lundi 25 août 2014

Concordance des temps

J'ai eu 60 ans le 3 août. Jusque là, rien d'extraordinaire. A signaler d'ailleurs qu'il est arrivé la même chose, à quelques jours près à notre président normal.ça se passe au cœur de l'été, au moment où tout le monde est en vacances.
Cette date a pris cependant pour moi un relief particulier, bien au delà de la date de mon anniversaire. Après tout, au bout de 60 ans, on finit par être habitué à ce genre de célébration amicale, même si ça fait toujours plaisir. En fait, quasiment jour pour jour, cette date correspondait à un autre anniversaire : celui des cent ans de l'entrée en guerre de la France en 1914.
Des journalistes expliquaient cyniquement que le grand succès des commémorations du débarquement de juin 44 étaient précisément dû au fait que celui-ci avait eu lieu en juin, c'est à dire à un moment où les gens sont encore mobilisés par la vie sociale. Ainsi le débarquement de Normandie a toujours plus de succès que le débarquement de Provence. 
Le café du Croissant à Paris.  Jean Jaurès y fut assassiné
le 2 août 1914, à la veille de l'entrée en guerre de la France
Question de période ... sans doute un peu. Il n'empêche : plus je vieillis, plus je me sens proche de cette période dont je n'ai pas senti qu'elle m'appartenait jusqu'à une date récente. C'est le temps qui passe qui me démontre que je lui appartiens.

Je suis né 40 ans après la guerre. Ce qui, à 20 ans, me semblait une éternité me semble un temps relativement restreint. 40 ans, c'est rien du tout, même si, dans 40 ans, je ne serai peut être pas en état d'en parler. Après tout, mai 68, que j'ai vécu à l'âge de 14 ans a durablement marqué mon existence ... et je suis capable de retracer cette période comme si c'était hier, lors même que je n'ai rien compris lorsque je l'ai vécu ...
Mais tout cela n'explique pas pourquoi je me sens de plus en plus proche de ces guerres qui s'éloignent dans le temps. Comment je me sens proche de la guerre de 14, proche de ce qui a pu être vécu en 39/40 ... Et pourtant !
Je renie pas l'impact de la guerre d'Algérie, dont l'influence a considérablement modifié mon mode de vie. Mais tout cela n'a rien à voir avec ce que je ressens de plus en plus profondément vis à vis des guerres et notamment de celle de 14.
La guerre de 14, passée par armes et bagages, c'est à dire, classée, rangée, je n'en ai retenu longtemps que l'attrait qu'elle avait eu dans le déclenchement involontaire de la Révolution Russe, que je pensais avoir une influence déterminante sur mon existence.
En fait, j'étais de cette génération de la pierre qui roule. De celle qui pensait maîtriser son destin, simplement parce que de qui pesait sur ses épaules était infiniment moins lourd que ce qu'avait eu à supporter les générations précédentes.
Nous avons cru que le monde nous appartenait, lors même qu'il n'appartient à personne. Il y a 70 ans, le  découpage du monde entre les grandes puissances à la fin de la guerre a été porteur de cette paix que l'on a appelé guerre froide. Ce découpage s'est notamment appuyé sur l'étouffement des peuples en leur assurant la protections de grandes puissances qui se révèlent incapables d'assurer à présent cette charge, et  qui ne sont plus en mesure d'assurer un projet pour la planète. Seule l'Europe est un espace de paix et montre que celle-ci reste la solution moderne des conflits, malgré toute la difficulté que cela entraîne.
Cependant, la guerre est partout, Palestine, Syrie, Ukraine même, et notre modèle peine à s'imposer. La guerre de 14/18 pour être le contraire d'un modèle, n'en est pas moins le socle sur lequel notre monde s'est construit. Ainsi, non seulement il a établi des vainqueurs, des vaincus, et des constructions étatiques passant parfois au travers de l'histoire. Tous les modèles qu'il a construit sont à présent fragilisés, ce qui, au bout d'un siècle n'est finalement pas surprenant. 100 ans, c'est long pour tout le monde. Mais ce qui a finalement réussi à s'imposer au cours du siècle, c'est l'idée que la liberté, l'égalité, la fraternité au bout du compte, impliquaient le refus de la guerre, de l'oppression, de la colonisation. A ce titre, nous n'avons pas encore parachevé la mission de la grande guerre. Sans doute laisserons nous cette tâche aux générations à venir, sans jamais oublier ce que nous ont laissé les enfants de 14/18, qui ont connu avant 30 ans la souffrance extrême, l'humiliation, la soumission, la blessure et la mort sans savoir ce que tout cela allait apporter au monde.

mercredi 13 août 2014

L"État a-t-il encore un sens en Europe ?

Suite du programme du forum républicain et poursuite de la réflexion ...
Atelier dimanche 18 octobre : 
La question de l'Etat, de sa réalité, de son pouvoir face au monde, au poids des multinationales et de l'Europe. 
L'Etat a-t-il encore un sens en Europe ? 
difficile de répondre par oui ou par non ...




Virginie Rozières, nouvelle députée européenne au cœur du débat sur l'Europe
animera le dernier (mais non le moindre !) atelier du forum républicain. 
Alors que les élections européennes de 2014 ont été marquées par un taux de participation très  faible et un score historiquement élevé du Front national, la relation entre l’Etat et la construction europée
nne semble au cœur des préoccupations de nombre de nos concitoyens.
 Le processus d’intégration européen est caractérisé par le respect de la notion d’Etat, c’est « l’Europe des Etats-nations », construite par eux-mêmes en déléguant volontairement une partie de leur souveraineté à un organe supranational, légitimement élu et pouvant mieux assurer un certain nombre de missions. Ce principe de subsidiarité, impliquant que chaque mission doit être réalisée par l’échelon qui est le plus efficace, est un des principes fondamentaux de la construction européenne.

Paradoxalement, malgré la force et le respect de ce principe, la remise en cause de l’Europe prend du poids dans l’opinion en cette période de crise où le repli sur soi est exacerbé. Pouvons-nous dire alors que l’Europe a remplacé l’Etat ? Celui-ci a-t-il encore un sens en Europe ?

La question est volontairement polémique car bien évidemment l’Europe ne peut pas tout gérer et ne doit pas tout gérer. Cependant cette question met en exergue le fait que les deux constructions, celle de l’Etat et celle de l’Europe, peuvent paraître antinomiques. En effet l’Etat s’est construit par la force au terme de siècles de luttes et a ensuite imposé une culture et une identité commune progressivement acceptées par la population qui en a fait ensuite le ciment de l’unité nationale. Pour l’Europe en revanche, même si une conscience collective européenne émerge péniblement, c’est le pragmatisme qui a motivé sa construction, d’abord la paix puis la prospérité économique et la défense des droits fondamentaux. En période de crise on voit bien que ce pragmatisme est toujours présent, la différence étant que le propos s’est inversé : ne serait-il pas dans notre intérêt de quitter l’Union ?

Les grands axes de réflexion sur cette question du sens de l’Etat en Europe se situent donc à quatre niveaux :

  • Le processus d’intégration de l’Union européenne enlève-t-il progressivement toute utilité à l’Etat ?
  • Est-on alors dans une période transitoire où le débat sur l’Europe est en faite celui entre deux types d’organisation, d’échelle du pouvoir ?

  • Ne peut-on pas concevoir la construction d’une fédération européenne parallèle aux états, qui les respecte, sur lesquels elle s’appuierait créant des synergies et permettant une gestion plus efficace des affaires publiques ?


  • Est-il possible de créer pacifiquement une alternative crédible à des organisations étatiques qui ont mis des siècles et traversées d’innombrables guerres pour enfin obtenir cette légitimité qui semble faire tant défaut à l’Europe actuellement ? 

mardi 12 août 2014

Les partis politiques sont-ils encore utiles ?

Forum républicain, suite des débats :
Intervenants : Rama YADE, Robert HUE, Corinne LEPAGE, Jean-Luc BENHAMIAS et Yves PIETRASANTA
Atelier du samedi 18 octobre à 18h15

(nota bene : et l'on remarquera que tous les intervenants ont eu à un moment ou à un autre des problèmes avec leurs partis politiques d'origine)  

Eléments de débats : 
Corinne Lepage, toujours
présente dans le débat, n'a
jamais ressenti le besoin
d'adhérer à une grande
formation 
Les récentes « affaires » financières et judiciaires auxquelles ont été confrontés les partis politiques ont accentué un mouvement de défiance ancien et croissant à l’égard des partis politiques.

Outre de concourir à la formation d’une opinion publique en structurant le débat public, puis de sélectionner et de professionnaliser des candidats aux élections, les partis ont pu devenir par le passé de véritable espaces de socialisation à part entière, pouvant structurer le corps social.

Mais l’évolution des pratiques politiques a considérablement affecté tant le rôle que l’image des partis politiques auprès des citoyens.

La libéralisation de l’accès à l’information, l’individualisation du rapport à la chose publique, la personnalisation de l’exercice du pouvoir ont réduit le poids des partis dans l’action publique. Le
développement des « primaires » leur ôtant même la fonction de sélection des candidats aux élections.
On peut dire ce qu'on veut de l'évolution de Robert Hue, mais
son parcours même est celui d'un homme pour qui le parti a
représenté tout, c'est à dire la seule voie d'émancipation de
l'humanité. Le petit parti qu'il a créé depuis a du mal à lui
donner le moyen d'exister. Normal ! Sa démarche s'apparente
davantage à un parcours individuel.


Au-delà de leur confrontation à des institutions qui progressivement réduisent leur influence, les partis politiques souffrent d’une vraie crise de représentativité. L’ensemble des partis français connait une baisse structurelle du nombre de leurs adhérents, que seule une campagne et une dynamique autour d’une personnalité politique est susceptible de momentanément interrompre.

La délicieuse Rama Yade, après
avoir été Sarkozyste s'est faite
accueillir par Borloo lorsque celui-ci
a fondé l'Udi... puis a tenté de prendre
la tête du parti radical valoisien. Preuve
que même si les partis politiques ne lui
ont pas donné ce qu'elle attendait, elle
continue à avoir besoin d'eux.
Le défi auquel sont confrontés les partis politiques est de aussi de résister au « militantisme à la carte » offert par des mouvements sociaux « monothématiques ». Un défi complexe compte tenu de
l’atomisation du débat politique, et de l’atténuation des grands clivages partisans. Peut-on encore avoir des débats de fond dans un parti politique ?

Jean-Luc Bénhamias ex-Verts, ex-Modem, a décidé de
créer son propre parti : le front écologiste et démocrate,
démontrant ainsi à quel point la vie politique est difficile
a l'intérieur des organisations nationales... Le fait est que ce
sont les seules qui permettent d'avoir une audience minimale.
A moins que la crise des partis ne soit en réalité le fruit d’un renoncement à leurs principes premiers : offrir une lecture politique de la société, et de son devenir, suffisamment cohérente pour rassembler autour d’elle des personnes qui en partagent les valeurs structurantes, plutôt que de recherche la maximisation de son potentiel électoral.

Jean-Yves Pietrasanta, créateur de Génération-Ecologie 
Dès lors les partis politiques sont-ils aujourd’hui encore nécessaires et utiles ?

Les partis politiques n’ont-ils pas vocation aujourd’hui à devenir des rassemblements d’élus ?

Le non-cumul des mandats, l’introduction de plus de proportionnelle donnent-ils, au contraire, plus de perspectives aux partis politiques ?







lundi 11 août 2014

Simon Leys et la fin des illusions



Simon Leys intellectuel européen,
né le 28 septembre 1935 à Bruxelles,
mort à Canberra, Australie.
Il est une époque pas si lointaine (puisque je l'ai vécu) où une grande partie de l'intelligentsia française s'était entichée du Président Mao et voyait dans la dictature à laquelle il soumettait la Nation chinoise le parangon de l'avenir de l'humanité. 

Les illusions dangereuses et mortifères véhiculées par ce socialisme exotique se sont tues. L'évolution du parti communiste chinois et la mort progressive des régimes dictatoriaux se revendiquant du socialisme ont largement contribué à l'extinction du honteux soutien qu'on a pu leur attribuer. Seul Mélenchon et quelques gauchistes entêtés cherchent du côté de Chavez et de Cuba des vertus aux dictateurs. 
Tel n'était pas le cas en 1971, lorsque Simon Leys a jeté un
Les habits neufs du président Mao n'ont pas
été un succès de librairie,  mais ont empêché
le succès d'ouvrages courtisans envers la
dictature chinoise et ont préfiguré la nature
du régime et l'écroulement politique du maoisme
à la française. 
immense pavé dans la mare de l'aveuglement des intellectuels maoïstes français. Son livre : "les habits neufs du Président Mao, s'attaquait de front au discours officiel que la Chine avait réussi à imposer à une presse française paresseuse, et dont une bonne part de ce qui essayait de penser en France reprenait sans distance en y recherchant sans trêve et sans honte un modèle pour l'humanité.
Dans son livre, il remettait les choses à leur place, expliquait ce en quoi la Révolution culturelle était en fait la traduction d'un règlement de comptes impitoyable orchestré par le président Mao qui a amené la mise en coupe de la Chine. On pouvait y voir un exploit politique, mais surtout pas un progrès pour la Nation chinoise et encore moins pour l'humanité.
Les propos de Simon Leys ont été
lourdement ignorés par les tenants
du socialisme exotique qui avaient trouvé
dans la dictature maoiste un substitut au
régime soviétique, qui revélait au monde
ses avanies.
L'essentiel de ce qui était dit dans cet ouvrage dont nul ne connaissait l'auteur, s'est révélé vrai dans les années qui ont suivi. 
En fait, Simon Leys était le nom de plume de Pierre Ryckmans. Celui-ci, grand connaisseur de la Chine, était belge. Cette distance a sans doute contribué à la manière dont il a roulé l'intelligentsia maoïste dans la farine. Disons qu'avant son ouvrage, les dénonciations de cet état d'esprit lamentable n'étaient que marginales.  
Signalons enfin et nous n'en parlerons plus que Simon Leys avait pris un pseudonyme de façon à se garder la possibilité de séjourner en Chine. Une intellectuelle maoïste française Michelle Loi avait cru bon de le dénoncer, ce qui en dit long sur l'état d'esprit de l'époque ... (encore une fois pas si lointaine) et sur la manière dont les intellectuels peuvent se transformer en répugnants courtisans prêts à se soumettre pour pas un rond à toutes les dictatures. 
Pierre Ryckmans, alias Simon Leys, est mort aujourd'hui. 

Au delà de sa dénonciation du maoïsme, Simon Leys a fait partager sa grande connaissance de la culture et de l'histoire de la Chine. Il faisait aussi partie des "Écrivains de Marine", association regroupant une vingtaine d'auteurs. Son dernier ouvrage, les naufragés du Batavia, était paru aux éditions Arléa. 



   




dimanche 10 août 2014

Faut-il supprimer le 1er ministre ?...

ou, pour parler plus précisément : le poste de premier ministre

Atelier du samedi 18 octobre à 14h00



Rien à voir avec une question de personne... Mais c'est vrai que, si on a
du mal à comprendre le statut de 1er ministre sous la 5e République, c'est
peut-être que cet incohérence à laquelle on a fini par s'habituer devrait être
supprimée ... 
Alors que la IVème République a été marquée par l’instabilité parlementaire qui fut d’ailleurs à l’origine de son impopularité, les institutions de la Vème République consacrent le rôle central du Président de la République, chef de l’Etat, des armées mais bien souvent également chef de la majorité parlementaire. La fin de septennat et la concomitance des élections présidentielles et législatives ont encore renforcé ce phénomène. En effet l’élection présidentielle se déroulant un mois avant les élections législatives il est peu probable que les français se déjugent dans un laps de temps aussi court d’autant que la victoire à l’élection présidentielle garantit une dynamique propice à la victoire du camp du président élu aux élections législatives qui suivent.

Nous l’avons vu avec les différents Premiers ministres qui se sont succédé et hormis les cas  particuliers des cohabitations, la fonction de Premier ministre peut s’apparenter à un cadeau empoisonné. Serait-il un simple « collaborateur » du Président de la République comme avait été désigné François Fillon par Nicolas Sarkozy alors au pouvoir ? A-t-il les moyens d’être plus que cela ?
C'est un point sur lequel curieusement François Fillon était
d'accord avec le prg avant 2007 : supprimer le premier
ministre. Dans le cadre des relations sado-maso
  qu'il a connu avec Nicolas Sarkozy, celui-ci  n'a sans
doute pas manqué de lui rappeler. L'ex premier ministre a-
  t-il toujours le même point de vue maintenant qu'il affiche
son ambition de devenir Président de la République ?
  

Faut-il supprimer le Premier ministre ?

On peut d’abord se demander si le problème vient de la fonction de Premier ministre elle-même ou du rôle du Parlement. En effet la question de l’utilité du Premier ministre renvoie immédiatement à la place du Parlement qui serait pour certain devenu une simple « chambre d’enregistrement ». La question de la séparation des pouvoirs se pose ici et l’on voit bien actuellement toute la difficulté pour les parlementaires de la majorité d’exercer sinon un contre-pouvoir en tout cas leur indépendance vis-à-vis de l’exécutif.

Pour rappel, l’article 21 de la Constitution stipule que « Le Premier ministre dirige l'action du
Gouvernement. Il est responsable de la défense avec nationale. Il assure l'exécution des lois. »

Le rôle du Premier ministre est donc très important et clairement inscrit dans la Constitution de la Vème République. Le problème ne semble donc pas être les textes mais leur application. En effet la légitimité énorme qu’offre au Président de la République son élection au suffrage universel direct ne serait-elle pas une des causes de l’effacement du second personnage de l’Etat ? Plus encore, le pouvoir de dissoudre l’Assemblée nationale, et donc de renvoyer le Premier ministre et son gouvernement, ne contribue-t-il pas à le placer dans une situation de précarité, empêchant l’affirmation de son autorité et la bonne conduite de ses missions ?


En somme, faut-il supprimer un Premier Ministre victime d’une position impossible, intrinsèque à l’organisation du pouvoir de la Vème République ou faut-il réhabiliter cette fonction fondamentale, garante du respect du pouvoir législatif ? Notre République changerait alors radicalement de nature. 

vendredi 8 août 2014

Faut-il élire les juges ?

Forum républicain, suite ...

Quoi qu'on ait pu en dire, Christiane Taubira reste une
figure de proue de la gauche et du radicalisme. Elle animera
le débat sur la question délicate et fondamentale de l'élection
des juges. Je suis prêt à parier qu'il y aura beaucoup de monde
pour l'entendre.
Atelier samedi 18 octobre à 11h15,
Intervenants : Christiane TAUBIRA, Alain TOURRET, Béatrice PATRIE et Jean-François ARRUE

Les accusations d‘instrumentalisation politique de la justice sont aujourd’hui très fortes d’autant que les affaires liées à des élus font régulièrement la « une » des média. En effet c’est devenu une habitude pour certains hommes et femmes politiques, de remettre en cause l’impartialité des juges
dès que ceux-ci prennent des décisions qui ne leurs plaisent pas. Plus que ces comportements indignes d’élus républicains, c’est l’écho que trouve ces accusations dans l’opinion qui est
préoccupante.

L’organisation même du système judiciaire français porte-t-elle une part de responsabilité ? En effet, les magistrats du parquet étant nommés par la chancellerie il y a donc une potentielle asymétrie
entre les pouvoirs exécutif et judiciaire, un mélange des genres qui pourrait brouiller la perception que nos concitoyens ont de la justice. L’enjeu est donc de savoir comment faire disparaître toute
ambiguïté quant à l’origine des décisions de justice. Dès lors, faut-il élire les juges ?

L’élection des juges permettrait-elle de leur donner une véritable légitimité et indépendance tout en les rapprochant des citoyens ? Cependant n’y aurait-il pas un risque que les décisions prises par ces juges, scrutés par leur électorat, ne soient prises en fonction de choix politiques en vu d’une élection ou d’une réélection. Dès lors le juge qui prendrait une décision sera-t-il motivé par le fait qu’elle est juste et en accord avec la loi ou par le fait qu’elle plaira à ses électeurs ? 
Alain Tourret, député-maire de Moult, près de Caen, n'est
pas seulement un défenseur de la réunification Normande.
Le parlementaire radical est aussi un infatigable défenseur
des libertés qui s'est battu contre le principe de détention
provisoire.
Comment faire pour juger sereinement le personnel politique ? Comment redonner la certitude aux citoyens que les décisions prises n’ont pas été influencées par le pouvoir en place ? L’élection est une
réponse drastique, choisie d’ailleurs par de nombreux pays dont les Etats-Unis. Il existe également des mesures intermédiaires comme une plus forte séparation entre le parquet et la chancellerie ainsi qu’une condamnation systématique de la remise en cause d’une décision judiciaire (c’est un délit).

La procédure inquisitoire qui est celle de la procédure française doit-elle faire place à la procédure accusatoire où le juge joue un rôle plus passif ? Quid du secret de l’instruction devenu, notamment
dans les dossiers politiques, un leurre ?

Le Parti radical de gauche ose poser les questions
fondamentales qui sont constitutives d'une
réflexion constitutionnelle. Élire les juges, comme en
Amérique ... voilà qui changerait bien des choses  et
peut faire peur.  
Enfin, ne serait-ce pas aussi un problème de prise de conscience collective sur le rôle de la justice et sa légitimité à juger et condamner des citoyens que nous avons élus ? Et d’aller donc contre le choix
démocratique du peuple souverain. En effet la décision judiciaire est le seul cas ou la volonté populaire exprimée par le vote peut être remise en cause et qu’une personne élue peut être démise de son mandat















mercredi 6 août 2014

Vote obligatoire, Service Civil obligatoire, l’engagement citoyen doit-il s’imposer ?

Poursuite de l'exposé des thèmes qui seront abordés lors du forum républicain organisé par le parti radical de gauche les 17, 18 et 19 octobre 2014 à Paris

Quand on vous dit qu'on ne fera pas obligatoirement dans le
consensuel ... Caroline Fourest n'est pas connue en tous les
cas pour mâcher ses mots. Alors, Caroline, peut on obliger
les gens à faire vivre la liberté ? 
Atelier du samedi 18 octobre à 9h45 avec Caroline Fourest, François Chérèque et Jean-Luc Laurent :
Vote obligatoire, Service Civil obligatoire, l’engagement  citoyen doit-il s’imposer ? 


Au travers des moyens attribués pour reconnaître, valoriser et susciter l’engagement citoyen, ce qui est en jeu c’est la capacité de la société à donner un sens, une réalité concrète, à la notion de « vivre ensemble » et accomplir les principes républicains.

François Chérèque, ancien dirigeant de la Cfdt
avait laissé un excellent souvenir lors de son passage
à Louviers, et avait été accueilli par la municipalité de
Franck Martin.
 Une des valeurs qui fondent le plus profondément notre engagement politique est sans doute la Liberté. Une liberté entendue dans un sens large, qui implique que chacun soit acteur de son insertion, de sa construction personnelle, de son émancipation. Une liberté ambitieuse donc afin qu'à chaque instant de sa vie, chaque individu soit confronté à des choix, et soit mis en situation de les affronter.

Pour autant la République peut-elle survivre à l’individualisation croissante des comportements politiques, et au délitement du lien social ?

Jean-Luc Laurent, dirigeant du Mrc, parti créé par Jean-Pierre
Chevènement. 
Si l’école reste le creuset de l’apprentissage de la citoyenneté, de la tolérance et de l’ouverture vers l’autre, elle n’a pas encore su faire pleinement aboutir sa promesse d’égalité des possibles entre tous citoyens. De ce point de vue, le service militaire avait pour beaucoup de Français l’avantage d’offrir un temps où tous les citoyens se sentaient égaux entre eux et apprenaient à vivre ensemble.

Dès lors faut-il imaginer un service civil obligatoire au travers duquel un temps devrait être obligatoire consenti par chaque jeune citoyen à l’intérêt général, et au travers duquel il achèverait son parcours d’insertion sociale et de formation citoyenne ?

Et au-delà d’imposer l’engagement civil, ne convient-il d’agir de même pour la participation aux mécanismes de consultation républicains ?

 Sont-ce là des réponses opportunes au développement de l’abstention comme de l’extrémisme, sont-ils réalisables et quels seraient leur impact sur les institutions françaises ?

Atelier du grand forum républicain des 17, 18 et 19 octobre
Lorsque l’on analyse les différents scrutins ces dix dernières années, le taux de participation lors des élections partielles atteint des niveaux très faibles.

Faut-il rendre le vote obligatoire ? 



dimanche 3 août 2014

Décentralisation/ Egalité des Territoires : la Réforme territoriale

Atelier du vendredi 17 octobre à 15h45



Les nouvelles régions telles que soumises au Parlement. Bien entendu, les
défenseurs de l'unification de la Normandie en seront satisfait ... sauf que
ça aurait pu se faire autrement. Et, au fond, quel est l'intérêt d'une
réforme des territoires ? Amener plus de cohérences dans la décision, rendre
celle-ci plus accessible au citoyen ou juste faire des économies ?
A noter, ce sujet fera aussi l'objet d'un débat lors de la journée citoyenne
organisée à Amfreville-sous-les-Monts le 30 Août
La question de l’organisation territoriale de notre pays revient de façon récurrente dans le débat public. L’enjeu est la mise en place d’un nouvel acte de la décentralisation, dans la lignée des mesures prises dès juillet 1981 par François Mitterrand.

La réforme territoriale menée par le gouvernement a pour ambition de simplifier cette organisation et de faire de substantielles économies de fonctionnement tout en rapprochant les citoyens de leurs élus afin de lutter contre le scepticisme grandissant de la population envers ses représentants.

Mais cette réforme simplifie-t-elle le fonctionnement des collectivités territoriales ? Il est indispensable de disposer d’une organisation permettant d’optimiser les dépenses de l’Etat en la matière, reste à savoir quels gains d’efficacité seront réellement réalisés alors que la plupart de nos voisins européens ont autant d’échelons que nous.

Cette réforme permet-elle de faire des économies ? La question est en suspend et bien que le gouvernement ait avancé quelques chiffres, régulièrement revus à la baisse, il n’existe aucun consensus sur la réalité des économies qu’une telle réforme pourrait permettre.

Atelier du 17 octobre à 15h45
Cette réforme rapproche-t-elle les citoyens de leurs élus et entraine-t-elle une amélioration en termes de fonctionnement démocratique? Là encore on peut exprimer des doutes mais surtout aucune certitude. En effet, l’essor des intercommunalités tend à dynamiser l’échelon le plus local respectant un principe de subsidiarité inhérent et indispensable au bon fonctionnement de la République. Cependant la disparition des Conseils Généraux, notamment dans les zones rurales, pourrait exacerber un sentiment d’abandon chez les citoyens qui verraient alors leurs élus, les centres décisionnels et les services publics s’éloigner encore un peu plus d’eux.


Enfin, le principal enjeu de l’organisation de nos collectivités territoriales réside dans leur mode de financement. Alors que la dotation de l’Etat baisse chaque année en raison des restrictions , que les taux d’imposition des collectivités territoriales sont le plus souvent déjà élevés et que leurs taux d’endettement sont très importants, quelles marges de manœuvre financières reste-il aux collectivités pour remplir correctement leur missions actuelles et plus encore les missions supplémentaires qui leurs seront dévolues avec la réforme territoriale ? 

vendredi 1 août 2014

Démocratie directe, Démocratie participative, faut-il supprimer les élus ?

Le drapeau noir flotte sur la marmite !

Comme convenu, je vous livre quelques éléments de réflexion sur cette proposition qui semble provocatrice ... mais qui se traduit bien dans la réalité : la loi sur la réforme territoriale, prévoit de supprimer des élus. Est-ce une bonne chose ? 
Atelier du vendredi 17 octobre à 14h15 

Selon la formule, les radicaux sont des anarchistes qui aiment
l'ordre
. Les questions provocatrices ne leur font pas peur.
La démocratie cependant, ne reste-t-il pas selon la formule
de Churchill "le pire des systèmes à l'exception de tous les
autres"

L’aspiration des citoyens à pouvoir être associés à l’action publique est de plus en plus prégnante dans les démocraties modernes. Plus que la consultation des habitants, c’est une réelle culture participative qui s’est développée, au travers de laquelle les citoyens souhaitent être parties prenantes tout au long du processus de mise en oeuvre de la décision publique.
La question est aussi : comment gérer le rejet de l'autorité ? 

 Le développement de l’administration numérique et de nouveaux outils dématérialisés d’association du public a répondu à cette préoccupation autant qu’elle l’a développée.

 Si elle vise pour le pouvoir à mieux anticiper les besoins du public autant qu’à assurer l’acception sociale de leur action, cette dynamique s’inscrit également dans un contexte de défiance à
l’égard de la démocratie représentative.

Cette dernière est tout d’abord confrontée à une situation économique et sociale qui tend à rendre impuissants, aux yeux du public, les élus de la République. Un sentiment aggravé par la
complexification croissante de l’action publique tant par son perfectionnement, que la multiplicité d’acteurs intervenant dans le circuit décisionnel (Collectivités, Etat, Europe). Une complexité qui a d’ailleurs pu se traduire par une « dépolitisation » de l’action publique et une prévalence de l’administration et de ses techniciens. Enfin le développement des « affaires » a mis en péril la crédibilité et la probité de la parole publique et des élus.

 Dans le même temps, les dispositifs de démocratie participative n’ont pas toujours su répondre aux aspirations qui ont justifié leur création. Outre la frustration générée par l’application du principe
Forum républicain des 17, 18 et 19 octobre 
majoritaire et le sentiment de ne pas être suffisamment « écoutés », ils ont pu apparaître comme n’étant mobilisés que par un public restreint et peu renouvelé, en contradiction avec sa vocation
première.

 Si le droit français reconnaît la nécessité de l’information, de la concertation et de l’association des citoyens à l’action publique, selon quelles règles et quels principes ces dispositifs peuvent-ils
ménager la légitimité propres aux élus de la République ? L’individualisation du rapport à la chose publique, et la multiplication des dispositifs de démocratie participative, ne menacent-ils pas, à terme, l’acception sociale et populaire de l’existence des élus ?