mardi 29 mars 2016

Où sont les filles des Forges ?

Disons-le tout net, c'est bien à cause de la chanson que je tenais à visiter les Forges de Paimpont, visite plusieurs fois remise, pour des raisons diverses, avant que mon entêtement ne prenne le dessus.
Joli chanson, chère à mon cœur, que ma petite amie d'alors aimait à chanter. C'était la mode du folk, et la Bretagne commençait à bretonner sympathiquement aux oreilles d'une partie de la jeunesse française. Par son seul nom Paimpont, il est vrai, est porteur d'une joyeuse musicalité. 
Ce n'est qu'un peu plus tard que j'ai découvert que la forêt de Paimpont était assimilée à celle de Brocéliande, terre de légendes, qui fascinait entre autre, la jeunesse étudiante rennaise. C'était le moment de la renaissance des identités locales, dans une ambiance encore bon enfant, et l'on revendiquait dans une France si centralisée, le basque, le breton, l'occitan comme autant d'exotisme que je vivais comme autant de désinvolture.
Bref ! Des raisons familiales m'amenant de plus en plus à l'ouest de Rennes et à proximité de Paimpont, je me devais de faire la visite des Forges, un lieu un peu perdu, bien séparé du village, au bas de la côte. 
L'entrée du site. 
Ce fut fait pas plus tard qu'hier. La barrière fermée a failli me décourager une nouvelle fois d'accéder aux vieux baraquements sauf que, barrière fermée ou pas, un panneau indiquait que le lieu était visitable. 
De fait, le maître des lieux apparut sous l'averse pour dire qu'il avait fermé parce qu'il pensait que personne ne pourrait avoir l'idée de visiter les lieux par un temps pareil. Sauf qu'une éclaircie se produisit à la fin de sa phrase, semblant donner raison au folklore environnant, aux fées Morgane, Viviane, et autre enchanteur Merlin, semblant faire revivre le Saint Graal en banlieue rennaise. 
Hélas, dès le début, M. Levesque, propriétaire et animateur de la visite tordit le coup à la légende. Non, les forges ne se sont pas installées au cœur d'un site exceptionnel.Hélas, dès le début, M. Levesque, propriétaire et animateur de la visite tordit le coup à la légende. Non, les forges ne se sont pas installées au cœur d'un site exceptionnel.

 C'est au contraire l'activité industrielle qui a aménagé le site, tant du point de vue hydraulique que forestier. Il a fallu planter des arbres qui poussent vite, et rapidement exploitable pour pouvoir alimenter le feu des hauts fourneaux des plus grandes forges de Bretagne et ce, dès le 18e siècle. Le minerai était lui exploité depuis avant Jésus-Christ. 
Planche de l'encyclopédie de Diderot et d'Alembert.
Où le savoir se lie à la naissance de l'industrie.
L'industrie forge le paysage et non l'inverse. Tant pis pour les défenseurs d'une nature qui n'existe pas en soi, mais qui est celle que l'homme a aménagé pour ses besoins, pour en vivre d'abord et qui y a transposé des légendes qui permettent dans un deuxième temps de faire vivre un tourisme bon enfant. 
La connaissance n'a pas pour but
de renoncer aux légendes grandioses
 qui ont bercé les mythes de l'Occident.
Nul n'en est propriétaire.  
Le monde environnant, lui était voué à cette industrie qui, selon les métiers permettait la survie de toute une population, des métiers nobles de l'industrie et de la forge, à ceux moins considérés et tout aussi durs, de la fabrication du charbon de bois. 

Un seul conseil après ce grand moment : allez visiter les Forges de Paimpont. Ce sera une leçon de vie, d'histoire, de vérité et de physique ... et permettra, ce qui n'est jamais inutile, de balayer par le savoir des illusions toujours néfastes sans vous empêcher de rêver devant ce monument grandiose de l'histoire de l'homme. 
Reste une interrogation à jamais irrésolue : 
Où sont les filles des forges ?

Pour plus de renseignements, cliquer http://forgesdepaimpont.fr/Visites-des-Forges-de-Paimpont

mardi 22 mars 2016

Sacré weekend

Je peux le confesser à présent, même si j'ai pris du temps, ce dernier weekend représentait un sacré enjeu avec au moins deux événements importants. Le café radical qui recevait Olivier Aubert et le pot de départ que j'avais organisé pour fêter joyeusement la fin de ma vie professionnelle ... précisément en dehors d'un cadre professionnel.
Olivier Aubert
On s'attendait à un succès. En fait, après ce qui lui était arrivé, Olivier Aubert avait besoin d'une reconnaissance, qui passait entre autre par un revanche médiatique et par un retour sur ses terres lovériennes. J'ai été flatté, qu'il accepte ma proposition de l'accueillir pour un café radical sur le thème de l'amélioration de la justice. 
Mais la vedette de la soirée, ce n'était pas la justice. C'était bien lui. Il arrivait avec son livre, qui sentait le neuf, l'encre à peine sèche et qu'il avait réservé pour les clients du café radical.
Avouons-le, Olivier Aubert, bien qu'affichant qu'il allait respecter le cahier des charges du café radical à savoir exposer le thème choisi, et parler dix minutes, n'a pas pu respecter le challenge ... Et c'est tant mieux. 
La salle un peut avant le début. Le  succès n'était pas
 inattendu, mais quand même ... avec plus de 70 clients, 
 le café radical a explosé son record de participation. 
Après avoir remercié les radicaux de leur invitation, rendu hommage à ceux qui l'ont soutenu pendant l'épreuve, Olivier Aubert a parlé de son expérience, catharsis nécessaire, et qui permettait à tout un chacun de comprendre par les faits à quel point il fallait améliorer la justice.
Comme il l'a dit dès le départ, l'éventail politique dans le public allait de l'extrême droite à l'extrême gauche. Un sacré concentré mais pas si inhabituel dans les cafés radicaux qui, depuis 8 ans qu'ils existent, se sont toujours affichés avec l'étiquette radicale de gauche et ont toujours amené au débat les personnalités les plus variées. 
Olivier Aubert a dédicacé ses premiers livres à l'occasion du 
café radical. A ses côtés, Olivier Taconet, président de la 
fédération de l'Eure du Prg et animateur du café radical.
Elle a menti l'ouvrage d'Olivier Aubert est disponible dans
de nombreux dépots de presse de la Région et peut être
commandé sur Amazon.
Olivier Aubert, ancien élu UMP, n'en a pas moins expliqué à quel point, dans l'épreuve, il avait été lâché par nombre de ceux qui le soutenaient alors. Rares sont les personnalités de droite qui lui ont apporté leur soutien, où tout au moins leurs sympathie. Rareté qui permet de souligner la présence dans l'assistance de Daniel Jubert, conseiller départemental de l'Union de la droite, et adjoint de Priollaud, qui avait lui, choisi d'empêcher Olivier Aubert de présenter son livre sur le marché de Louviers. Il fait partie des rares à l'avoir soutenu du début à la fin.
Bien entendu, l'essentiel des questions se sont concentrées sur l'expérience vécue par Olivier Aubert. Son arrestation fin août, à une période où son avocate en vacances, il est défendu par une avocate commise d'office à qui il annonce par honnêteté qu'il n'a pas l'intention de lui confier son dossier par la suite. Le fait que l'affaire est tout de suite prise en charge par un policier avec qui il est en conflit personnel. Dans le vide médiatique, Olivier Aubert fait tout de suite la une des journaux et de Paris-Normandie à qui l'intéressé vouera une rancune qui perdure. Olivier Aubert est pris dans un tourbillon qui l'entraîne et dont il ne se défera que quatre mois plus tard, en novembre, débarqué de la maison d'arrêt d'Evreux, en tenue d'été (il s'était fait arrêté en août) sans pouvoir prévenir personne pour venir le chercher. Le récit était passionnant. Je n'en ferais pas le détail ici. L'idée est de savoir à quel point il enrichissait le débat en montrant la réalité de l'incarcération, non seulement pour ceux qui s'en font une idée aussi fausse que surfaite, mais aussi parce qu'on a naturellement tendance à laisser de côté tout ce qui rend insupportable le confort du quotidien. 
Pour résumé le débat, disons quand même qu'il est très difficile d'améliorer la justice, quand on voit à quel point l'opinion fait pression pour une justice répressive, sans même que la réinsertion, qui devrait être au cœur du débat soit envisagée sérieusement. On à tendance à dire : 3 mois, c'est pas cher payé ! Mais quand Olivier Aubert raconte à quel point il ne s'est toujours pas remis de l'épisode qu'il a vécu il y a plus d'un an, malgré le secours d'un psychiatre, le soutien de sa famille et de ses fidèles amis, on voit que 4 mois de prison est une peine qui dure bien au-delà.
Bien entendue, la surenchère politique menée par la droite en faveur de la répression, en faisant un fond de commerce électoral, ne pousse pas à la sérénité.

Pot de départ

Je m'en voudrais de ne pas évoquer ce qui s'est passé le lendemain de ce café radical qui fera date : mon pot de départ. 
Une partie de l'assistance lors du discours de Franck Martin
dans la magnifique salle de la Grange à Incarville
Je savais là aussi que ce serait riche d'émotions et effectivement, je ne me suis pas loupé. De nombreux amis ont défilé tout l'après-midi, dans ce lieu magnifique qu'est la Grange d'Incarville, sans doute l'une des plus belle salle du territoire de l'agglomération et au-delà. 
Moi ado, vu de photomaton.
Toujours émouvant. 
Des militants, des maires, des conseillers départementaux, de la famille et des amis, oui, surtout et toujours des amis se sont manifesté. Il y avait même des copains d'école, Patrick Bismuth, devenu violoniste de renom, et dont j'ai déjà parlé dans mon blog, et Marie-Paule Borissof qui a fait agrandir une photomaton qu'elle avait conservé dans ses archives. 
Discours rythmé de Franck Martin. Il n'y avait que lui qui
pouvait parler de moi comme ça. 
Le discours de Franck Martin a marqué notre histoire tout à fait particulière, le rôle qu'elle a pu jouer dans l'histoire de Louviers ... et qu'elle entend continuer à jouer. Mais surtout, je tiens à afficher toute ma reconnaissance envers tous ceux qui sont passé ce samedi, tous ceux qui se sont manifesté en s'excusant de n'avoir pas pu venir, avec une pensée tout à fait particulière pour Ida à qui je pense beaucoup en ce moment ... et je ne suis pas le seul.
Et de fait, à dire la vérité, qu'aurait pu être la carrière ou la
vie professionnelle de l'un sans celle de l'autre.
Bien sur, il a été question de mon projet de voyage en Sicile, mais ça, j'en reparlerai. 
J'en reparlerai dans mon blog, et même dans un blog que je ne manquerais pas de tenir tout exprès.
Merci les amis, 
Merci encore. 












samedi 12 mars 2016

Priollaud salit tout ce qu'il touche

Une expo ...Quelle expo ?

On a beau savoir le mépris profond dans lequel Priollaud tient les lovériens, le résultat est toujours sidérant. C'en est à se demander si ce n'est pas à lui-même qu'il en veut. Mais cela est une autre histoire.
Pour l'expo, cherchez pas, c'est au dessus des poubelles
 (photo Paris-Normandie)
A priori, rien à dire sur le fait que le maire de Louviers veuille rendre hommage aux femmes résistantes à travers le monde à l'occasion de la journée du droit des femmes. Passons sur le fait que l'exposition obtenue auprès de l'association femmes ici et ailleurs ait été obtenue à vil prix. Après tout, on peut informer sur le droit des femmes, sans y mettre des fortunes. 
L'inauguration en petite pompe de l'exposition.ça se passe
de nuit, avec deux conseillers réquisitionnés à la va-vite.
Est-ce ainsi qu'on veut éveiller les conscience ? Quel mépris
pour les femmes qui se battent pour leurs droits au risque de
leur vie et de leur liberté !
Comme on dit en Normandie : "il n'y a que l'intention qui compte". Mais justement, on se demande quelle intention il y a derrière tout ça.
Eh bien, justement, on a l'impression qu'il n'y a aucune intention, ce qui est peut-être pire. 
La confusion absolue de ce qu'est la
journée du 8 mars. Dommage pour tous,
dommage pour toutes.
Certains ont peut-être espéré atténuer l'effet désastreux produit par l'annonce municipale du 8 mars à la Chaloupe et confondant en toute innocence journée de la femme et journée du droit des femmes.
Mais en fin de compte, sur le sujet, aucune exposition si mal torchée soit elle, ne peut exprimer aussi efficacement ce qu'est la journée du 8 mars que ce détournement joyeusement diffusé sur les réseaux sociaux.

Il n'empêche, que nous avons à Louviers une exposition qui n'en est pas une, qui tient avec des bouts de ficelles autour de la cour de la mairie, sans aucune indication ni cohérence, et que le résultat est d'autant plus affligeant qu'il devrait s'agir d'un hommage à la Résistance que les femmes mènent de par le monde pour la défense de leurs droits et pour l'égalité entre les sexes. 
La désinvolture de la municipalité est scandaleuse.


On avait bien eu, concomitamment une autre affiche municipale, confondant allègrement 
journée du droit des femmes avec journée de la femme. De quoi rappeler ce joyeux détournement qui a fait la joie des réseaux sociaux.  

jeudi 10 mars 2016

Peut-on améliorer la justice ? Olivier Aubert au prochain café radical

Qui mieux qu'Olivier Aubert pour nous parler de Justice ? 
Son expérience unique et terrible lui a permis de voir de très près non seulement les dysfonctionnements de l'institution judiciaire, mais aussi son fonctionnement normal. 
Accusé à tort du crime de viol, mis en détention préventive pendant 4 mois, interdit de séjour dans son département, dans la  ville dont il était l'élu, privé d'emploi et de carrière professionnelle, privé de vie familiale, frustré de vie sociale et affective, Olivier Aubert a vécu dans sa chair les conséquences du fonctionnement du monstre froid qu'est l'institution judiciaire. 
Deux ans et demi après le début de cette terrible épreuve Olivier Aubert fait son retour à la vie publique. 
ELLE a menti, son livre sera prochainement disponible. Il le dédicacera sur le marché de Louviers samedi 19 mars au matin.
Auparavant, Olivier AUBERT, qui fut pourtant élu UMP, fera l'honneur d'animer le prochain café radical, organisé par le parti radical de gauche. 
Peut-on améliorer la justice ?, thème du débat, lui donnera le moyen faire part de son expérience, des réflexions qu'il a su en tirer et de répondre aux nombreuses questions du public. 
Venez nombreux !
Café radical vendredi 18 mars 2016 à 18h30
Le Pèlerin, 2 rue Pierre Mendès France à Louviers 
Olivier AUBERT dédicacera son ouvrage "ELLE a menti" à la fin des débats. 

mardi 8 mars 2016

Olivier Aubert - première critique

Il faut lire le livre d'Olivier Aubert. 
Une couverture qui parle et est, plus
que tout une excellente synthèse de
l'ouvrage. Puisse celui-ci permettre à
Olivier Aubert de se reconstruire.
Il faut le lire, surtout si on est son ami (et il a beaucoup d'amis même si, au début de son histoire, il en a eu beaucoup moins), surtout si on le connait ... et il y a beaucoup de gens qui connaissent Olivier Aubert. Olivier Aubert, rappelons-le, est un lovérien pur jus. Il a passé son enfance à Louviers et ses environs. Il a été journaliste au "courrier de l'Eure", hebdomadaire de droite, pendant de la Dépêche. Il est  devenu par la suite directeur de la communication d'Odile Proust avec qui il s'est un peu brouillé, et il s'est finalement lancé en politique au point d'être candidat Ump aux cantonales et tête de liste aux municipales en 2008. Tout cela vous amène à côtoyer beaucoup de monde auxquels on peut ajouter les personnes qu'il a eu l'occasion de rencontrer dans ses activités professionnelles de formateur. 
J'ai réalisé cela notamment lorsqu'à la suite de son incarcération, lorsqu'il a vécu probablement le plus grand moment de solitude de son existence, j'ai posé la question tout azimut autour de moi : vous le voyez comment Olivier Aubert ?
Je dois confesser avoir posé la question surtout à des femmes, des collègues, des amies, ou tout simplement des personnes qui avaient été amenées à le croiser. Forcément, Olivier Aubert étant accusé d'un crime sexuel, un peu à la manière d'un Strauss Kahn, je me disais que ma vision à moi n'avait que peu d'intérêt. Pour moi, Olivier Aubert était un ami. J'avais passé plusieurs heures avec lui, au bord des pelouses à prendre des notes pour commenter les matchs du dimanche, je l'avais eu comme voisin, mais de là à conclure que son tempérament lui interdisait de commettre un crime sexuel, je dois dire, je ne m'en sentais pas apte ... Alors que je ressentais le besoin de savoir. 
Il n'y a qu'auprès des femmes que je pouvais obtenir ce type de renseignement. Savoir comment un homme est perçu, comme intriguant, dragueur, macho,  sympa ou respectueux. Je n'ai eu aucun retour négatif, à l'exception de femmes qui ne l'avaient jamais rencontré et qui ne pouvaient se fier qu'à ce qu'elles avaient lu dans les journaux. Cela ne prouve sans doute rien, mais je suis bien sûr que je n'aurais pas eu ce genre de retour en  réflexion si j'avais enquêté dans l'entourage de Dominique Strauss-Kahn.
   
Ainsi, au delà de l'idée qu'on a pu se faire de l'individu et de ce qu'il a vécu, en tant que proche, au delà du fait de partager par le livre l'épreuve que peut avoir subi quelqu'un que l'on a eu l'occasion de côtoyer quotidiennement, il y a toujours une leçon de vie à tirer de l'expérience des uns ou des autres. Et là, Olivier Aubert nous livre une sacrée expérience. 
Cela commence comme un accident ! De fait, peut-être comme un signe du destin, la veille de son incarcération, Olivier Aubert assiste à un terrible carambolage sur l'autoroute A 13, et assiste à la mort d'un homme. 
Il se rend au commissariat pour des affaires courantes, et puis, et puis, très vite, il se retrouve incarcéré. Cela fait penser à petite échelle à l'expérience relatée dans le film 12 years a slave
Mais, à tout prendre, Olivier Aubert parle peu de lui-même. Il relate l'ensemble de son expérience en fonction de son adversaire, d'où le titre : 

ELLE A MENTI

Et qui est "elle" ? Elle, c'est elle, celle qui lui a fait tant de mal et qu'il s'interdit de nommer. Elle est au cœur de l'histoire d'Olivier, alors, il en parle tout le temps, forcément. Il ne veut pas lui faire de publicité, mais au fond, il ne parle que d'elle et on peut penser qu'au delà d'un désir de vengeance, d'un besoin de justice, il est obligé de passer par là, sans barguigner pour se remettre de sa propre histoire. Sans ce livre, sans l'écriture, il ne pourra jamais cicatriser. C'est une étape. 
Mais pas seulement. On peut facilement imaginer qu'au cœur d'une lutte impitoyable d'une ennemie qui ne l'a pas lâché, qui y a entraîné son entourage, son compagnon et même ses enfants, il lui a fallu, non seulement pour lui-même, mais aussi pour la justice, reconstituer tous les événements qui ont conduit à la catastrophe.
Le combat pour lui-même, il le mène avec son psy, dont il parle avec franchise, et avec ses proches. Mais le combat qu'il doit mener, y compris tout simplement dans le cadre de la recherche de la vérité que la société exige de lui, il le doit à la justice. Il n'a pas les moyens d'être au-dessus de ça. Il ne peut se reconstruire qu'en démontant le terrible échafaudage construit par son adversaire. 
D'où le titre.
On pourra regretter, mais s'il s'était davantage épanché, peut être le livre n'aurait pas fait 200 mais 500 à 1.000 pages, on pourra regretter la faible part de réflexion menée sur la justice et son organisation et les terribles conséquences d'un système broyeur d'individus, lors même que la fonction première de la justice devrait être de réinsérer ceux qui ont purgé leur peine ... Olivier Aubert montre, par l'exemple, à quel point l'individu est broyé avant même d'être jugé, tant pis pour lui s'il est innocent.
Telles sont les premières réflexions qui nous saisissent à la lecture du terrible récit. Il y en a d'autres. 
Elles seront livrées au public par Olivier Aubert lui-même, lors du café radical qu'il animera lui-même vendredi 18 mars 2016, à 18h30, au premier étage du Pèlerin, 2 rue Pierre Mendès France à Louviers.
PS : à la fin des débats, Olivier Aubert dédicacera son ouvrage. 


dimanche 6 mars 2016

Olivier Aubert interdit de marché ?

Olivier AUBERT est l'invité du prochain café radical vendredi 18 mars 2016 à Louviers.
Le livre d'Olivier Aubert. Un témoignage
puissant de sa terrible histoire. Un moyen
aussi de se remettre qui ne nécessitait pas
un obstacle supplémentaire. 
Visiblement, ça ne plait pas à tout le monde.
Ainsi Olivier Aubert avait-il l'intention de profiter de sa venue à Louviers, sa ville dont il a si longtemps été privé (rappelons qu'outre ses accusations et sa mise en détention préventive Olivier Aubert a été interdit de séjour dans le département) pour dédicacer son ouvrage sur le marché.
S'inquiétant de ne pas avoir de réponse de la part de la municipalité au bout de 15 jours, il a appris qu'on lui refusait de tenir un stand sur le marché.
C'est aussi incroyable qu'inadmissible. 
Priollaud ne connait pas bien Louviers. Sans doute est-ce la raison profonde pour laquelle il veut mettre le marché sous cloche. Mais le marché à Louviers, ce n'est pas qu'un espace commercial. Le marché est un lieu d'échange et de liberté. Depuis l'occupation, jamais à Louviers personne ne s'est vu privé d'un espace lui permettant d'expliquer ses idées. 
Encore une aberration démocratique.

Olivier Aubert sera l'invité du prochain
café radical, vendredi 18 mars à
18h30.
Gageons que cela n'empêchera pas Olivier Aubert d'être présent. Il dispose d'un numéro de SIRET et pourra faire valoir le droit de liberté du commerce pour rencontrer ses amis sur le marché.  

Café radical vendredi 18 mars à 18h30 au Pèlerin, premier étage. 
 Peut-on améliorer la justice ? débat animé par Olivier Aubert.
 
A l'issue du débat Olivier Aubert dédicacera son ouvrage : Elle a menti. 


mercredi 2 mars 2016

Priollaud : une aberration démocratique

Christian Renoncourt, Franck Martin et Marie-Pierre Dumont, une
opposition active lors du conseil municipal du premier trimestre 2016.
Le législateur, dans sa sagesse impose aux communes qui composent notre territoire national la tenue d'un conseil municipal par trimestre. Cette mesure minimaliste est là pour contraindre les communes rurales de traiter des affaires de la communes, même quand il n'y en a pas.
Disons-le tout de go, à l'échelle de Louviers, 18.000 habitants, plus grosse commune d'une intercommunalité c'est une aberration démocratique.
Le dernier conseil municipal a duré 5h40, quasi sans interruption de séance, ce qui n'est pas beaucoup étant donné l'ordre du jour particulièrement copieux. 40 articles, excusez du peu ! ... parmi lesquels le vote du compte administratif 2015 et un débat d'orientation budgétaire.
Il est arrivé avec Franck Martin que le débat d'orientation budgétaire occupe soit le seul point à l'ordre du jour d'un conseil. Tout simplement parce que cette mesure voulue par la loi de 1992 permet une véritable démarche pédagogique permettant aux municipalités de justifier et d'exposer leur stratégie financière. elle doit laisser place à un débat serein, compréhensible par tous. C'est le moindre respect dû au citoyen.
Visiblement, le citoyen, la municipalité Priollaud s'en tape. C'est le cochon d'électeur ! Déjà qu'il faut faire des conseils municipaux, mais si en plus il faut s'expliquer ... On n'en a pas fini ! 
Priollaud espère faire passer la pilule plus facilement en espaçant les conseils. Cela laisse moins de place à l'opposition et limite les efforts de présence à sa propre majorité ... une mesure au petit bras pour éviter la dispersion de sa propre équipe.
Rappelons que ce choix d'espacement maximal des réunions de conseil et des conséquences que cela a n'est pas venu de Priollaud lui-même. C'était déjà le choix d'Odile Proust, dont les plus anciens se souviennent peut-être et qui fut maire de 1983 à 1995. Comme Priollaud, elle était aussi indifférente aux affaires de Louviers.  Comme Priollaud, elle avait une équipe on ne peut plus faible. Sauf que son choix de ne faire qu'un conseil par trimestre n'est venu qu'au cours de son deuxième mandat. Priollaud applique cette mesure au bout de même pas deux ans de mandat !
Ca va si mal que ça, M. Priollaud ?

mardi 1 mars 2016

Mémoires dangereuses

Benjamin Stora sans Alexis Jenni. On ne peut
jamais en finir avec le passé.
L'Algérie est une exception française et Benjamin Stora est exceptionnel.
Il explique comment, de la montée du Front National au rapport à l'islam, et aux tensions liées à l'immigration, rien ne peut se saisir dans la politique française sans que de près ou de loin ne figure l'Algérie, notre tabou majeur.
En fait ce qui s'est passé entre la France et l'Algérie n'a d'équivalent ni au sein des autres colonies françaises, ni même au monde : l'histoire d'une colonie de peuplement. Celle qui a amené à définir l'Algérie et ses trente millions d'habitants comme un département français. Une fiction terrible et durable qui a faussé les relations entre toutes les communautés qui ont été confrontées au mythe. 
Ainsi l'ouvrage qu'il a co-signé avec Alexis Jenni, auteur de "l'Art Français de la Guerre", prix Goncourt 2011, s'intitule-t-il "Mémoires dangereuses" au pluriel et confronte-t-il l'ensemble des générations qui ont été marquées non seulement par la guerre en Algérie, mais aussi par 170 années de colonisations, terme enfin reconnu par les autorités française, dans le discours de François Hollande en  2012. Jusqu'alors, l'Algérie était dans la fiction d'un département Français, un département grand comme 3 fois la France. 
Je me souviens d'une réflexion qu'un ami anglais m'avait fait sur l'Europe et l'Angleterre expliquant la différence entre son pays et le reste du monde venait du fait qu'il n'avait jamais été envahi. 
Le fait d'être envahi, d'être dominé a, en effet, des conséquences terribles. Elle laisse la place à toutes les compromissions, à toutes les trahisons et à toutes les rancœurs qui s'installent pour les générations à venir. 
Plus les mémoires sont enkystées, et
plus elles vous éclaboussent quand
elles percent. Le rôle spécifique du
Front National dans la droite française
en est une conséquence comme vision 
nostalgique d'une Algérie française
idyllique qui n'a jamais existé.  
Ce phénomène explique sans doute en grande partie  les difficultés internes à la société algérienne, au delà tensions perceptibles en France entre descendants de harkis et des algériens immigrés, lors même que la fin de la guerre d'Algérie n'a provoqué aucune baisse  des conduites migratoires. En fait, l'immigration a été multipliée par deux durant cette période.
Cet élément est passé au second plan, l'urgence ayant été l'accueil des pieds-noirs, auxquels se sont mêlés les juifs d'Algérie dont Enrico Macias représente une figure emblématique, Benjamin Stora en étant une autre, idem, je pense pour Roger Hanin. Benjami Stora s'attarde d'ailleurs sur le cas du célèbre chanteur, dont les premiers chants sont un touchant besoin de reconnaissance, et auquel il a fallu plus de trente ans avant de mettre en avant l'importance de la culture et des pratiques juives algériennes notamment par le rappel du rôle de Cheikh Raymond. Le plein emploi, la croissance, ont permis l'intégration des expropriés d'Algérie 
Il y a des deux côtés de la Méditerranée, des blessures, des secrets, ce sont les mémoires dangereuses provoquées par une politique française s'entêtant dans une politique brutale d'aveuglement et qui a touché la quasi-totalité de la sphère politique, impliquant notamment à gauche des personnalités telles que Mitterrand et Mendès La France était dans le déni vis à vis de l'Algérie, et ce jusqu'en 1962. Alors qu'on accorde l'indépendance au Maroc et à la Tunisie, l'Algérie est écartée du processus. C'est le fameux : "l'Algérie, c'est la France, la seule négociation, c'est la guerre" prononcée par le ministre de l'intérieur de l'époque, un certain François Mitterrand. Et pourquoi ministre de l'intérieur ? Parce que précisément, on reste dans la fiction politique d'un département français, une fiction qui va faire beaucoup de dégâts.
Il faut rappeler que le sol Algérien n'a pas accueilli les Français les bras ouverts. Il a fallu 30 ans pour que la France impose sa présence au 19éme et fasse par ailleurs appel à une population espagnole et italienne pour s'imposer à la population autochtone. Un siècle de fiction politique suivra avec ses terribles conséquences au premier rang des quelles un apartheid faisant des Algériens des étrangers dans leur propre pays. 
Stora rappelle qu'en 1956, la France, avec Mendes France, accorde l'indépendance au Maroc et à la Tunisie cependant qu'elle vote les pouvoirs spéciaux en Algérie.
Au dernier rang de cette fiction : le désarroi et la détresse d'un million de jeunes hommes, envoyés pour 30 mois en Algérie et qui ont généralement laissé un grand blanc sur cette jeunesse sacrifiée. 30 mois, deux ans et demi, rappelle Stora, c'est extrêmement long, surtout pour un jeune et dans des conditions dépaysantes et pénibles, parfois terribles. 
Stora parle aussi d'un phénomène que j'ai déjà évoqué. C'est la fiction politique évoquant régulièrement la grandeur de la France, issue directement d'une vision d'empire. Or, la France, depuis 50 ans a perdu, et d'une certaine manière heureusement. Sauf que cela est vécu négativement, ainsi que le vocabulaire en est porteur. On parle de dé-colonisation, et non de libération. On parle de dé-centralisation, et non de fédéralisme. La France se vit en recul et non en projet.
L'Algérie a été fabriquée par le nationalisme français. Elle a été au centre d'une grande histoire que la gauche n'a pas remis en question, jusqu'à sa victoire en 1981. En 1982, Mitterrand amnistie les généraux condamnés par De Gaulle. Plus tard, ce sera le mouvement anti-raciste des beurs qui annonce dans une démarche laïque, un besoin de reconnaissance d'une génération fille des rapports entre la France et l'Algérie. 
Le pouvoir politique laisse la main avec Sarkozy puis Hollande à une génération qui n'a pas connu la guerre d'Algérie. Il aura fallu du temps. 
Une salle pleine pendant la conférence. Cela a surpris Stora
lui-même qui rappelait qu'il avait parlé quelques mois avant
du rapport entre les juifs et l'islam devant une salle quasi
alors que le sujet était passionnant. 
A droite comme à gauche, on est dans le tabou. Il faudra attendre Rocard, attaquant directement Le Pen à l'assemblée nationale et lui disant "vous avez torturé en Algérie" ... avant de se faire condamner (Rocard, pas Le Pen) parce que les faits dénoncés avaient été amnistiés.  
Tout cela ramène à ces terribles tabous, qui baignent nos mémoires dangereuses. On n'arrive même pas à trouver une date pour les commémorations ! Benjamin Stora travaille à un compromis mémoriel, mais à du mal à percevoir une issue.
Sans doute cela est dû aussi aux difficultés de l'Algérie à se confronter, elle aussi, à sa propre histoire. Les archives sont toujours fermées aux chercheurs et laissent s'imposer des données visiblement fausses au rangs desquels figure le chiffre du massacre de 150.000 harkis, chiffre qui semble intenable à Benjamin Stora.
Seule une recherche historique pourra venir à bout de ce type de difficultés, recherche historique qui mettrait à mal le pouvoir actuel.
Enfin, Benjamin Stora revient sur une idée reçue. Pour lui, il y a eu pas mal de films, de récits sur la guerre d'Algérie, ce qui manque c'est les récits sur la colonisation ... et de citer "Fort Sagane" comme le seul film abordant le sujet. C'est effectivement faible pour cette part d'histoire qui continue de marquer nos deux peuples.