mardi 15 septembre 2015

Tout le Mérite lui revient

Soirée marquante pour la gauche lovérienne et pour les amis de Franck Martin qui n'avaient pas loupé le rendez-vous.
Ce 14 septembre a permis de redonner à la salle Mendès France les lustres d'un parcours, d'un discours, d'un projet reconnu par l'État, incarnée par la lumineuse Annick Girardin, Secrétaire d'État au développement et à la Francophonie.

C'était une magnifique soirée, qui a permis de rendre hommage à l'œuvre de
Franck Martin et en tant qu'individu, et en tant qu'homme public. Elle a permis
aussi à tous ceux qui l'ont accompagné de vivre un de ces moments chaleureux
qui leur manque et qui font partie de l'engagement politique et public. Derrière
Franck Martin, Jean Louis Destans, Député et ami.  
Ci-dessous, accompagné de quelques photos, le discours d'Annick Girardin qui retrace avec talent le parcours de Franck Martin et démontre la justesse de la récompense avant qu'elle ne le fasse chevalier de l'ordre du Mérite Maritime .





Discours  pour la remise de l’insigne de l’Ordre du Mérite maritime
à M. Franck MARTIN
prononcé par Mme Annick Girardin
Secrétaire d'État au développement et à la Francophonie

 

Monsieur le Maire, Monsieur le député Jean Louis Destans, Mesdames et Messieurs les élus, Monsieur le Préfet, Mesdames et messieurs,
Cher Franck,

Nous sommes réunis ce soir pour honorer un parcours, le tien, fait de mer et de terre, le parcours d’un combattant et d’un bâtisseur.

A tous, je vous avoue que, j’ai été honorée d’être contactée par son ami Olivier Taconet pour lui remettre l’insigne de l’Ordre du Mérite maritime. Comme vous tous réunis ce soir, je connaissais l’engagement politique de Franck, dans cette municipalité. Garder le cap de cette tumultueuse ville de Louviers pendant près de 19 ans, soit 3 mandats successifs, dénote-t-il une capacité à faire front à toutes les tempêtes ?

Je suis très heureuse de remettre cette décoration à un ami. Dans cette ville qui a une importance si particulière dans cette région de Normandie. Qui a une importance toute particulière pour les héritiers de Pierre-Mendès-France, sa vision politique, son engagement. Je suis d’autant plus honorée de pouvoir le faire dans cette salle, tout à fait symbolique. Et je remercie le maire de Louviers, François-Xavier Priollaud, de nous accueillir ce soir. Je ne doute pas que les échanges entre l’opposition et l’équipe municipale sont souvent animés, parfois même vifs. Il est agréable de constater que malgré les divergences politiques, nous pouvons nous rassembler pour reconnaître les mérites des uns et des autres. Vous savez, face au repli des valeurs républicaines, il est encourageant de voir que certains usages républicains perdurent. Et je tiens à en remercier notre hôte.

 

Cher Franck,

Je ne voudrais pas seulement te rappeler à ton expérience politique mais plutôt à tes projets, tes défis, tes combats. Alors larguons les amarres, et ensemble prenons le large, pour suivre ton odyssée.

Comme beaucoup de jeunes Normands ambitieux, ton regard s’est d’abord porté sur l’Atlantique. De l’estuaire de New-York, où tu as passé une partie de tes études, aux fjords de Stavanger, où, fort de tes capacités linguistiques, tu deviens cadre dans un des chantiers de plateforme en mer. Ton travail, au contact des ouvriers de la mer, va te marquer profondément.

Ces chantiers terminés, tu t’emmanches à la Dépêche de Louviers, hebdomadaire historique du département. De retour sur la terre où tu as grandi, tu choisis de devenir un acteur de la vie publique. Après un passage sur les bancs de Sciences Po et un nouveau poste à La Dépêche de Louviers où, en tant que Secrétaire Général, tu réussis une des premières tentatives de numérisation d’un titre de presse en France, tu t’engages à partir des municipales de 1989 dans les combats électoraux de la politique locale. Fort de tes succès que nous connaissons tous, tu as su transformer profondément Louviers, qui semblable à beaucoup d’autres villes de France de l’époque, risquait de tomber en désuétude. Cette ville est aujourd’hui un centre d’attractivité majeur au sud de Rouen, tant et si bien que tu la considérais sous ton mandat comme la « capitale culturelle de l’Eure ». Car il est vrai que tu es aussi un défenseur acharné de la culture. Et c’est à ce titre que tu t’es distingué dans le domaine maritime.

Je voudrais ce soir rappeler deux de tes plus grands mérites :  

Le premier est d’avoir repris il y a plus de dix ans une petite maison d’édition, L’Ancre de la Marine. Cette activité a l’avantage de combiner ton intérêt pour la gestion, pour le livre et pour la mer. Tu as réussi à la faire grossir et à être, la première maison d’édition dans le monde consacrée à la mer qui propose des livres électroniques, que tu appelles très joliment des livrels. En tant que secrétaire d’État chargée de la Francophonie, je suis sensible à cette attention et tous devraient l’adopter pour remplacer ce mot affreux, ce mots sans âme : l’e-book.

Et en tant que Française d’Amérique du Nord, je suis encore plus sensible à l’importante section de ta maison d’édition consacrée aux Terre-Neuvas. 

Ce sont justement les Terre-Neuvas qui nous transportent à ton deuxième grand mérite : le Marité. Le dernier terre-neuvas construit à Fécamp, dernier témoignage de la pêche à la voile et au grand large, devait revenir au patrimoine de la France. Tu as mené cette action avec tous les mandats politiques dont tu avais la charge : maire de Louviers, conseiller général, conseiller régional, président de la Communauté d’agglomération. Cette action, tu l’as mené avec ces 36 autres aventuriers, les maires de l’agglomération. Non seulement, tu les as convaincus d’œuvrer en faveur de la création de la  Communauté d’agglomération, mais tu les as aussi persuadé de se montrer solidaire du projet qui te tenait à cœur : sauver le Marité.

Ce monument exceptionnel et rare de l’économie normande a eu plusieurs vies. En 1998, les propriétaires, des Suédois qui ont remarqué 25 ans plus tôt la beauté et la qualité du bateau qu’ils ont sauvé du désastre, veulent s’en séparer. Mais seulement à la condition que le bateau continue à naviguer et ne soit surtout pas transformé en musée définitivement amarré à quai. 

Informé de la situation, tu t’es emparé du projet et tu lui as donné, comme dans toutes tes démarches, une dimension sociale et écologique. Bois certifiés pour la remise en état de la coque du voilier dans les chantiers navals. Lycéen en filière professionnelle, jeunes en réinsertion et chômeurs de longue durée pour les travaux. Ecoliers, retraités et personnes en situation d’handicaps pour les visites et les embarquements.

Tous ces éléments ont permis de convaincre. Y compris au-delà des clivages politiques.

Le Marité est aujourd’hui le dernier terre-neuvier français en état de navigation. Il a gagné et mérité le titre de bateau d’exception, attribué par le Grenelle de la mer. La défense du Marité a été un combat difficile, qui a nécessité toute ta ténacité, cher Franck. Si tu n’en fus pas le seul acteur, force est de reconnaître que, sans toi, il n’est pas certain que le combat aurait pu être remporté. La Saint-Pierrais et Miquelonaise que je suis espère voir le Marité à nouveau sur les bancs de Terre-Neuve et en escale dans l’archipel. Pour que la boucle soit bouclée.  

 Les insignes remis aujourd’hui soulignent que derrière le bateau d’exception, il y a eu un homme d’exception, terre à terre, pour faire aboutir un projet, le regard vissé sur son cap pour sauver le Marité.

Voilà pourquoi, fille de marin et descendante de Terre-Neuviens normands, je suis personnellement très honorée ce soir, cher Franck, de te remettre ces insignes.

Franck MARTIN, au nom du gouvernement de la République, nous vous faisons Chevalier du Mérite Maritime.

























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