lundi 12 janvier 2015

Une journée particulière

Que restera-t-il de ce dimanche ? Que restera-t-il  de ce 11 janvier, où, 4 jours après le plus horrible attentat qu'elle ait connu la France a réagi d'une manière historique. 3,7 millions de personnes dans la rue. Record battu. Plus qu'un hommage à Charlie Hebdo et aux valeurs républicaines, il s'agit d'un événement historique dont l'avenir dessinera l'ampleur.
Il ne s'agit pas de voir ce qu'on ne peut y voir. Je
Place de la Nation hier à Paris, tout un symbole. Personne n'a imposé à qui que
ce soit un mode d'expression on ne peut plus modeste. Je suis Charlie, un
drapeau tricolore, une marseillaise ... le reste n'était qu'échanges de regards.
Une journée tout à fait particulière.
 
m'amuse de certaines réactions totalement à côté de la plaque, mais qui n'ont pas d'incidence. Au premier rang desquelles celle de Daniel Cohn-Bendit. Je la cite d'autant plus volontiers qu'elle vient d'un personnage si intelligent, si lié à Charlie Hebdo et dont je me sens si proche, qu'elle m'a davantage marqué.

- Ceux qui ont chanté la Marseillaise pour Charlie Hebdo n'ont rien compris, a-t-il dit ...
Pour moi, c'est Daniel Cohn-Bendit qui n'a rien compris, et l'on peut d'autant plus étrange venant de sa part que de vouloir donner des leçons au peuple.
Il ne s'agissait bien sur pas, et ce dimanche moins que jamais, de montrer qu'on avait bien compris les leçons de Charlie Hebdo, des leçons qui, je l'assure, n'existent pas. Voilà pourquoi, ceux qui prétendaient fièrement qu'ils étaient Charlie, étaient plus Charlie que Charlie lui-même. On peut le regretter, comme Dany Cohn Bendit, mais c'est comme ça.
Je suis Dany, comme je suis Charlie !
ça n'empêche pas qu'heureusement, on ne peut pas
être d'accord sur tout. En l'occurrence, même 
paradoxale avec la situation, ceux qui ont entonné
la Marseillaise ont beaucoup mieux compris ce qui
se passait que Cohn-Bendit lui-même. 
J'ai été le premier à être surpris lorsque la Marseillaise a retenti dans la cour de la Mairie de Louviers. Quel paradoxe ! Voir Cabu, Wolinski, et cette bande d'anar saluée par l'hymne national, comme pour n'importe quelle cérémonie patriotique !! Et pourtant ...
Pourtant, il y a pire ... ou mieux , il y a eu les hommages rendus à la police, au drapeau Français ... Eh oui !
Il en est des artistes comme de leurs œuvres ... leur portée dépasse leurs auteurs.
Les circonstances ont  voulu que Cabu, Wolinski, les dessinateurs, soient assassinés en même temps que des policiers, en même temps bien sur que de simples passants, en même temps que des clients d'une épicerie kasher, tués parce qu'ils devaient être juifs ... bien que je ne mette pas sur le même plan l'attentat de la porte de Vincennes et celui de Charlie Hebdo ...
Alors, oui, c'est comme ça. Chacun est devenu Charlie depuis 4 jours. C'est d'ailleurs ce qui pouvait arriver de mieux, même si, forcément, s'il y avait eu 2,7 millions de lecteurs de Charlie en France, cela se serait su. Bien sur, que parmi les chefs d'Etat qui ont accompagné François Hollande et les manifestants parisiens se soient mêlés quelques ennemis de la liberté dans leur propre pays voire quelques dictateurs cela dérange. Bien sur, voir Google annoncer qu'il est Charlie, revenir de la manif parisienne et voire la société d'autoroute annoncer elle aussi qu'elle est Charlie, ça fait bizarre ...  
Bizarre aussi cette ambiance au sein de manifestations sans partis, sans mot d'ordre, sans banderole ... Des manifestations entre deuil de personnes aimées, et joie de se retrouver nombreux, entre colère et satisfaction, entre peur et confiance ... Il y avait tout cela dans les manifestations  qui ont essaimé dans notre belle France.
Mais il y a une chose qui est bien plus importante et qui va au delà de la confusion que j'ai ressenti à Louviers comme à Paris, c'est la mobilisation populaire. si les chefs d'Etat sont venus, ont voulu venir, peut-être, sans doute Est-ce parce que le Président leur a demandé, mais il n'y aurait pas eu cette ampleur, cette présence, si le Peuple n'avait été là.
C'était le peuple de France, en rendez-vous avec son destin. Dans ce cas, le peuple n'a de leçon à recevoir de personne ... Et c'est à chacun de prendre auprès de lui ses leçons. Ne pas lui faire dire ce qu'il n'a pas dit ... ne pas lui dicter non plus de comportement sans toutefois renoncer à ses convictions.
C'est ainsi que l'on est Charlie.




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