vendredi 30 août 2013

Un message pour Olivier


Depuis que je sais qu'Olivier
Aubert dort en prison, il n'est
pas une soirée où je ne pense
à lui.
Je ne sais pas ce qu'il a fait, je ne suis pas en position de le juger. Je sais par la presse ce dont il est accusé. Je sais que je condamne le viol, les violences faites aux femmes. Je sais aussi que, comme tout le monde, j'ai été proprement stupéfait d'apprendre par la presse qu'Olivier Aubert était écroué.
Je  connais Olivier Aubert depuis plus de trente ans. À l'époque il était journaliste au  Courrier de l'Eure, le journal de droite. Moi, j'étais pigiste à La Dépêche, le journal de gauche.
Nos chemins se sont depuis croisé de nombreuses fois. Nous nous sommes appréciés et respectés. Je l'ai eu pour voisin, dans ce qui était alors la  Zac et est devenu le quartier Maison  Rouge. 
Je faisais partie de l'équipe Fromentin/Martin, et lorsque Proust a pris le pouvoir, c'est lui qui m'a remplacé au service information que je dirigeais. 
Voilà, nous n'avons jamais été sur la même ligne mais ça ne m'a jamais empêché d'apprécier sa gentillesse et son humour. 
Au delà même,je dois rendre hommage à sa façon d'aborder la politique pour laquelle il a toujours montré un intérêt sincère, voire assez désintéressé, même si, bien sûr, il eût apprécié d'accéder à quelques responsabilités. Je ne l'ai  en tous les cas jamais entendu tenir des propos ni racistes, ni sécuritaires, ni outranciers. Il a simplement une vision du monde opposée à la mienne, un réseau et des amis qui ne sont pas les miens.
Au vu de ce que dit la presse, il aurait agressé et violé son ex-compagne, dont il n'aurait pas supporté d'être séparé. Il l'aurait poursuivi,  harcelé, et pénétré avec un doigt. Cela s'appelle un viol, et cela est un crime. Pour condamnables que soient les faits, ou l'homme, cette affaire démontre l'ignominie de la détention préventive. Si, profitant du malheur d'un des leurs, la droite pouvait en tirer quelques leçons avant de tenir des discours sécuritaires insensés et démagogiques, ce ne serait pas plus mal.
Nous ne sommes pas avec Olivier Aubert dans le cas de quelqu'un qui fait courir un danger à la société. Il ne s'agit pas d'une personne à la recherche permanente ou occasionnelle d'une proie sexuelle, à contraindre sous la menace. On est visiblement dans une situation très particulière de règlement de comptes. En admettant qu'il fasse courir un danger à son ex-compagne, une injonction judiciaire suffirait amplement à la protéger dans l'attente du jugement.
En attendant voilà en tous les cas quelqu'un définitivement sali, dont les enfants sont atteints par l'opprobre, et qui se trouve en incapacité d'agir pour protéger les siens. Voilà quelqu'un qui est condamné avant d'avoir été jugé. C'est cela qui est, en premier lieu, condamnable.  




jeudi 29 août 2013

La Syrie c'est la France ...

c'est l'Espagne et c'est le monde entier.


Guernica, le tableau le plus politique et le plus célèbre de Pablo Picasso, appelait à une mobilisation internationale pour les combattants de la liberté dans l'Espagne en lutte contre un régime qui aura utilisé tous les moyens pour soumettre son peuple. Face à cela l'occident est resté muet et l'a payé au prix fort. L'histoire de la guerre moderne montre à quel point le choix de ne pas intervenir peut avoir un coût bien plus élevé que celui de partir en guerre.
La Syrie d'aujourd'hui me fait penser à l'Espagne d'hier. Au bord de la Méditerranée, près de la France, au sud, des hommes se déchirent et l'on n'a pas beaucoup à faire pour entendre leurs cris. L'occident, maintenant comme en 37 n'a rien opposé que son silence. Or, être silencieux, c'est être complice. Sur ce sujet on en me verra pas joindre ma voix à celle du Front National, de Mélenchon et autres paranoïdes parfois payés directement par les dictateurs et ayatollahs de tout poil ! Elle recouvre le terrible repli sur soi, la pose de boule quiès face à un monde qui hurle, le tout justifié par un verbiage insupportable.

Gazage de la population, nous sommes responsables !


Aussi, avant même de défendre ou pas une option militaire qui a cependant toute chance de se produire, je voudrais m'opposer à tout un ensemble d'argumentations qui me font bondir. Elles me font bondir parce que précisément, je pense qu'on a trop tardé pour intervenir, et que le fait même qu'on ait attendu un gazage de la population pour intervenir montre à quel point nous sommes en faute, et responsables de ce gazage. Nous savions en laissant faire un dictateur capable de bombarder sa propre population, qu'il serait bientôt capable de la gazer.

Est ce que nous avons vraiment les preuves ?

Je vais être clair ! Les preuves, nous ne les avons pas, et nous les avons. Les preuves nous ne les aurons vraiment que dans très longtemps. Tous les massacres de l'histoire ont laissé des preuves assourdissantes que personne n'a voulu voir ... tout simplement parce que la guerre ne laisse pas de place aux scrupules. Le massacre de Katyn où les russes ont procédé à l'assassinat de 22.500 cadres polonais dans le but de soumettre une population, Guernica, terrible préliminaire à la deuxième guerre mondiale, n'ont été définitivement prouvés et reconnus qu'au bout d'un demi-siècle. Je ne parle pas des camps de la mort de la deuxième guerre mondiale ! Mais dans ces trois cas, comme dans celui de la Syrie d'ailleurs, l'occident savait. Depuis que François Hollande est au pouvoir, les éléments sont sans cesse donnés par l'Etat Français sur la réalité du régime de Bachar el Assad.
Oui, tout cela ne donne pas les preuves. C'est vrai ! Là dessus, encore une fois, c'est une question de confiance. Alors, préfère-t-on avoir confiance en la dictature franquiste ou aux Républicains espagnols ? Préfère-t-on avoir confiance en Bachar el Assad soutenu par l'Iran ou au peuple Syrien ?
Préfère-t-on avoir confiance en la Russie de Poutine, en la Chine des descendants de Mao ?
A tous ceux qui doutent des exactions des régimes dictatoriaux, nous avons un argument simple : laissez venir en paix les fonctionnaires internationaux.
Nous n'avons  pas les preuves, mais nous savons. De même que l'occident savait pour les camps de concentration nazis, de même que l'occident savait pour Guernica, de même que l'occident savait qu'il n'y avait pas d'armes de destructions massives en Irak, nous savons, l'occident sait. Ce serait bien la peine de réussir le maillage téléphonique et informatique de toute la population mondiale si on ne savait pas quand un dictateur en guerre contre sa population a décidé d'en gazer une partie.

2) Peut-on parler de guerre impérialiste ?
Bien sur que non ! Que les territoires soient des enjeux stratégiques pour les grandes et petites puissances est une évidence ! Mais l'impérialisme, ce n'est pas ça ! Le véritable enjeu pour l'occident est défensif et si l'enjeu avait été impérialiste, la guerre aurait eu lieu depuis longtemps. Les puissances occidentales ont tout fait jusqu'à présent pour ne pas intervenir !

Le printemps arabe a transformé les données stratégiques mondiales. Nous avons la certitude que nous ne pouvons déléguer notre police à des dictateurs sans scrupules, type Khadhafi, Ben Ali ou Bachar el Assad. La Tunisie et les bourdes d'Alliot-Marie nous l'ont définitivement enseigné. Le mouvement arabe vers la liberté est irréversible, de la même manière que, bien au delà de la défaite militaire, la marche de l'Espagne vers la démocratie était irréversible. Il est simplement terrible d'attendre le passage de 3 générations pour s'en apercevoir. Le rôle des puissances occidentales est précisément d'aider et de soutenir la transition démocratique.
Si quelque chose peut-être reproché à l'occident, c'est précisément de ne pas être intervenu avant.

3) La guerre aura-t-elle des conséquences ?

Hélas oui ! Mais le refus d'entrée en guerre aura aussi des conséquences. C'est d'ailleurs pour ça que Hollande parle de punition et pas de guerre. Il veut éviter un maximum de conséquences. mais ce qui se passe en Syrie touche bien sur à l'équilibre du monde. La Russie pousse ses pions et veut voir jusqu'où elle ne peut pas aller. N'oublions ni la Tchétchénie, ni la Géorgie. N'oubliions pas non plus les provocations constantes de Poutine. L'Histoire nous apprend à quel point les provocations d'une grande puissance doivent être prises au sérieux ... sans parler de leur traduction directe sur les populations. Jamais les dictateurs n'ont de reconnaissance face aux démocraties qui reculent.
Or, sur la Syrie, nous n'avons fait que reculer, sans aucun égard pour les démocrates Syriens pris en étau entre la dictature El Assad, les puissances salafistes, El Qaida et les mafias.
Si, après avoir dit qu'il fixait la limite de sa non-intervention à l'utilisation d'armes chimiques, l'occident recule encore, les conséquences seront terribles, à moyen ou à long terme, et ce, quelque soit l'état de l'opinion publique face à la guerre. Souvenons nous, en juillet 40, la France comptait 90 %  de pétainistes.