C'est pourtant là le sujet le plus récurrent, le plus désolant et le moins intéressant de la vie politique nationale. Il faut bien reconnaitre cependant que la cantonale de Brignoles est une victoire pour le parti de Jean-Marie Le Pen, que ce n'est pas le premier et que ce n'est sans doute pas le dernier.
Je prends d'abord toutes mes précautions : pas question ici de parler de péril fascisant, de nazification de la société française et autres balivernes. Le Front National n'est pas un parti comme les autres, sans doute, c'est un parti d'extrême droite, sans doute aussi. C'est un parti populiste au sens où il manie au maximum les attentes et les déceptions populaires dans le but d'engranger du soutien et des voix, tout en sachant qu'une fois au pouvoir, il ne sera pas en mesure d'y répondre.  C'est aussi le parti qui recueille en son sein un maximum de racistes, et qui attire d'ailleurs un maximum de votes racistes.
C'est suffisant pour voir en lui un danger pour notre République. Une République qui a une droite, une gauche, mais qui a besoin de la liberté et du débat, qui a besoin de générosité et d'égalité, une société qui a besoin de fraternité et d'ouverture. Une société qui a besoin d'intelligence.
Bref, hier soir, le Front National a confirmé sa percée dans l'opinion française, parallèlement à la dégringolade de la gauche qui soutenait un candidat du parti communiste français. Ledit candidat avait perdu en 2011 l'élection de 5 voix, offrant ainsi au Front National une des deux victoires obtenues à l'échelle nationale. Ayant fait appel, le communiste avait obtenu une  nouvelle organisation du scrutin, qu'il avait alors gagné de 25 voix. le candidat du Front National avait alors fait appel, obtenant l'organisation d'un nouveau scrutin, celui dont le premier tour a eu lieu hier et qui s'et traduit par l'élimination des candidats de gauche. Nous avons donc ainsi tous les éléments d'un scrutin local traduisant un contexte national tout particulier. On ajoutera entre temps, que le candidat du Front National, Jean-Paul Dispard,  s'était fait entre temps éjecter du Front National et s'était présenté comme candidat indépendant.
Ces éléments étant donnés, je me permets d'avancer les éléments suivants.
 1) Pour la gauche.
C'est une déroute, bien sur... Mais il faut nuancer pour deux raisons.
Le score du Front National à Brignoles, c'est grave docteur ?
C'est la  peste brune ou la peste émotionnelle ?
La première est que le candidat était communiste, donc faisant partie du Front de gauche de Jean-Luc Mélenchon. Le Parti socialiste, les radicaux, avaient renoncé, cette année encore à se présenter en raison du danger "front national" et de laisser la place à un deuxième tour droite/front national. Cette attitude se comprend, mais il n'en demeure pas moins que personne n'était là pour défendre la politique gouvernementale et que le débat a de ce fait pris une tournure idéologique. On n'était pas pour ou contre le gouvernement, même pour ou contre la gauche, mais pour ou contre le Front National.
On me rétorquera que les Verts ont présenté un candidat ... qui a fait un bon score d'ailleurs, de 9 %. Mais justement, sur ce canton, ils faisaient davantage. Peut-être ont-ils recueilli les voix de ceux qui soutenaient le gouvernement ? C'est peu probable. Ce qui est certain, c'est que le débat était faussé et pour l'état de la gauche et pour la situation nationale.
Il ne faut malgré tout pas se voiler les yeux et appeler une défaite une défaite. Simplement, le résultat de ce dimanche met l'accent sur le fait que le populisme de Mélenchon et du Front de gauche cède le pas face au Front National. La culture de revendication chère au parti communiste français, et copiée tristement au front de gauche et à l'extrême gauche a perdu tout impact électoral.
De même, le résultat souligne l'impasse politique de Mélenchon qui, de rage, en oublie de faire barrage au Front National et vient de perdre un de ses rares élus (voir l'article du Parisien sur Joseph Rossignol, maire de Limeil-Brévannes).
2) Pour la droite
Certes, elle reprend sa place et sera présente au second tour. Mais cela est avant tout lié au circonstance et non à son talent. Son discours d'exclusion n'a servi qu'à libérer le flux de frustration et enrichir le vote pour le Front national. Cela d'ailleurs, excusez-moi si j'y reviens, a pour incidence pour la gauche, que ce n'est pas en collant au discours mélenchoniste que la gauche gagnera des voix. Juste la défaite et le déshonneur, comme disait Churchill. Le discours de l'Ump tient de la contestation infantile et permanente et ne cache pas son absence de projet et de réflexion. elle montre ainsi qu'elle doute d'elle-même. Il ne lui permet pas d'occuper une place de  responsable au sein de l'échiquier politique. Il empêche l'électeur de faire clairement la différence entre l'Ump et le Front National. Cet élément issu directement de la politique Buisson Sarkozy risque de lui couter cher.
3) Pour le Front National.
C'est la période du pain blanc. Plus il de voix, plus il fait parler de lui. Plus il fait parler de lui, plus il fait peur. Plus il fait peur, plus il a de voix. Il n'y a pas de raison que ça s'arrête. On parle beaucoup du tapis rouge tendu par les médias au Front National. Mais là encore, du Npa à Valeurs actuelles on en parle que du Front National en passant par l'Humanité, le Figaro, Bfm TV et même mon blog ( :( ! ) ! C'est bien normal, on trouve là tout le sensationnel et les politiques eux-mêmes jouent à se faire peur !
Essayez d'intéresser les gens avec une description réelle de la situation économique, de leur dire que la situation est en cours d'amélioration, que la hausse des impôts sert essentiellement à résorber la dette et permet d'éviter une hausse des taux qui foutrait l'économie à genoux et préparerait des catastrophes politiques !
Tel est pourtant le véritable enjeu. Celui-ci dépasse Brignoles et dépasse le Front National ! Il sera réellement présent dans trois ans. Ce sera le fond du discours politique à l'occasion de présidentielle. A Brignoles, le gouvernement était absent, donc inaudible.
Pour désolant qu'il soit, le résultat de Brignoles n'est, espérons-le, pas obligatoirement annonciateur de catastrophe. La société doit se mettre à l'abri de la peste émotionnelle.