mercredi 31 août 2016

La contribution de Thierry Jeantet pour un projet humaniste et progressiste de l'action politique








Thierry Jeantet
« La Politique moderne se nourrira de Projets ou ne sera pas »
Quelques éléments d’un projet de politique radicale *
                       







*En hommage à Alain, né à Mortagne-au-Perche, qui avait publié Éléments d’une doctrine radicale (Gallimard, 1933).





 

Un contexte de Crises, violences, innovations, mutations

Ce début de XXIe siècle est une sorte de chaudron, où se mélangent :
-         Terreur djihadiste (Al Qaïda, Daech…), guerres ou tensions européennes (Russie/Ukraine..), guerres civiles africaines (République Centre Africaine, Soudan du Sud), persistance et inflation des tensions et guerres au Moyen-Orient (Syrie, Israël/ Palestine, Yémen..). Seuls dix pays dans le monde échapperaient (directement ou indirectement) à de telles catastrophes.
-         Crises climatiques successives conduisant à des migrations environnementales auxquelles s’ajoutent les migrations politiques et économiques. Le nombre de migrants internationaux a doublé en trente ans, représentant 232 millions de personnes en 2013 soit 3,3% de la population mondiale ; mais viennent s’ajouter 732 millions de « migrants internes », c’est-à-dire vivant en dehors de leur région natale. Certaines études montrent qu’au moins 150 millions de personnes se seront déplacées d’ici à 2050, uniquement pour des raisons climatiques.
-         Crises économiques qui s’ajoutent les unes aux autres, notamment celles de 2008 et 2011, dont les effets négatifs sont bien connus et ont poussé certains pays développés à mettre en place des politiques de rigueur aux résultats de plus en plus discutés.
-         Crises alimentaires qui, selon la FAO, touchent 37 pays dans le monde du fait de la désertification des sols, du manque de cultures vivrières, d’une démographie galopante dans certains pays, de la demande croissante de viande et produits laitiers (besoin de grandes quantités de céréales pour les produire), mais aussi des crises économiques et financières et de la fluctuation des prix.
-         Persistance des inégalités entre le nord et le sud mais aussi au sein du nord, même si le Programme de Nations Unies pour le Développement note que les 10 % des habitants de notre planète les plus riches possèdent 83 % de la richesse mondiale. Selon un rapport d'Oxfam de 2014, 1 % de cette même masse de la population possède 50 % de cette même richesse[1]. Selon ce rapport, les inégalités ont été accrues à la suite de la crise financière de 2008.
-         Crise Sociale, résultante évidente de ces différentes crises, soulignée dans des pays comme la France par un chômage établi depuis de nombreuses années à un niveau élevé.
-         Révolution numérique qui modifie et va encore modifier profondément la communication, les échanges, la vie civique, politique, éducative, culturelle … Combinée avec d’autres innovations, elle permet le pilotage d’appareils complexes, transforme les moyens de transports (Vélib, Blablacar, IdTGV …), des secteurs entiers (taxis avec 99Designs ou Uber), les biens culturels (iTunes, Netflix …), la publicité (Google, Amazon …), le tourisme (AirBnB, Booking.com …). La conception de l’automobile, des bâtiments, des infrastructures est modifiée. La médecine elle même évolue rapidement (greffes de cellules, informations ADN, microsystèmes et prothèses …). Ces avancées touchent aussi les services d’intérêt général et services publics (collectifs territoriaux collaboratifs, Smart Cities …).
Ce rapide panorama[2] est, bien-sûr, incomplet mais oblige à concevoir la politique donc la « gestion de la Cité » autrement. Tous ces « mouvements » montrent que le XXIe siècle ne peut être celui du retour en arrière ou même du simple ravaudage des anciens systèmes. Car contrairement à ce que laissent entendre celles et ceux qui s’imaginent encore, par intérêt à court terme ou naïveté, qu’il suffit de « corriger » le modèle dominant de l’après chute du Mur de Berlin pour trouver le chemin de la croissance, la notion de « transition » écologique et technologique a conduit à des approches déjà plus réalistes bien que timides. Nous sommes sans doute déjà au-delà de simples transitions et déjà engagés dans des mutations transformatrices irréversibles. La question est : comment les mettre au service d’un ou plusieurs « projets » et lesquels ? « Gouverner c’est prévoir » disait Pierre Mendès-France, il semble qu’il ait de ce point de vue plus que jamais raison ! Aux USA, le candidat Bernie Sanders aux Primaires Démocrates de cette année, bien conscient de cela, a connu un succès inattendu notamment en affichant clairement son projet politique progressiste.
Il est donc urgent d’en venir à l’ambition ou espoir de voir surgir des « Projets politiques » proposant des caps, jouant un rôle initiateur et rassembleur. La Politique du jour le jour propre aux « experts » politiques a été très à la mode durant de longues années, la pseudo-modernité étant de s’adapter sans s’encombrer d’objectifs perçus comme contraignants. Ainsi ont été évacués plans d’action, références et valeurs sous prétexte d’efficacité immédiate, de réalisme face aux aléas économiques, sociaux, internationaux … Cette attitude a souvent correspondu à un abandon du politique face à une économie du laissez-faire et aussi à une appréciation candide du libéralisme, bien des États « libéraux » sachant masquer leurs liens concrets avec le monde de l’entreprenariat. Elle a conduit aussi à un embaumement des valeurs essentielles à la République, à la Démocratie, considérées comme définitivement acquises. L’absence de Projet ambitieux favorise les divisions, l’ostracisme, le repliement et le découragement.
Les crises, violences, innovations et tout autant mutations impliquent de réagir et surtout agir grâce à des Politiques s’appuyant sur des Projets.

République en péril ou nouvelle République ?

« La République […] est nécessairement travaillée, et déchirée quelques fois, par une opposition formidable »[3].
Aujourd’hui la République, la Démocratie en France, en Europe et bien au-delà, sont menacées par des actions violentes de déstabilisation que symbolisent les attentats. La notion d’état d’urgence traduit une volonté de résister. C’est la menace la plus douloureuse, la plus visible. Elle provoque alternativement l’union et des divisions. En France, l’État légifère, mobilise police et gendarmerie à l’intérieur et armée à l’extérieur, fait appel à des « réservistes ». C’est un combat. Mais en arrière-plan, ne faut-il pas s’avouer à nous-mêmes que d’autres fractures mettaient déjà la République et la Démocratie en danger ? Déjà anciennes, comme une crainte de perte d’identité, une peur plus générale des effets de la mondialisation, le chômage de plus en plus élevé au cours des récentes décennies. Abstentions, montée en puissance de l’extrême droite (en France comme dans d’autres pays européens) en sont d’évidentes traductions.
Sauf au plan local, la « Politique » déçoit. Elle paraît s’éloigner des Citoyens, avoir du mal à trouver des réponses face à tant de mutations et transformations sociales ou technologiques ainsi qu’aux crises financières et économiques. La Politique semble sans « Projet » ou se résumer à une succession de petits projets dont l’utilité n’est pas systématiquement discutée mais dont la cohérence échappe aux citoyens. Dominique Schnapper[4] résume cette situation ainsi : « la partie de l’enquête consacrée à la population globale montre que les Français sont inquiets, qu’il existe une forte crise de confiance, et une tentation au repli sur soi. » Ce sentiment est partagé, y compris par les classes moyennes qui dans notre pays (mais aussi dans d’autres pays européens et aux USA) se sentent mises à l’écart. Ce constat est encore plus exact pour les jeunes, et le mépris de certains pour « Nuit Debout » résulte d’une sorte d’aveuglement devant leurs préoccupations, attentes, propositions. Ce type de manifestation, rappelant celles des Indignés ailleurs, est un marqueur parmi d’autres des fractures civiques et politiques.
Pour Alain[5], « Où est la Démocratie sinon dans ce troisième pouvoir, que la science politique n’a point défini et que j’appelle le contrôleur ? ». Certes, mais il faut aujourd’hui ajouter le co-décideur ou « initiateur » donc le citoyen-acteur. Des expériences encore modestes de municipalités vont en ce sens, mais elles devraient être réalisables aussi au plan régional, voire au-delà. Dans le même esprit, il est temps de dépasser« la France s’engage » et d’aller vers un renforcement des partenariats publics/associations tant au plan national que régional et local. En parallèle aux start-ups économiques (privées, d’Économie Sociale et Solidaire, voire publiques), il faut favoriser le développement de start-ups civiques, associatives et la modernisation des grandes structures sociales, culturelles, éducatives et sportives sans but lucratif. La Libération des énergies ne peut se résumer au sempiternel discours sur le libéralisme strictement économique.
Comment donc renouer le fil entre la Cité et la Politique, sinon en donnant aux citoyens de nouvelles capacités d’expression, d’interpellations et de participation ? La Constitution française contient quelques premières réponses[6] rarement utilisées (à chaud à propos de Notre Dame des Landes).
Un des éléments d’un « Projet » devrait être de mieux instiller de la Démocratie Directe (appliquée dans 26 États des USA, dans les Länders allemands, en Suède, Italie), Participative, dans une Constitution qui doit, pour autant, ne pas amoindrir la Démocratie Représentative. Par exemple, en permettant aux citoyens de pouvoir, en vrai grandeur, non seulement proposer des Projets, des actions, mais participer eux-mêmes à leur réalisation.
Amender la Constitution pour réenchanter le lien entre Citoyen et Institutions est nécessaire ; encourager et soutenir les initiatives, Projets de la Société Civile est tout autant indispensable. Une « conférence annuelle des partenaires associatifs » devrait permettre de mesurer les progrès réalisés.
Comment tout autant prendre en compte la double tension entre Nation et Mondialisation et entre « Urbains et Ruraux »[7] ? La crispation nationaliste s’est manifestée lors de diverses consultations électorales, la crispation localiste également. Comme si, malgré la multiplication des moyens de transport et de communication qui créent un extraordinaire tissu mondial, celle-ci s’accompagnait d’une angoisse diffuse de perdre ses racines, d’être isolé. La République en souffre, les scrutins successifs parfaitement démocratiques révèlent ce malaise.
L’éducation et l’information concernant les processus de mondialisation et de globalisation restent très insuffisantes et contribuent à accroître ce phénomène ; la simplification bienvenue du mille-feuille des collectivités locales, départementales, régionales n’étant pas accompagnée d’une politique moderne de création de nouveaux liens et outils de proximité, alimente le sentiment d’abandon.
La République a besoin de Projets démontrant la capacité de notre pays à agir dans le cadre d’une Europe réveillée : notamment de Projets Territoriaux qui associent mise en valeur des potentialités locales, intégration, innovation, ouverture sur d’autres espaces. Les nouvelles Régions vont avoir, en ce sens, un rôle essentiel à jouer en lien avec les communes, communautés de communes, villes nouvelles, départements et bien-sûr les acteurs sociaux, économiques, universitaires. Les Pôles Territoriaux de Coopération Économique sont une préfiguration de ces dynamiques, ils sont à multiplier.

Libéralisme ou Libertés Solidaires ?

Rêveurs comme partisans du retour au passé, et même des modernistes sincères, se rallient au vieux drapeau du libéralisme. Il faut, disent-ils en cœur, desserrer l’étau des contraintes, réduire le poids des législations, laisser faire. Ils n’ont pas entièrement tort, bien-sûr, mais ils entretiennent une confusion entre le libéralisme capitaliste – dont les effets négatifs (climatiques, sociaux …) sont connus autant que son usure accélérée – et les libertés « solidaires » : de penser, échanger, agir, entreprendre seul comme ensemble. Le système libéral-capitaliste a été vécu comme non pas libérateur, mais de plus en plus comme habillant un modèle en apparence uniformisant, et finalement porteur de creusement des différences et des divisions, jusqu’à provoquer indignation et violents rejets.
Le libéralisme peut également prendre un autre visage avec l’émergence d’un nouveau type de trans-humanisme mélangeant überisation, laissez-faire, économie collaborative, au risque de diluer précisément ce qu’est l’humanisme. « L’humanisme », celui qui doit prédominer, décrit Alain,[8] « vise donc toujours à augmenter la puissance réelle de chacun, par la culture la plus étendue, scientifique, esthétique, morale », avec « cette idée que la participation réelle à l’humanité l’emporte de loin sur ce que l’on peut attendre des attitudes de chacun … ». Autrement dit, la liberté d’agir et d’entreprendre doit intégrer les dimensions sociétales, sociales, environnementales et bien-entendu éthiques, civiques.
Le libéralisme a certainement libéré des forces, mais plutôt celles d’agents économiques de plus en plus concentrés, puissants, d’agents financiers hors-sol, face à des agents politiques plutôt affaiblis, à des négociateurs désarmés. Avec comme caractéristique ce que Saskia Sassen appelle « une logique d’expulsion »[9] économique, sociale, écologique. Le ralliement de certains sociaux-démocrates à ce libéralisme[10] ne peut l’absoudre de ses effets discutables.
Le libéralisme débridé lié au capitalisme est, ne l’oublions pas, un facteur-clef  de ce que certains appellent «  la nouvelle lutte des classes »[11] et qui s’accompagne de tensions de plus en plus extrêmes dans le monde, de violences que, pour autant, rien n’excuse.
Le temps est donc venu d’outrepasser les vieux concepts et d’aller vers une « logique d’inclusion » qui s’appuie sur une vision associant efficacités civique, sociale, environnementale et économique.

Cop 21 un acquis , Cap Social la priorité

L’accord de Paris limite l’augmentation de la température à 2 degrés, 188 pays ont publié leur plan d’action, 100 milliards de dollars seront nécessaires chaque année à partir de 2020 pour financer des projets permettant aux pays de s’adapter aux changements climatiques … Incontestablement un grand pas a été franchi afin de préserver la Planète. Il faudra bien-sûr en suivre la mise en œuvre pour que cet acquis soit confirmé ! La France a joué un rôle pilote dans le cadre de la COP21. En quelque sorte les amis de la Terre ont fini pas être entendus.
Les amis des habitantes et habitants de la Terre méritent à leur tour d’être entendus !
Les 17 ODD, Objectifs de Développement Durables, adoptés lors de l’Assemblée Générale de l’ONU en septembre 2015, constituent un engagement essentiel. Comme le souligne le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD), des progrès avaient déjà été accomplis dans les années précédentes, constatés pas les évolutions de l’Indice de Développement Humain.
Un renversement des indices s’opère année après année sans masquer la persistance du « fossé » entre les Pays les Moins Avancés (come le Niger, la Mozambique, le Mali …) et les Pays dits Industrialisés (comme l’Australie, la Norvège, le Danemark, l’Allemagne …). La France elle-même n’est qu’au 22ème rang en 2015, ce qui semble dû au maintien des inégalités, à un taux de scolarisation qui aurait diminué …
La leçon à retenir est qu’après le succès essentiel de la COP 21, le temps est venu de mettre en France, en Europe, le cap sur le social, au risque de voir sinon les décrochages s’accentuer entre la classe la plus aisée de la population, la classe moyenne et la classe la moins favorisée. Si les écarts entre les salaires se sont réduits en France depuis 1990, il n’en est pas de même pour l’ensemble des inégalités. Et l’ascenseur social reste à la peine. Il faut sortir du « malaise français »[12].
Il y a eu, certes, des dispositions et textes significatifs destinés à améliorer cette situation (CMU puis CMU complémentaire, ACS, généralisation du Tiers Payant, Réseaux de Réussite Scolaire plus de Mixité Sociale dans certains quartiers, Prime d’Activité …) et des tentatives intéressantes (le bonus/malus énergétique mais refusé par le Conseil Constitutionnel). On est encore loin du compte. Beaucoup reste à faire pour aller dans le sens d’une meilleure égalité des chances d’être socialement intégré (éducation nationale, rôle des associations d’éducation populaire et action sanitaire et sociale, des mutuelles …), d’un allègement fiscal pout les ménages les plus modestes …
Il y a eu aussi des esquisses de solutions dans d’autres domaines, mais restées inachevées ; par exemple avec le Compte Personnel d’Activité contenu dans la récente loi sur le travail qui constitue un pas en avant vers une meilleure protection sociale.
Cependant, il s’agit désormais d’établir solidement une « protection sociale tout au long de la durée de la vie » ; elle doit faire l’objet d’un projet de loi spécifique. C’est un projet social clef.
Plus globalement, un Projet Politique prioritaire est d’analyser l’évolution de l’IDH de la France et, avec les partenaires sociaux et associatifs, de bâtir un « Plan d’Action Sociale » dont plusieurs aspects sont évoqués dans les Projets figurant dans ce document ; mais aussi d’autres objectifs qui devront être développés concernant la politique fiscale afin de redonner du pouvoir d’achat aux ménages les plus modestes, de rebâtir une politique familiale, de renforcer la politique d’habitat social, d’avoir un plan « dépendance » pour les personnes âgées …

Divisions ou Laïcité ?

La guerre diffuse autant que violente que nous connaissons sous forme d’infiltration et d’attentats nous apparaît presque nouvelle, alors qu’elle était déjà à l‘œuvre depuis longtemps, mais pas avec cette « systématisation » ni avec les mêmes « motivations ». L’effet de sidération est d’autant plus grand. Après les moments historiques émouvants de rassemblement, d’unité face à ces attaques répétées, le risque d’être divisés est réapparu.
Il peut être compréhensible que les moyens de réagir soient discutés et améliorés, mais non qu’ils soient des prétextes à de nouvelles divisions. Le socle républicain doit être consolidé.
La laïcité doit être remise au centre du Projet politique car elle est la garantie de « l’égalité en droit de tous les êtres humains »[13]. « L’équité est de traiter tout le monde de la même façon et de donner au bien commun à tous sur les choix particuliers »[14]. La Laïcité, trop longtemps considérée comme acquise, doit être réveillée au-delà des dispositions déjà prises en France en ce sens (charte de la Laïcité à l’école, Observatoire de la Laïcité …). Il s’agit de redonner à la Laïcité sa vertu de « vérité partagée » dont a parlé Jacques Le Goff[15]. Il faut dépasser les repliements identitaires et recréer des espaces communs indispensables à la vie citoyenne[16]. Cette démarche doit aussi s’appliquer aux questions sociétales concernant entre autres le droit de mourir dans la dignité et le droit des minorités LGBT.
Inclure la Laïcité dans la Constitution et l’afficher aux frontons des établissements avec les autres valeurs de la République est nécessaire. Créer ou aider à créer un réseau de lieux de discussion, d’échange et d’entraide laïcs l’est également :
 ceci pourrait faire l’objet d’un Pacte Laïc entre l’État, les collectivités publiques, les associations, les différentes familles philosophiques et religieuses.
La Laïcité doit redevenir un « Projet », y compris aux plans européen et international, en se fondant sur ses objectifs, son contexte.

Économie monolithique ou Économie Plurielle ?

Nous ne sommes donc pas seulement dans une période de transition, mais aussi d’accélération, voire de brutalisation des mutations sociales, politiques autant qu’économiques ou technologiques, et bien-sûr environnementales. Or il est étonnant de constater que face aux défis, troubles et opportunités ainsi provoqués, beaucoup de dirigeants et analystes s’accrochent aux vieux modèles économiques. Comme si l’insécurité sociale, le chômage, les inégalités – présentes partout sur le globe – ou les crises cumulées alimentaires, sanitaires, climatiques au sud, ne suffisaient pas à admettre qu’une nouvelle vision du développement, de la croissance est nécessaire. Le capitalisme et le libéralisme font, ensemble ou séparément, l’objet de tentatives de réhabilitation ou d’adaptation. Certes évolueront-ils et survivront-ils. Mais cela ne suffira pas à répondre aux défis de notre temps. Ne pas le reconnaître est faire preuve d’un certain irréalisme, d’un entêtement aveugle ; ceci alors même que, déjà dans les années 60, les « Ordo libéraux » (ironie de l’histoire) avec le chancelier allemand Ludwig Ehrard, avaient pointé l’insuffisance des politiques étroitement économiques et financières ; le socialisme réformiste à la suédoise avec Olof Palme allant alors plus loin et trouvant un équilibre entre les secteurs coopératifs, privés et publics. Aussi sporadiques et dispersés, voire ambigus soient-ils sur le globe, les mouvements d’indignation, d’alerte ou de refus, sont de plus en plus nombreux et aigus, dénonçant une sorte « d’immobilisme » voire de « retour en arrière » ; comme si l’innovation politique était, a contrario de l’innovation économique, impraticable. Ce serait une erreur de les négliger ou de les mépriser ; les affrontements entre forces vives dans notre propre pays constituant, de ce point de vue, un seuil d’alerte.
Existe-t-il d’autres voies que celles offertes par les systèmes traditionnels et surtout le modèle dit dominant, modèle libéral-capitaliste « monolithique »? Est-il possible, dans une approche « plurielle », de se tourner vers d’autres modèles ? Question que pose, dans cette situation le Collectif du Manifeste pour le Progrès Social[17]. Oui, il en existe ! En particulier, d’un bout à l’autre de la planète, celle d’une économie à la fois collaborative et démocratique, équitable et solidaire, reposant sur un mode de propriété à la fois privé et collectif ; cherchant à conjuguer efficacités civique, sociale, écologique, économique. Elle est stimulée par de nouveaux modèles productifs et contributifs, les porte elle-même (logiciels libres, open hardware, crowdfunding sociaux …) ou les intègre, ou est en concurrence avec eux.
Les entreprises[18], organisations, qui se réfèrent à ces objectifs, agissent tantôt dans des marchés très compétitifs (banque, assurance, distribution, agriculture, industrie, recyclage …), tantôt dans des secteurs à caractère prioritairement d’utilité sociale ou écologique (insertion sociale, services à domicile, Silver Economy, accès aux énergies renouvelables …). Elles répondent à des exigences de progrès maîtrisés dans une perspective de développement respectueux des personnes et des environnements, en donnant à la « compétition » un sens … nouveau : plus humain.
Ces entreprises s’appellent coopératives, mutuelles, entreprises sociales, associations, entreprises intermédiaires, fondations et appartiennent à l’Économie Sociale et Solidaire. Plus d’un milliard de personnes sont d’ores et déjà en action avec elle dans l’ensemble des continents. L’économiste Jerely Rifkin en a souligné la solidité et la pertinence[19]. Elle porte, en effet, de nouveaux espoirs de « développement humain ».
Les 300 plus grandes coopératives dans le monde ont ensemble un chiffre d’affaire supérieur à 2200 milliards de dollars. En Europe, l’ESS représente 12% de l’emploi. En France, la valeur ajoutée de l’ESS est estimée à 12 milliards d’euros.
Cette Économie Sociale et Solidaire existe donc de par le monde et se développe. Elle est reconnue par l’ONU (Groupe Pilote International de l’ESS), trop peu encore par l’Europe (mais des conférences européennes se succèdent à Rome, Luxembourg et en juin 2016 à Paris à l’initiative de la France). Elle l’est incontestablement en France (loi de juillet 2014, Fonds dédiés au sein de la BIP, conférences Régionales de l’ESS …). Mais au-delà de ces avancées, elle doit désormais devenir un partenaire, impliqué dès l’amont dans les stratégies publiques de changements en faveur d’un modèle dynamique et innovant de « croissance plurielle » : équilibrant efficacités civique, sociale, environnementale, économique et financière. À l’ESS elle-même, aussi, de changer de dimension afin de peser pour que les États, les Villes et Territoires changent, eux, de « logiciel »[20]. Une façon d’ouvrir une porte sur un autre avenir possible … plus mobilisateur.
Cette Économie Sociale et Solidaire, de plus, « pollinise » le monde économique et inspire d’autres initiatives ; notamment celles tournant autour des « communs », mettant en avant la nécessité de gérer des ressources en commune comme l’eau, les énergies nouvelles, terres … mais aussi celles qui mettent en place des systèmes de gouvernance participatifs et de respect d’objectifs de « RSE » Responsabilité, Sociale et Environnementale. Ce n’est probablement que le début de changements plus profonds, dont on voit les premières pousses avec la « smart industry » ou la « smart city » à la recherche de nouvelles combinaisons entre capitaux humains et sociaux, gestion maîtrisée des ressources naturelles, innovations technologiques, gestion participative …
C’est donc le moment de mesurer autrement les progrès réalisés par ces entreprises innovantes en intégrant à leur bilan annuel un vrai bilan civique, social et écologique (ce que certaines font depuis quelques années), et de mesurer plus globalement le mode de développement auquel elles participent aux côtés d’autres acteurs : villes, territoires, associations …
Ces entreprises de l’ESS et celles qui incluent des objectifs de même type n’apportent pas seulement à des pays, territoires, un résultat économique, mais aussi des résultats sociaux et écologiques, voire civiques. Le réalisme est donc de prendre en compte cette évolution et non de s’enfermer dans les vieux modèles réduits aux aspects économico-financiers.
Un Projet Politique pourrait être de réunir les Partenaires Économiques et Sociaux, les Chercheurs Universitaires, les investisseurs aussi pour mieux cerner ces mutations et proposer des mesures et actions d’appui à cette nouvelle génération d’entreprises porteuses d’emplois.

Revenu ou Accès Universel ?

Les Suisses se sont prononcés le 5 juin 2016 contre le Revenu Universel, le MinCome (Revenu de Base) a été appliqué dans le Manitoba au Canada durant 5 ans, la Finlande envisage la mise en place d’un Revenu de Base en 2017. Le sujet est revenu dans les débats en France, à propos du Revenu Social d’Activité, faisant l’objet de critiques croissantes ; à propos surtout de quelques constats[21] : « parmi les 40% du bas de la hiérarchie sociale, les revenus ont diminué de 2008 à 2012 de 300 à 500 euros » alors que sur la même période « les 30% les plus riches » ont vu leurs revenus « progresser de 500 euros pour les 10% les plus aisés ». La France en 2012 comptait 5 millions de pauvres (revenus inférieurs à 825 euros). L’idée du Revenu Universel apparaît donc, face à cette situation, comme naturelle et généreuse. Mais est-elle réaliste ? L’économiste Daniel Cohen estime que c’est une « Utopie Réaliste ». D’autres objectent la difficulté d’instaurer un tel dispositif en pleine période de la nécessaire maîtrise du Budget National … D’autres encore doutent de la possibilité de faire accepter un Revenu, même de Base, à caractère « inconditionnel ».
La « logique de l’Accès »[22] plaide plutôt pour un accès universel à un niveau de vie décent. Ne paraît-il pas, en effet, prioritaire, de réduire les inégalités en permettant l’accès à toutes et à tous à l’éducation, la culture, la santé, l’habitat, les nouvelles technologies comme à la vie civique, associative, à l’emploi, etc. ? De nombreuses dispositions vont en ce sens, par exemple depuis longtemps en matière d’habitat social, ou de façon plus récente dans le domaine de la santé (Couverture Médicale Universelle, Aide pour une Complémentaire Santé …). Dans « Que faire contre les Inégalités »[23], 30 experts proposent des solutions concrètes visant à universaliser les accès à un niveau de vie décente. Certes ont-ils des approches parfois différentes quant aux priorités retenues et aux moyens à mettre en œuvre, mais l’essentiel est commun : réduire les inégalités, donner confiance, inclure … Les objectifs annoncés parlent d’eux-mêmes : « Faire réussir tous les enfants, agir où se crée la richesse, refonder enfin l’école, le bel avenir de l’État Social … ».
Un Projet Politique majeur peut être de passer du Plan National de lutte contre la Pauvreté à un Plan National d’Accès à une vie décente, en associant à cette occasion les différents acteurs concernés : État, Collectivités territoriales, Mutuelles et Associations et autres acteurs complémentaires.
Un volet particulier de cette politique de l’accès concerne « l’accès au temps » : temps familial, social, civique, de travail … La fin des années 1970 et début des années 1980 avaient été l’occasion d’en débattre très ouvertement, le passage aux 35 heures également. Le sujet serait aujourd’hui tabou. Les attaques contre les 35 heures en sont le symbole le plus évident. Pourtant, les révolutions technologiques autant que les aspirations sociales justifient pleinement d’y revenir ; la persistance du chômage en France ou le travail précaire et pauvrement rémunéré dans d’autres pays, également. La digitalisation, la robotisation vont faire disparaître de nombreux emplois et vraisemblablement permettre d’en créer d’autres, mais sans certitude que ceux-ci compensent ceux-là. En tout cas, les cartes des temps d’emplois, d’activités vont être rebattues. Ne pas s’en préoccuper serait irréaliste ; comme ne pas donner plus d’ampleur au Compte Personnel d’Activité, qui esquisse ce que devra être un modèle de protection sociale attaché à la personne tout au long de la vie, serait impardonnable. Des « pistes existent »[24] pour répondre au défi du nouveau partage des temps afin de contribuer à une nouvelle dynamique économique.
Un autre Projet Politique doit donc être de réactiver le dossier du partage des temps, d’ailleurs indissociable d’une protection sociale tout au long de la vie.

L’Hexagone ou l’Europe ?

L’Union Européenne s’est endormie, la Russie nourrit ses ambitions territoriales, la Turquie se déchire. Au sein même de l’UE les nationalismes et conservatismes s’exacerbent (Hongrie, Pologne …), conduisent à des ruptures (Brexit). L’Union est victime de son absence d’initiatives, de ses incohérences (immigration …), de ses vides sidéraux (politique sociale …), de ses faiblesses (pas de vraie défense européenne …), elle se montre cachotière et maladroite en négociant des traités comme celui prévu avec les USA (Tafta) … Le tableau est sombre malgré des tentatives du couple Franco-Allemand pour retrouver un cap, malgré le plan Juncker. L’Europe semble plus émiettée que rassemblée.
L’Union Européenne a surtout besoin de Projets. Certaines capitales paraissent le comprendre (y compris Londres et Paris, qui envisagent de nouvelles coopérations), des régions et les Länders agissent déjà en ce sens dans le cadre de l’Union Européenne (et parfois en dehors de celui-ci). Une programmation renforcée de « Interreg » devrait être lancée. Le plan Juncker, que certains osent trouver excessif, est surtout trop modeste ! Le Fonds Européen d’Investissement Stratégiques est pour le moment limité à 21 milliards d’Euros, alors qu’il est destiné aux secteurs numérique, énergétique, transports/interconnexions, recherche/Innovation … Apple, en 2014, a dépensé 6 milliards de dollars en Recherche et Développement ! Certes est-il prévu qu’en 3 ans, les investissements atteignent 315 milliards d’euros, grâce aux fonds mobilisés par la Banque Centrale Européenne d’Investissement et aux co-financements Publics-Privés, mais on est loin d’atteindre les sommes nécessaires pour mettre l’Union Européenne au premier plan. Aux USA, le budget fédéral dédié à la Recherche Développement était à lui seul de 423 milliards de dollars[25].
Les pays « volontaires » (France, Allemagne, Italie …) ne devraient-ils pas, au-delà du Plan Juncker, lancer des « Appels à Coopération pour le Développement de Projets Européens » ? Ceci afin de constituer des « Projets Européens Innovants », autour d’États « pilotes », pouvant aussi réunir des acteurs privés comme d’Économie Sociale et Solidaire.
Parallèlement, doivent être mis en œuvre :
-         une Politique Sociale, non de nivellement par le bas, mais au contraire ambitieuse et innovante, telle que le propose la Confédération Européenne des Syndicats dans son « Manifeste de Paris » adopté lors de son congrès de 2015,
-         une politique de convergence fiscale grâce à un système de « serpent fiscal européen », comme il y a eu par le passé un serpent monétaire européen.
-         un renforcement et élargissement des processus du type Erasmus, notamment en direction des jeunes créateurs de start-up sociales, civiques, économiques.

Est-ce à dire, comme le suggèrent de bons apôtres, qu’il faut abandonner tout projet d’amélioration des institutions européennes ? Certainement pas, le besoin d’une Europe Fédérale, plus démocratique, plus citoyenne, étant une évidence. Mais les réformes seront d’autant mieux préparées qu’elles seront portées par des Projets concrets.
Est-ce à dire qu’il n’y aurait plus de politique économique française ? Bien entendu : non ! Il est clair qu’ :
il faut doubler les moyens de la recherche, créer de nouveaux dispositifs fiscaux d’aide au renforcement des fonds propres des TPE et PME, créer des dispositifs de garantie (mi-publics, mi-privés) encourageant les épargnants à investir dans les entreprises, inciter les PME à se grouper pour innover et exporter (groupements, coopératives d’entreprises), moderniser et élargir le champs d’application du titre participatif, favoriser les alliances opérationnelles entre PME françaises et d’autres pays d’Europe …
L’Union Européenne a également besoin de Projets communs diplomatiques et militaires afin de peser dans le concert des Nations, en mettant le retour à la Paix au cœur de son action. Tâche ardue et complexe par définition, surtout dans une période ou l’Union Européenne a, à propos du terrorisme, des attentats ou des questions d’immigration, trop souvent fait preuve d’incohérence et de faiblesse. Tâche ambitieuse, alors que des tensions diverses existent à ses propres frontières ...
Elle devra bien, là encore, dépasser ce qu’elle a commencé à entreprendre et, par exemple, mettre en œuvre :
-         une politique nouvelle internationale, de développement collaborative et interactive, permettant de vivre, agir, créer, intégrer aussi dans son propre pays,
-         une politique commune concernant l’accueil et l’intégration d’immigrés face à des migrations qui resteront de vaste ampleur.
Tâche d’autant plus incontournable si l’Europe des Démocraties veut être une Europe démocratique, capable de se défendre et surtout capable de porter un nouveau « Projet de Paix ».






En conclusion, la Politique moderne se nourrira de Projets ou ne sera pas

La Politique sera d’autant plus réappropriée par les Citoyennes et les Citoyens que ceux ci pourront agir directement et choisir leurs représentants en fonction de Projets, celles et ceux capables de les élaborer pouvant d’autant plus clairement se soumettre à leurs suffrages, donc s’engager à les discuter et les appliquer. L’heure d’égrener quelques dispositions ne suffisant plus, un Cap doit être proposé, s’appuyant sur un « contrat d’engagements politiques », collectif, participatif, précis, c’est-à-dire qui ne soit pas que l’habillage d’une candidature classique …
Nous ne sommes que dans le premier quart du XXIe Siècle et déjà des grondements, colères, violences, et plus encore mutations traversent les Sociétés Civiles des différents continents, secouent les Etats et Institutions ; la Nature rappelle sévèrement l’Homme à l’ordre ; les nouvelles technologies font se succéder inventions et systèmes ; les vieux modèles s’épuisent et cèdent le devant de la scène.
Est-ce alors encore le moment des guerres politiques égoïstes ou nombrilistes, des manœuvres réductrices et des anathèmes faciles ? Ou n’est-ce pas le moment des rassemblements autour de Projets, particulièrement d’un Projet Politique qui renverse les habitudes et place les Citoyennes et Citoyens au premier rang, dans le respect des environnements et dans une perspective de Développement à la fois civique, social, environnemental et économique ? Projet qui définit un nouveau type « d’identité » dynamique, qui favorise des « mises en commun solidaires ».
Projet qui, pour la France, ne peut être conçu que dans une perspective européenne et d’ouverture coopérative sur le monde.

 




[1] https://www.oxfam.org
[2] Cf sur ces sujets « L‘état de l’économie 2016 » et « Quel monde en 2016 », Hors Série d’Alternatives Économie, janvier et février 2016.
[3] Alain, « Éléments d’une doctrine radicale », Gallimard, 6e édition, 1933.
[4] JDD, 7 février 2016.
[5] Alain – Livre déjà cité.
[6] Cf  Articles 11, 7 2-1 de la Constitution française .
[7] Alain – Livre déjà cité.
[8] Alain , « Mars ou la guerre jugée », 1921.
[9] Cf entretien de Saskia Sassen avec Cécile Daumas dans Libération des 6 et 7 février 2016.
[10] Cf entretien de Fabien Escalona avec Thomas Wieder dans Le Monde du 1er août 2016.
[11] « La nouvelle lutte des classes, les vraies causes des réfugiés et du terrorisme  », Slavoj Zizek, Fayard, 2016.
[12] Discours de Thierry Baudet, nouveau Président de la Mutualité Française, Assemblée Générale de la FNMF, 23 juin 2016.
[13] « La laïcité au quotidien, Guide Pratique », Régis Debrayy et Didier Lesci. Folio 2016.
[14] « Dictionnaire amoureux de la laïcité », Henri Pena-Ruiz, Plon 2015.
[15] « L’Épreuve du plus grand Mal », Point de Vue Ouest-France, 2 août 2016.
[16] Cf l’entretien de Dominique Schnapper avec Marie-Christine Tabet, JDD 7 février 2016.
[17] « Manifeste pour le Progrès Social », Page Débats, Le Monde, jeudi 2 juin 2016.
[18] « Cahier international des initiatives de l’ESS », www.rencontres -montblanc.coop.
[19] « The Zero Marginal Cost Society », Jeremy Rifkin, Palgrave Macmillan 2014.
[20] Selon l’expression de Philippe Frémeaux, Alternatives Économiques, juin 2016.
[21] Cf « Rapport sur les inégalités en France », Édition 2015, Observatoire des Inégalités, et les travaux d’Alerte qui rassemble les associations luttant contre la pauvreté.
[22] Cf à ce sujet le livre de Jeremy Rifkin « L’Âge de l’Accès », La Découverte 2008.
[23] « Que faire contre les Inégalités, 30 experts s’engagent », Observatoire des Inégalités 2006.
[24] « Pourquoi faut-il réduire le temps de travail », Alternatives Économiques, n°357, Mai 2016.
[25] Chiffre de l’Institut des Hautes Études pour la Science et la Technologie.

lundi 29 août 2016

Après la Loi Travail, repenser le dialogue social

4e contribution de Michel Champredon pour le congrès prg de La Rochelle


L'opposition à la loi El Khomri s'est radicalisée et la CGT a tenté de bloquer le pays pour faire plier le Président de la République et le Gouvernement. Dépôts d'essence ciblés par les grévistes, barrages routiers, blocage de la diffusion des quotidiens nationaux : la France a montré un visage peu glorieux, ce grand pays qui parle au monde ne sait pas trouver les mots lorsqu'il s'agit de ses propres réformes. La France aura perdu l'occasion du dialogue, la Gauche aura démontré qu'elle ne sait pas se rassembler, la Droite aura prouvé qu'elle fait passer ses enjeux internes avant les intérêts du pays.

Au-delà de telle ou telle mesure ou réforme, l’action publique a besoin de trois choses pour raccrocher les citoyens à la politique :

-      d’abord, une mise en perspective et l’inscription de l’action conduite dans le cadre d’un projet de société. Les Français, comme les Européens, sont majeurs et conscients des difficultés de notre époque. Ils seraient davantage prêts à accepter les sacrifices s’ils comprenaient l’orientation des politiques conduites ; sans compréhension aucune adhésion n’est possible. Il faut donner du sens et faire de la pédagogie. Vers quoi veut-on conduire notre société ? Quel « vivre-ensemble » voulons-nous bâtir ? Quelle sera la place de l’individu dans la société qui se construit sous nos yeux ? Tenir un discours de mobilisation nationale, teinté de fierté républicaine, laïque et européenne. Mais le vrai défi pour nos responsables politiques consiste à tracer le chemin, proposer une ambition et une espérance nouvelles sans tomber dans la démagogie,

-    ensuite, une promesse de redistribution ; promesse qu’il faut tenir. La pauvreté et les inégalités se développent en France et en Europe. Demander des efforts est légitime mais il faut donner des signes de redistribution et de retour en direction des citoyens lorsque la situation sera rétablie (discours trop peu développé),

-    enfin, rééquilibrer le discours et l’action. Toute réforme doit être équilibrée. Demander aux salariés d’accepter les remises en cause doit s’accompagner d’exigences réciproques et de garanties de la part des détenteurs du pouvoir économique (par exemple, qu’en est-il du million d’emplois promis par le MEDEF contre les exonérations de charges sociales et le Pacte de stabilité ?).

Je pense qu’avec du sens et de la mise en perspective, une promesse de redistribution et un rééquilibrage de l’effort demandés aux catégories de la population, on doit affronter plus solidement la période actuelle qui est extraordinairement difficile.

Avec ce projet de loi, finalement aujourd’hui et en d’autres termes c’est : tous perdants. Au lieu du « gagnant-gagnant » souvent recherché c’est le « perdant-perdant » : La France, la Gauche, La Droite…seule l’Extrême-droite capitalise, non sur ses propres propositions (qui sont encore plus libérales que celles de la Droite), mais sur le mécontentement. Lancer une telle réforme à un an de la fin du mandat présidentiel, c’était risqué ! Par ailleurs, la loi Travail, au-delà du texte lui-même, a servi de déclencheur à toutes sortes de mécontentements et de frustrations. La boîte fut ouverte et tous ceux qui avaient quelque chose à revendiquer ont profité de la période pour le faire. On l’a vu avec le déclenchement de mouvements sociaux dans des secteurs qui n’étaient pas touchés par cette loi.

La loi « travail » de la ministre Myriam El Khomri a fait l'objet de débats intenses et a divisé aussi bien la Gauche que les syndicats. Les médias ont présenté d'un côté une Gauche conservatrice qui serait responsable de l'immobilisme français et de l'autre des ultra-libéraux soumis à la doxa du MEDEF. La vérité est moins caricaturale. Mais, au milieu de tout cela, subsiste un point qui m'interpelle : comment décentraliser (dans l’entreprise) les négociations sur le temps de travail avec des syndicats aussi peu représentatifs qu'aujourd'hui ? Comment vouloir plus de flexibilité sans renforcer le dialogue social français ? N'aurait-il pas fallu introduire dans la loi l'idée d'une syndicalisation obligatoire ?



En France on mythifie les négociations sociales comme en Allemagne ou en Grande-Bretagne ; comme si nous étions dans une tradition de « cogestion ». Eh non ! Le syndicalisme français n’est pas, historiquement, un syndicalisme de cogestion ; c’est un syndicalisme de revendication. On n’échappe pas à son histoire. C’est le résultat de la « Charte d’Amiens » signée en 1920, qui sépare l’action politique de l’action syndicale. Nous parlons souvent d’une vision « social-démocrate » des Socialistes français…en fait, c’est un abus de langage. On veut exprimer l’idée d’une action politique modérée qui intègre l’économie de marché et même une partie du libéralisme économique. La social-démocratie suppose un partenariat clair, fort et équilibré entre le politique et les syndicats ; où ces derniers sont étroitement associés à la gestion de l’entreprise (pas seulement pour les activités sociales, de loisirs ou pour les plans de licenciements). Ils ont de vraies responsabilités. En France, tel n’est pas le cas. Chez nous, les syndicats sont faibles (7,7 % en 2013, le plus faible de l’OCDE après la Turquie) voire très faible selon les branches ou les entreprises. Par ailleurs, pour dialoguer, il faut d’abord faire la grève (voire brûler des pneus devant la préfecture ou arrêter l’autoroute). Ainsi, on fait la démonstration de sa représentativité et on force la discussion. Sinon on ne discute pas ou trop peu.

Donc…

Donc…inscrire la négociation dans l’entreprise comme une méthode systématique d’avancée des réformes…c’est compliqué car la réalité (surtout dans les PME qui représentent 80 % des emplois en France) c’est faire le triste constat que les syndicats ne sont pas représentatifs et sont faibles pour négocier.

Comment aurait-on pu s’en sortir ?
Partons du principe que les uns et les autres sont convaincus et honnêtes dans leur démarche, ceux qui pensent qu’en libéralisant le droit du travail on va stimuler les embauches en faisant sauter le verrou psychologique chez les employeurs et ceux qui pensent qu’on donnera la main libre au patronat dans la plupart des entreprises où les syndicats n’existent pas. La difficulté est d’estimer l’effet « création d’emplois » d’une telle loi (même si des spécialistes s’y sont exercés).

Alors, j’avais formulé deux propositions :

1) appliquer l’accord d‘entreprise pour les entreprises au-dessus de 300 ou 500 salariés (où les syndicats existent) et conserver l’accord de branche pour les plus petites où les salariés sont face au patron sans force syndicale,
2) voter la loi à l’essai pour trois ans, avec une évaluation à mi-parcours et une à la fin. Ainsi on aurait pu modifier ses modalités selon la façon dont les acteurs économiques s’en seraient appropriés les termes.

Ces propositions pragmatiques auraient pu être un terrain d’entente pour les deux parties de la Gauche.

Faut-il obliger chaque salarié à adhérer à un syndicat?
Pour cela, il faudrait changer notre culture de gouvernance en France en redéfinissant le rôle des syndicats et en permettant un vrai partage du pouvoir dans l’entreprise. Cela suppose d’associer les syndicats à la définition de la stratégie de développement et de conquête de nouveaux marchés de l’entreprise, à sa politique de rémunérations des personnels, des dirigeants voire des actionnaires etc… Mais pour associer les syndicats, il faut que de leur côté, les syndicalistes soient dans une culture du compromis et de la « responsabilité partagée ». Si on participe au pouvoir cela implique qu’on soutienne les décisions prises et qu’on les assume devant les salariés, même lorsqu’ils sont mécontents.

C’est une autre société à inventer. Ce pourrait être une belle ambition à présenter lors de l’élection présidentielle de 2017, dans le cadre d’un nouveau projet de société ; car impossible à faire en court de mandat, par une simple loi.

Proposition :

Notre Parti Radical de Gauche ne pourrait-il pas développer cet axe pour la prochaine élection présidentielle ?

samedi 27 août 2016

le BREXIT, saisir l’opportunité de repenser l’Europe

Congrès du Parti Radical de Gauche - 2 et 3 septembre 2016 – La Rochelle
3 ème contribution au débat de Michel Champredon


Union européenne 

 le BREXIT, saisir l’opportunité de repenser l’Europe



Le 23 juin 2016, Les Britanniques nous ont proposé un saut vers l’inconnu ! Ce fut une date historique pour l’Europe, avec cette décision de quitter l’Union européenne. Ce choix qui parait déstabiliser l’UE dans un premier temps peut entraîner la construction d’une nouvelle Europe. Je m’explique.

Sur le principe, on ne peut que se réjouir de demander à un Peuple s’il veut poursuivre dans l’Union européenne. En démocratie, il n’y a rien de plus beau que la sanction électorale du Peuple.
Sur la réalité des choses, David Cameron a gagné les élections législatives sur une campagne démagogique avec notamment cet engagement. Après sa victoire, il a fait mine de négocier avec l’UE des aménagements pour bâtir son discours autour du maintien dans l’Europe…personne n’y a cru. En clair, il a été pris à son propre jeu.
Sauf qu’à ce jeu, sur le plan politique, il a fait sauter un verrou psychologique selon lequel on pensait qu’il était impossible de sortir de l’Union. Cela va certainement entraîner d’autres pays d’Europe vers ce type de référendum…N’est-ce pas au sein des Républicains, dans le cadre de la primaire, qu’un candidat a proposé de faire voter les Français sur l‘adhésion à l’UE ?
L’Europe déjà fragile par certains aspects (crise économique et sociale, crise migratoire, crise de légitimité et montée des partis d’extrême-droite) va s’occasionner des votes nationaux qui risquent de la déstabiliser. Chaque référendum, entraînera des négociations avec les instantes européennes…avec à la clef une Europe davantage à la carte avec des politiques sectorielles qui associeront des Etats différents selon les sujets. Par ailleurs, la situation de crise oblige les politiques à réinvestir le champ de l’Union, j’espère, reprendre une place plus grande face à la structure technocratique ;
Ainsi, ce sera peut-être les plus grands effets du Brexit :
-         stopper la construction d’une Europe fédérale et créer une Europe à géométrie variable (comme c’est le cas pour l’Espace Schengen et la zone Euro, notamment) ; en attendant l’écriture d’un vrai projet politique et social européen. Ce peut être une phase transitoire d’une Europe qui ne soit pas qu’un vaste marché,
et
-         redonner la main aux Politiques dans l’orientation de l’Union européenne.
En effet, quels sont les Trois reproches majeurs à formuler vis-à-vis de l’UE ?
1) D’être toujours plus bureaucratique et de ne pas permettre aux Peuples de s’y reconnaitre,
2) de s’occuper de choses qui n’ont rien à voir avec les enjeux strictement européens (il est loin le temps où on parlait de la « subsidiarité » selon laquelle on laisse au niveau le plus pertinent le soin de traiter le sujet),
3) surtout de construire une Europe fédéral sans qu’il y ait eu de décision politique des Citoyens. L’Europe se construit sous nos yeux chaque jour, 80 % des lois qui passent au Parlement national sont la transcription de directives européennes. Cette Europe fédérale, si elle constitue un beau projet d’avenir, ne peut se concevoir qu’avec un vrai débat dans nos pays qui permette de déterminer le type d’Europe que nous voulons pour nos enfants.
Tant que ce débat n’a pas eu lieu, alors l’Europe à la carte est sans doute le meilleur moyen de sauvegarder l’Union en laissant à chaque Etat le soin d‘avancer à son rythme sur son degré d’intégration.

Proposition : pour préparer 2017, notre Parti ne devrait-il pas repenser son projet d‘Europe fédéral en y mettant des conditions à remplir et des étapes précises ?


jeudi 25 août 2016

Face au terrorisme, tenir bon et redéfinir un Récit national

2e contribution au débat de Michel Champredon


Le 14 Juillet, l'histoire a semblé se répéter, dans l'effroi et la stupeur. Un assassin a mis à mort plus de 80 femmes, hommes et enfants, venus assister au feu d'artifice à Nice. Quelques jours plus tard ce fut le lâche attentat en l’église de Saint-Etienne du Rouvray en Seine-Maritime.
Le Président de la République a rappelé l'importance de l'unité nationale et a prolongé l'état d'urgence de six mois. De son côté la Droite a déclenché des polémiques politiciennes, donnant un spectacle lamentable au monde et sans attendre la moindre période de deuil. Au-delà de ces attentats sanglants, c'est une tentative de déstabilisation de nos sociétés occidentales qui se joue. Quelle réponse donner ? Quelle proposition politique ?  A quel niveau ?
Ces attentats sont terribles car on prend conscience, une fois de plus, que chacun aurait pu être au mauvais endroit au mauvais moment. On imagine la souffrance des familles touchées. A cette occasion, nos autorités, Président, Premier ministre, Ministre de l’Intérieur, furent à la hauteur des évènements. Elles ont pris les mesures qu’il fallait. Pour autant, on ne va pas à chaque attentat dire « on renforce les dispositifs »…Jusqu’où va-t-on renforcer les choses ? Ne sont-elles pas déjà à leur maximum ?

Alors, que faire ? La question est facile à poser mais il est plus compliqué d’y répondre. Chacun y va de sa proposition, voire de sa posture plus ou moins intéressée. Pour ma part je pense que la réponse est triple et simultanée :

1 - Développer un Récit national et fonder un nouveau Pacte républicain
A des problèmes de société, religieux et culturels, la réponse ne peut pas seulement être technique et sécuritaire quant à l’épaisseur des mailles du filet qu’il faudrait chaque fois resserrer davantage. Il faut parler aux Français de leur pays, de ses valeurs, de son histoire. Il faut, comme disent les philosophes, écrire un « Récit national » républicain et démocratique, laïc et universel. La société de consommation et la mondialisation galopante nous ont fait perdre le sens des choses, le sens commun, le sens de notre société humaine. Il faut « armer idéologiquement » (tant pis si c’est un gros mot pour certains) les Citoyens français et donner un sens à la Nation. Le rôle de l’Ecole, de la Culture et des Médias est dans ce cadre essentiel.

Mais le rôle de la parole publique l’est tout autant, le discours de nos dirigeants, ceux qui sont au pouvoir comme ceux qui sont dans l’Opposition. La force d’un Récit national est d’autant plus éducative et percutante qu’elle est portée par tous les responsables politiques républicains. Force est de constater que, tout en laissant un espace maximum à la démocratie, nous manquons d’unité nationale. Ce n’est pas limiter la liberté d’expression que d’éviter les postures politiciennes sur les sujets essentiels.

Ce Récit national doit permettre de fonder un nouveau Pacte républicain qui intègre un Pacte d’intégration. Il faut donner un sens vivant à l’idée de République et développer la culture de l’engagement.

En a-t-on le temps ? C’est une réponse éducative qui prend du temps.
Nice, Promenade des Anglais juste après l'attentat
Oui car ces problèmes du terrorisme, on en a sans doute pour une génération. Ce n’est pas un problème passager qui va se régler de lui-même. Il faut donc parler droits et devoirs des citoyens, état de droit, culture, laïcité, éducation aux religions. Il faut assumer notre mode de vie, notre ouverture sur le monde, notre histoire, notre Laïcité, les afficher, les défendre et répondre à chaque fois que ces valeurs sont remises en cause.

2 - Développer les réflexes individuels de sécurité collective
Dans le même temps chacun doit comprendre qu’il a un rôle à jouer dans la sécurité collective. Il faut que les citoyens signalent les faits ou propos qui peuvent être compris comme l’annonce d’un passage à l’acte. Sans tomber dans une société de délation généralisée, chacun peut être témoin d’une scène et regretter après l’attentat de ne pas avoir prévenu pour permettre aux services de police et de justice de prendre les décisions qui s‘imposent.



3 - Agir partout contre l’Islamisme radical
Dans le même temps, il convient de multiplier les actions pour neutraliser, enfermer, expulser (selon la nature des faits) tous ceux qui agissent ou tiennent des propos dans un rôle public contre la Démocratie, les Droit de l’Homme, les femmes, les homosexuels pour ne citer que les thèmes ou personnes les plus souvent attaqués. Il faut neutraliser les lieux d’enseignement du radicalisme dans certains locaux collectifs, publics ou privés.

Il faut agir simultanément sur toutes les dimensions. Concernant les mesures de sécurité en Europe et dans nos villes : renforcement de la coopération entre Etats, surveillance des foyers de radicalisation, expulsions des personnes indésirables et n’ayant aucune légitimé à rester… Concernant les Djihadistes : action pour « déradicaliser » les jeunes concernés, dispositifs d’alerte pour prévenir les jeunes qui se radicalisent et soutenir les familles…

Par ailleurs, les attentats récemment perpétrés à Bruxelles ont fait naître un débat en France sur les phénomènes de radicalisation au sein de quartiers sensibles. A Droite comme à Gauche, certains soulignent que le cas Molenbeek n'est pas un problème strictement belge et qu'il existerait des zones similaires sur notre territoire.

Le ministre de la Ville, Patrick Kanner, dit qu’il y a cent quartiers en France (sur 1 500 dits « prioritaires »), ayant potentiellement les mêmes caractéristiques que Molenbeek. Il le dit car ses services (les préfets) ont tenu la statistique. La polémique porte sur le « politiquement correct » : faut-il le dire au risque de faire peur à la population ? A quoi sert l’information une fois délivrée…à part alimenter l’Extrême-droite ?

Sur le fond, à la différence de la Belgique semble-t-il, nous avons en France une action des Pouvoirs publics dans les quartiers populaires (la politique de la ville, depuis 1981). Même si tout n’est pas réglé, ces quartiers n’ont globalement jamais été abandonnés à eux-mêmes. Il serait intéressant de faire l’addition du nombre de milliards investis depuis 40 ans… Je vois immédiatement ce qu’on peut me renvoyer… «tout cet argent pour être le pays d’Europe qui alimente le plus les départs vers le Djihad ! » Certes ! Mais je réponds…qu’est-ce que cela aurait été si nous n’avions pas eu cette action ?

Et la vie associative et l‘éducation ?
Oui il faut toujours miser sur l’éducatif, mais on ne parle pas du même public. Ceux qui sont aujourd’hui intégristes voire terroristes ne sont pas « rattrapables » par l’éducation et la vie associative de terrain. Ils ont franchi le stade d’une extrême gravité. Il faut des dispositifs et des professionnels particuliers pour les traiter. Je me demande d’ailleurs, si ceux qui sont « récupérables », sont majoritaires ou minoritaires ?

Néanmoins, pour éviter des dérives plus nombreuses, il ne faut pas laisser de côté le terreau social, et recréer des « têtes de réseaux associatives » pour structurer l’action sociale dans les quartiers, développer les « adultes-relais » pour servir de référent à des jeunes en perdition et alerter les services à temps…

C’est par la conjugaison de réponses diversifiées, tant dans le domaine de la guerre internationale, de la surveillance des réseaux sociaux, de la prévention dans nos quartiers, de l’éducation, de la répression des groupes organisés mais aussi par la valorisation et un nouveau sens donné à notre idéal de vie…que nous parviendrons à surmonter ce défi qui est posé à nos sociétés occidentales.