samedi 19 novembre 2016

Primaires : le boomerang de sarkozy


Seul phénomène de campagne : l'attaque contre Bayrou,
traité comme un horrible gauchiste par Nicolas Sarkozy.
A mes yeux, pas de quoi casser trois pattes à un canard.
Je me trompais. C'était une vraie stratégie de Sarko, sauf
qu'elle risque de se retourner contre lui.
En politique, j'ai un vrai problème : je n'arrive pas à comprendre ce qui se passe dans la tête de quelqu'un de droite. Sans doute du fait que je suis de gauche. Bien à gauche. C'est culturel. Je vois très bien ce que pense un radical (de gauche), un écolo, un communiste, un socialiste, avec toutes ses mouvances (de Valls à Filoche, ce vieux Filoche, que j'ai connu quand j'étais gamin et qu'il était un grand étudiant de l'après 68), un gauchiste (avec toutes ses nuances des post-trotskystes aux récupérateurs des Nuits debout, un anarchiste, un ultra-gauche même, et parfois j'arrive jusqu'à comprendre des macroniens même si c'est un peu plus difficile. J'ai mon point de vue, je ne suis pas d'accord avec tout le monde, c'est rien de le dire. Mais je suis les débats...

J'admets cependant que tout ce qui se situe à la droite de Bayrou à tendance à dépasser mon entendement. C'est pas faute d'essayer. Je reprends toujours ce principe humaniste : "rien de ce qui est humain ne m'est étranger" ... mais j'ai du mal. Voilà pourquoi, notamment, je me suis bien gardé d'intervenir  jusqu'à présent sur les primaires de la droite et du centre.
Je ne partage pas le point de vue de certains amis de gauche qui sont prêts à aller déposer un bulletin pour Juppé. Je comprends cependant qu'on veuille éviter d'avoir  à voter Sarkozy en cas de deuxième tour face à Marine Le Pen ce qui risque de se produire d'ici quelques mois ... et qui sera le sujet du prochain café radical. 
Je comprends aussi qu'on s'intéresse à ce qui se passe lors des débats des primaires même si j'ai du mal à en saisir toutes les subtilités. Pour moi, d'ailleurs, comme pour beaucoup de Français, les choses étaient pliées : On aurait un duel Juppé/Sarkozy, et n'en parlons plus... Les deux premiers débats n'avaient pas réussi à différencier les candidats. Chacun avait fait des efforts, ses surenchères, chacun avait eu sa part de maladresses, et puis voilà. Il n'y avait pas de surprises à attendre.
Erreur ! 
Erreur, disent les sondages. Erreur, il y a le phénomène Fillon, le troisième homme. Celui qui était à égalité avec Le Maire, voire même légèrement derrière, serait le phénomène de fin de campagne.
Bon, là aussi, j'admets, je ne suis un lecteur régulier, voire occasionnel ni du Figaro, ni de Valeurs Actuelles. Pas étonnant que je n'ai pas vu venir le phénomène et je dois dire, qu'à suivre Fillon, je n'ai rien vu de changé dans son comportement de clown terne, pas encore remis de son quinquennat masochiste au service de Nicolas Sarkozy. Bref, je ne comprenais pas et c'est là que, croisant un ami de droite, je lui ai posé cette question qui me turlupine depuis plusieurs jours : " Comment expliques-tu la remontée dans l'opinion de François Fillon ? Est-ce qu'à ton avis ce sont les sondages qui se trompent ?"
Je vous livre sa réponse en tout point intéressante. 
Tout d'abord, selon lui, les sondages ne se trompent pas. Il y a bien un effet Fillon qui date d'il y a quelques jours. Reste à savoir pourquoi.
Fillon, n'est pas Trump. Pas de propos choquants ou inattendus. C'est un être tristement constant, dont on pourrait penser qu'il a directement inspiré l'auteur de la formule "il sourit quand il se prend les doigts dans une porte". Alors, pourquoi Fillon ? 
En fait, me dit mon ami : "on ne peut expliquer cela que par l'effet Sarkozy ... 
- ? 
- Oui, Sarkozy, quand il a attaqué Bayrou. 
- ... C'est vrai que l'attaque anti-Bayrou qui ne participe pas aux primaires, est le seul élément marquant de la campagne de ces quinze derniers jours. Et alors ? 
- Alors voilà. Bien sûr, il ne visait pas Bayrou. Il visait Juppé. Et ce n'était peut-être pas si mal calculé : ça a amené à droite une défiance anti-Juppé. Et c'est Fillon qui en a profité ..."
Lumière ! J'avais subitement tout compris. À supposer que les résultats des sondages soient confirmés par le vote de demain cela voudrait dire plusieurs choses.
La première c'est que l'activisme de Sarkozy ne passe pas inaperçue et à des conséquences sur l'électorat. 
La deuxième c'est que, quoi qu'il dise et quoi qu'il fasse, Sarkozy ne peut pas remonter dans les sondages. Parce que sa stratégie clivante a atteint ses limites, ce dont tout le monde s'était d'ailleurs rendu compte autour de lui. 
La troisième, c'est que dans la tête de l'électeur de droite, Fillon, avec tous ses défauts, était celui qui devait profiter du doute instillé par Sarkozy sur Juppé. D'abord il n'est pas Juppé, ensuite, il n'est pas Sarkozy, enfin, non seulement, il était le troisième de la course, puisqu'il venait de dépasser Le Maire, mais surtout, il était le seul du troupeau des prétendants à représenter quelque chose... 
Bon, demain, on verra bien si je me suis trompé. N'empêche, quel bonheur ce serait que de voir Juppé et Fillon qualifiés pour le deuxième tour. Un bonheur supplémentaire puisque je n'y serais pour rien... et que le seul responsable serait bien notre Nicolas qui devrait pourtant s'y connaître en matière de boomerang... Mais il en est qui ont vraiment du mal à apprendre de leurs échecs. Dommage ;)




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