine de radicaux décidés à construire leur avenir
Disons-le tout de suite, le mariage est passé complètement inaperçu. C'est que, au même moment, à quelques mètres de là, la foule s'amassait pour rendre hommage au chanteur français le plus populaire du siècle. Tout effort pour promouvoir quoi que ce soit d'autre était peine perdue, sans parler de faire passer un message politique. Cela ne veut pas dire cependant que ce qui s'est passé ce samedi 9 décembre 2017, date anniversaire de la loi de la laïcité, soit sans conséquence sur la vie politique française. 

Le parti radical de gauche a donc voté dans l'indifférence générale son propre suicide avec 85 % des votants. Ce score en a impressionné plus d'un. Les opposants à la fusion sentaient pourtant que le scrutin pouvait déjouer les pronostics mais ... un appareil reste un appareil. Comme disait justement Paul Dhaille : c'est plié. Ils ont réservé la salle et le traiteur. Ce n'est pas pour s'emm... avec un vote. 

De fait, le bruit a couru de manière insistante que l’utilisation des pouvoirs des fédérations non représentées était laissées à la discrétion de la Présidente. Une procédure beaucoup plus facile à faire passer lors d'un vote électronique… Comme beaucoup de radicaux de gauche avaient renoncé à se déplacer et pour refuser de cautionner la démarche et pour éviter d’assister à leur mort programmée, le résultat fut d’une brutalité sans appel.
Dommage pour la démocratie et le débat.
Ni vote des militants (le congrès, comme on a pu le voir, est une instance déléguée, et ne représente qu'une faible partie des adhérents), ni débat n'ont précédé cette fusion qui ne ressemble à rien. Rappelons qu'à l'intérieur des fédérations départementales consultées, une grande majorité s'opposait au rapprochement avec les valoisiens. 
Il n'empêche. Une fois passées larmes et désillusions, les opposants actifs se sont retrouvés dans un restaurant voisin "La Terrasse" que nous avions réservé à proximité du congrès. Ici le débat et la détermination ont été lancés. L'espace réservé à l'origine s'est révélé insuffisant pour accueillir toutes les bonnes volontés. De nombreux Jeunes Radicaux de Gauche nous ont rejoint avec leur énergie ce qui nous a permis de refaire le monde assez rapidement et au passage de jeter les bases de l'action. 
Plan d'attaque, plan d'action, plaisir à être ensemble, voilà le mélange idéal pour bâtir l'avenir et construire le radicalisme de demain, base d'une gauche à même de répondre aux défis du siècle.


À très vite ! 

lundi 4 décembre 2017

ma lettre à Sylvia Pinel

Madame la Présidente, chère Sylvia




Tu viens de m'écrire, ainsi qu'à presque tous les adhérents du parti radical de gauche, une lettre (à laquelle tout un chacun peut avoir accès en cliquant là ) qui m'a laissé un temps sans voix avant de me dire que, finalement, elle méritait réponse.

C'est entendu, la politique est malade, la gauche est malade, le radicalisme est malade, et nous-mêmes ne nous sentons pas très bien. Il n’empêche, rien dans ton courrier ne répond aux attentes économiques, politiques et sociales alors même que si la politique doit avoir un sens, et derrière elle les partis, c’est bien pour donner un sens à l’action, en dégager les enjeux et faire des propositions alternatives.  
Or, non seulement la fusion que tu proposes n’offre pas d’alternative, mais, pire encore, elle ne donne pas non plus les moyens d’en construire une.

Un autre radicalisme est possible
Tu décides de rayer d’un trait de plume l’histoire du parti radical de gauche, en proclamant que l’Histoire impose le rapprochement des deux familles radicales. Macron aurait, par miracle, fait disparaître les notions de droite et de gauche, réalisant ainsi le vieux rêve de la famille centriste. Tu en prends acte dans la vidéo que tu publies sur le site du prg en déclarant que le projet de la famille radicale réunifiée est de redevenir … «ce parti du centre »
Tu m’excuseras de ne partager ni ce point de vue ni ce projet. Je n’y vois aucune affirmation d’indépendance, mais au contraire la démonstration que notre parti est non seulement sous influence mais se refuse à la réflexion, laissant ce rôle à la future structure.

Le devoir de mémoire
Or nous avons une histoire, et personne ne peut, à notre place en faire le bilan. Nous le devons à nous-mêmes, nous le devons aux adhérents, aux sympathisants et aux électeurs, à tous ceux qui nous ont suivis pendant toutes ces années. Avec nos adresses et maladresses mais avec notre cœur, nous avons contribué à l’histoire de la gauche et à l’évolution de la société française. Il est une citation qu’on accorde tantôt à Churchill, tantôt à Confucius disant qu’un peuple qui renonce à sa propre histoire, se condamne à la revivre. Dans notre cas, refuser notre histoire, la considérer comme une parenthèse nous condamne tout simplement à mort. Ce n'est rien moins qu’un reniement de ce que les radicaux de gauche ont construit pendant des années, avec les figures contestables et incontestables de Bernard Tapie, Michel Crépeau, Christiane Taubira, Bernard Kouchner et Jean-Michel Baylet notamment. Les radicaux ont ancré à gauche le besoin de renouvellement social, la mise en avant de la laïcité quand elle semblait une évidence assise, la réflexion sur l’économie solidaire, l’attention à l’évolution des mœurs face à l’ordre moral oppressif.
Tout cela, résumé trop rapidement, raconte à quel point nous avons eu notre rôle dans la vie politique, en dépit de notre faible poids électoral, précisément à cause de notre indépendance et de la détermination de nos dirigeants, de nos élus et de nos militants.

La politique n’est pas un ventre mou
Tu verses dans la palinodie en nous proposant d’échanger notre action au service d’une gauche moderne contre la perspective de nous installer dans le centre, ventre mou de la politique, auquel nous apporterions la bonne parole radicale.
Tu m’excuseras de ne pas répondre à cet acte de foi.
Quel avenir pour une fusion lors même que nous renonçons à la gauche qui faisait notre identité. Depuis 20 ans que je suis au parti radical de gauche, j’ai pu constater que 80 % des adhérents ont adhéré parce qu’ils étaient de gauche.
Tu nous proposes de nous unir à ceux qui nous ont combattus, qui ont notamment soutenu Nicolas Sarkozy et qui, localement, ont combattu nos équipes ou nos alliés.
Penses-tu vraiment que la victoire d’Emmanuel Macron ait effacé l’histoire de ces dernières années ? Penses-tu qu’Emmanuel Macron ait effacé les notions de droite et de gauche ? Penses-tu que, comme l’ensemble des partis sous influence, l’avenir de la politique ne puisse se situer que dans le ventre mou du centre, où déjà, face au parti du Président, nous n’aurons pour perspective que de nous noyer ou de nous entre-déchirer avec l’Udi, l’Udf, le Modem, les centristes, sans parler d’autres officines créées par des politiciens cherchant à sauver leur boutique.
Pour ma part, je ne serai pas de ce renoncement radical.

L’espoir est ailleurs.
La politique est malade, la gauche est malade, le radicalisme est malade, cela ne signifie pas qu’ils doivent mourir.
La politique est malade et Macron en est le symptôme, même si son élection improbable a permis d’écarter du pouvoir les populistes de la France Insoumise et du Front National.
La gauche est malade, parce qu’elle s’est montrée incapable et de tirer son propre bilan et de tracer des perspectives cohérentes.
Le radicalisme est malade parce que sa santé fragile a été ébranlée par l’émergence du macronisme et la déroute de ses alliés.
Mais ni la politique, ni la gauche, ni le radicalisme ne sont morts. Ils revivront parce qu’ils sont indispensables à la respiration de la démocratie.
Le radicalisme, fragile encore, doit être au centre de la recomposition de la gauche de gouvernement. Une gauche créative, attentive, apte à répondre aux nouveaux défis du monde, qu’il s’agisse de l’éducation d’abord, dont la modernisation est durement attaquée par le nouveau gouvernement, liés qu’il s’agisse de la citoyenneté moderne et des enjeux liés à la protection des lanceurs d’alerte, à la protection de l’individu dans la société numérisée, qu’il s'agisse de la relation de l’humain au travail à l’heure de la robotisation, qu’il s’agisse encore de la formation tout au long de la vie, bref, qu’il s’agisse du projet de l’épanouissement de l’humain et de son rapport à la nature reconsidéré par le réchauffement climatique. Le radicalisme encore, créateur de la laïcité, doit promouvoir ce concept dans un projet universel. Cette vision universaliste propre à la gauche est aussi la seule voie qui puisse permettre une solution à la crise des réfugiés.

De tout cela, je n’ai pas vu trace dans ta lettre. Je suis persuadé que sur ces points fondamentaux, nous aurons les plus grandes difficultés à trouver des points d’accord avec cette branche du radicalisme qui a soutenu la saisine du conseil constitutionnel pour faire abolir la loi sur le mariage pour tous, dont les radicaux de gauche sont les parents.


C’est la raison pour laquelle, Madame la Présidente, chère Sylvia, je voterai contre la disparition des radicaux de gauche dans le projet de fusion avec les radicaux valoisiens.

Olivier Taconet
Président de la fédération de l'Eure du parti radical de gauche

vendredi 17 novembre 2017

Panique au Comité Directeur

Il y avait beaucoup d'attente autour du comité directeur du parti radical de gauche. Convoqué pour le 15 novembre, d'une manière on ne peut plus statutaire, il était la première réunion des instances depuis le speed dating de Montpellier[1], où l'on avait fait se rencontrer les deux branches du radicalisme, frères ennemis depuis un demi-siècle, c'est à dire depuis la naissance de l'union de la gauche en 1972. 

Le chaos, le ko et le cahot.


Après le chaos des présidentielles, lorsque tout le monde était K.O., les radicaux ont proposé cet ultime cahot ; réunir les deux familles radicales, séparées depuis 50 ans.
Michel, réveille-toi ! Ils sont devenus flous.
Formidable ! Proposer enfin quelque chose de positif dans un monde politique décomposé. Après tout, les radicaux valoisiens n’étaient pas si méchants. Peu importe leur passé, le fait qu’ils aient soutenu les pires politiques de droite sans sourciller, qu’ils se soient rangé selon le sens du vent du côté des sarkozystes, des chiraquiens, voire des fillonnistes. Après tout, il fallait regarder l’avenir et suivre la mode du « et à droite, et à gauche ».  
C’était là une manière d’acter la victoire de Macron et de se frayer un chemin dans le marais centriste.

Le seul problème c’est que les radicaux de gauche sont de gauche. Ce qui est emmerdant avec les militants, c’est pas tellement qu’ils se trompent, après tout ça arrive à tout le monde, non, le problème c’est qu’ils croient à ce qu’ils disent et à ce qu’ils font. Et tout ceux qui ont pris leur carte au parti radical de gauche, l’ont prise par ce qu’ils étaient à gauche. Parce que, malgré les divergences légitimes qui pouvaient exister, les radicaux de gauche défendaient l’idée d’une gauche de gouvernement avec toutes les déclinaisons locales que cela suppose.
La pilule est effectivement difficile à faire passer et l’on comprend que la direction du prg ait préféré mener discrètement les négociations visant à la fusion des deux branches radicales plutôt que d’en parler aux militants.

Les militants sont à gauche et ... à gauche

Ainsi, alors que le prg ne proposait rien de moins que sa propre mort, a-t-il évité tout déballage et tout débat entre direction et militants.
Le comité directeur réunit les représentants de chaque fédération avec la direction et les élus. Ce 15 novembre était l’occasion unique de se faire entendre avant une fusion prévue début décembre.
La direction avait joué classiquement le coup en laissant les opposants à la fusion s’exprimer avant de passer à autre chose et notamment à un vote où ils seraient marginalisés. Mais les choses ne se sont pas passées exactement comme ça.
La faute tout d’abord aux valoisiens et aux déclarations publiques de leurs dirigeants assurant que dans la future formation la double appartenance serait possible. Cette double appartenance a un sens tout à fait particulier chez les radicaux de droite. Cela veut dire tout bêtement rester à l’Udi tout en adhérant au nouveau parti.
On sait que les valoisiens ne sont pas des enfants de chœur. Il n’empêche qu’affirmer la nécessaire affiliation politique à l’Udi à quelques semaines de la fusion est plus qu’une incorrection vis-à-vis des radicaux de gauche.
A Montpellier, en septembre, lors de discours touchants, les valoisiens disaient souhaiter la fusion pour s’émanciper de l’Udi.
Il y a deux raisons qui peuvent expliquer l’apparent retournement de veste des dirigeants valoisiens, et qui ne sont pas contradictoires. La première c’est que la pression politique entre centristes et valoisiens est si forte que ces derniers doivent rassurer leurs troupes et les intérêts particuliers de leurs représentants. La deuxième est que, devant la faiblesse de la direction du prg[2], les valoisiens peuvent avancer en parfait cynisme et mépris des opposants.
Et justement, à propos de faiblesse, il y a eu lors de ce fameux comité directeur, un épisode pour le moins inattendu avec l’affirmation d’une divergence de taille.
Ainsi, Guillaume Lacroix, premier vice-président, soumettait-il au vote une remise en cause de l’actuelle présidence du parti tout en se défendant de vouloir faire un coup d’état.
... Mort de rire !

Même pas drôle

 Enfin, tout le monde ne rigolait pas. À vrai dire Jean-Michel Baylet, qui avait installé la présidence actuelle pour lui succéder, voyait l’édifice s’ébranler, et Sylvia Pinel sentait le danger. À la tribune, les deux adversaires côte à côte se donnaient du vouvoiement et du Monsieur le vice-président et du Madame la Présidente … Pour dire, on était en toute fraternité radicale !
Il y eut donc un vote qui donna à une courte majorité le maintien de la présidence actuelle, une présidence divisée, affaiblie, qui affronte dans les pires conditions la fusion entre les radicaux.

Alors, alors, on en aurait presque oublié l’essentiel du débat. Les radicaux de gauche, le radicalisme va-t-il mourir ? Va-t-il mourir après une absorption de la gauche par la droite radicale qui après se trouvera elle-même absorbée par l’Udi ?

Du droit de mourir dans la dignité

On peut, on doit craindre le pire, même si la crainte n’évite pas le danger. Il y eut un autre vote lors du comité directeur, qui donna une large majorité à la proposition de fusion qui devra être officialisée …

La fusion signifiera non seulement la fin de l'idéal porté
par les radicaux de gauche, mais la fin du radicalisme
lui-même. Lorsque les valoisiens qui ont fait du radicalisme
un paillasson, défendent le principe de double-appartenance,
c'est à dire de rejoindre l'udi, ils pratiquent déjà la violence
conjugale. La direction du prg ne réclame même plus pour
elle-même le droit de mourir dans la dignité.   
Une large majorité, certes, mais pas une quasi-unanimité, comme Guillaume Lacroix s'est empressé de le dire après avoir loupé son coup. Surtout que rapidement quelqu'un a transformé la quasi-unanimité en unanimité tout court. Bon, soyons sérieux il y a eu 1/4 à plus d'1/3 des participants à voter contre la fusion, ce qui fait une forte minorité. Pourquoi une telle imprécision ? Tout bonnement parce la direction n'a pas voulu compter les opposants. Quel dommage !
On sait aussi, lorsqu’on est sur le terrain, que soit les adhérents rejettent la fusion, soit ils s’en vont … et l’on peut penser que le départ des militants fasse partie du calcul de la présidence actuelle du parti. Quelle misère pour un parti qui a fait du droit de mourir dans la dignité une de ses principales revendications.  
Il n'empêche, le congrès début décembre doit se prononcer pour ou contre la réunification. Or, comme l'ont démontré la présidentielle et tous ses préliminaires, en matière de démocratie, rien n'est joué. En votant contre la fusion, on peut encore sauver le radicalisme. C'est tout l'enjeu !







[1] Les journées d’été du radicalisme ont eu lieu en septembre à Montpellier. Il s’agissait de faire se rencontrer dans une ambiance policée et aimable les deux familles radicales. On a fait ça très vite et très rapidement pour éviter les débats inutiles et, hors des débats qui fâchent, chacun en a gardé un bon souvenir.
[2] Qui, du prg ou des valoisiens a proposé le rabibochage entre les deux formations ? Et si c’était le prg, en état de faillite financière, qui l’avait proposé, se rendant ainsi pieds et poings liés à leurs adversaires d’hier ? On comprend que dans cette situation, qui n’est qu’une hypothèse, on ne se place pas dans la meilleure des situations pour négocier.