vendredi 19 août 2016

Ma contribution au congrès 2016 du parti radical de gauche





Etre radical, c’est être progressiste


Depuis 1973, le terme de crise n'a pas quitté le devant de l'actualité. Il serait vain par ailleurs de nier que nous vivons des temps difficiles. Pour autant, au delà des horreurs qui nous bouleversent, des nouvelles qui nous affligent, des catastrophes qui nous glacent, le monde des affaires, du commerce, continue de vivre sa vie, même si cela ne fait pas vendre que de le dire. La presse, les relais d'opinion et les politiques le savent bien, qui alimentent chacun à leur manière, ce vent mauvais qui souffle sur la France, sur l'Europe et sur le Monde. 

J'étais en Italie lorsque, parmi les horreurs revendiquées par Daesh, le prêtre de la banlieue de Rouen a été égorgé par deux abrutis. Quelle n'a pas été ma surprise d'entendre la radio dire que Daesh s'attaquait à la France catholique, à Rouen même, la ville aux cent clochers célébrée par Victor Hugo. 
Mais c'est le contraire qui s'est passé !

Rouen, et encore moins sa banlieue, n'est en proie à une ferveur religieuse. La foi y est marginale. la bigoterie absente. Malgré l'horreur de l'acte, on est loin de la barbarie organisée du 13 novembre, sans parler du 11 septembre 2001. Il faut par ailleurs souligner, que le pari sécuritaire consistant à maintenir la Cop 21, le championnat d'Europe de football et le tour de France a été gagné. Daesh est contraint de s'appuyer sur des individualités isolées, des brutes suicidaires pour commettre ses abominations. Cela ne fera pas revenir les enfants et familles participant à la fête du 14 juillet à Nice, ni les jeunes qui ne demandaient qu'à profiter de la douceur d'une soirée parisienne le 13 novembre dernier, ni les policiers, militaires, prêtre ou simples individus qui ne demandaient qu'à respirer, mais il faut le dire : la police a fait un travail aussi remarquable que difficile. Et la pratique de Daesh, pour abominable qu'elle soit, est d'abord un aveu de faiblesse, à l'image de la situation militaire de l’État Islamique.

Un mot, un seul au sujet de la Syrie, juste pour rappeler que la révolte syrienne, hélas avortée, et qui continue de se transformer en massacre, s'intégrait dans ce qu'on appelait alors le printemps arabe. On a laissé, on laisse, les démocrates s'y faire massacrer. Pas un de ceux qui essaient de mettre sur le même plan l'action occidentale et celle de Poutine en soutien aux dictateurs, n'a levé le petit doigt ou fait preuve de la moindre sympathie envers la population, dont une grande partie constitue le flux des réfugiés.
Or, si nous ne soutenons pas partout dans le monde le principe de la liberté, à quoi servons-nous et quel est notre avenir ? 

Parce qu'il faut bien parler d'avenir. 
S'il est un domaine où le terme de crise n'est pas galvaudé, c'est celui de l'Union Européenne. Le Brexit, le "Turxit" dont on parle trop peu, arrivent comme les terribles déclinaisons du référendum perdu de 2005. Les optimistes ont beau dire que le départ de la Grande Bretagne permettrait  enfin à l'Europe de poursuivre son développement, rien ne justifie cet acte de foi. Les raisons obscures du coup d’État raté, marquent la fin d'une Turquie tournée vers l'Europe et ses exigences de liberté. 


La Turquie d'Erdogan préfère la Russie de Poutine, indifférente à la nature des régimes politiques de ses alliés tant qu'ils lui permettent de mener son monde à sa guise et de les soumettre à leurs intérêts immédiats.
Or, la dictature, le cynisme politique est le contraire de ce pourquoi nous nous battons, de ce pourquoi nous, les radicaux, sommes engagés. 

Un mot a significativement disparu du vocabulaire politique, c'est le terme de progressiste. 
Or rien n'est plus progressiste qu'un radical. 
Être progressiste, ce n'est pas avoir une confiance aveugle en l'avenir, c'est au contraire le refus de la fatalité. C'est le refus des réactions hystériques à chaque attentat, comme celle qui consiste à réclamer la peine de mort pour ceux qui ont choisi de se faire exploser. C'est le refus de laisser l'Europe et la démocratie se défaire. C'est le rejet de tout ce qui s'oppose à la liberté. C'est la défense de l'humanisme. 
Parce que le progrès, c'est ça. Une création humaine, collective, rien d'autre.
C'est la réponse humaniste à la bêtise, parce qu'on sait qu'en période de crise, les âneries qui prêtent habituellement à rire, peuvent se transformer en atrocité lorsqu'elles prennent le pouvoir. 
D’ailleurs, et c’est d’une logique mathématique, le terme progressiste s’estompe et les vieux réacs reprennent du poil de la bête.
Être progressiste nous distingue de toutes les formes de la Réaction. De celles de la droite, bien sûr, de son conservatisme douillet, pour qui tout projet collectif est suspect. Mais être progressiste nous distingue aussi des écologistes et de leur foi en la nature. Nous préférons mille fois la nature humaine, avec ses écueils et avec son génie. Nous savons que la réponse à la crise environnementale ne pourra venir que d'un projet humain et collectif et non d'une identification à une nature bonne par nature qui n'a jamais existé. Enfin, l'idée de progrès implique la rationalité et l'intelligence comme première des valeurs, avec une remise en cause permanente, bref, le contraire des écueils socialistes et communistes considérant le paradis sur terre comme une évolution inéluctable de l'humanité, là aussi conduisant aux pires erreurs et horreurs de l'Histoire. 

Oui, le terrorisme, le repli sur soi, la montée des obscurantismes, l'affaiblissement de l'Europe, tout cela est indéniable. Mais que cela ne nous empêche pas d'avoir confiance en l'avenir, de défendre l'idée de progrès, parce que nous devons garder confiance en l'humanité.
Nous vivons un  de ces hoquets de l'Histoire, qui, de l'Inquisition à la Restauration n’ont pu empêcher la marche en avant de l'Humanité. N'oublions pas non plus que les avancées les plus impressionnantes en la matière ont eu lieu à la suite de la terrible  régression de la deuxième guerre mondiale et du massacre organisé des camps de la mort. 

Simplement, face à la Réaction, les humanistes, les radicaux, les progressistes ne doivent pas baisser les bras. Il faut se battre sans arrêt pour la liberté, l'égalité, la fraternité et la laïcité, ces idéaux Républicains dont on voit qu'ils ne sont jamais acquis même s'ils nous sont une évidence.
Il faut se battre pour l'humanité. Il faut se battre pour le progrès. Ne rien lâcher.
Fier d'être radical et progressiste.

Olivier Taconet
Président de la fédération de l'Eure


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