dimanche 12 mai 2013

Assistance sexuelle ... et l'amour dans tout ça ?

The Sessions, film de Ben Lewin, sorti en mars sur les écrans 
français. Il s'agit de la retranscription d'une histoire vraie. Le film
est parait-il très bon mais cela ne l'a pas empêché de connaitre 
une diffusion restreinte. Je ne l'ai donc pas vu. Helen Hunt et 
John Hawkes, sur la photo, en sont les comédiens principaux.

Un sondage effectué en 2006 révélait que 61% des français pensaient que les handicapés n'avaient pas de sexualité. Je ne sais s'il en serait de même aujourd'hui mais le résultat de cette enquête d'opinion est particulièrement révélatrice du trouble que suscite le débat sur les assistants sexuels.

En fait, ce n'est pas seulement que la question des assistants sexuels tourne autour de la prostitution, autour de l'intimité, de la sensualité, de la sexualité et du handicap ... C'est aussi que le fait même de poser la question est extrêmement troublant. Le handicap, a été traité différemment selon les cultures et les époques. Je me souviens de mon prof d'espagnol scandalisant sa classe lorsque j'étais en première en expliquant que le handicap était l'objet de moquerie dans la culture espagnole. Sans doute était-ce en parlant de Cervantès, l'emblématique auteur de Don Quichotte, qui avait perdu un bras à la bataille de Lépante. Bref, de Cervantès à Luis Buñuel ... le handicap faisait rire et nourrissait la tradition de l'humour noir espagnol . En France, il était tabou et c'était peut-être pire. Il était tabou, au même titre que la sexualité. Tous deux étaient vécu comme une honte, quelque chose à cacher, comme une punition du seigneur, quelque chose dont il est bon de pouvoir se passer.
Encore un film qui en a parlé, encore un
que je n'ai pas vu. Interprété par Olivier
Gourmet, maintes fois primé.  J'ai juré
 de l'avoir vu avant le débat. 

La situation a nettement évolué, bien entendu. Le handicap a désormais pignon sur rue, au même titre d'ailleurs que la sexualité. Aurait on imaginé il y a 20 ans la diffusion sur les plus grandes chaînes des jeux olympiques des handicapés ? Aurait on imaginé il y a 20 ans, la vente de sex-toys en grande surface ? 
En préparant le prochain café radical, qui sera animé par Patricia Assouline, je me suis rendu compte que plusieurs films avaient déjà traité de ce sujet, Nationale 7, notamment dont vous pouvez visionner la bande annonce en cliquant là 

Certes, le sujet est encore confidentiel,  et finalement le jugement du comité national d'éthique, qui avait fait sortir Patricia Assouline hors de ses gonds, prend naturellement place dans ce cadre. En quelque sorte, on ne touche pas à ce sujet là... Ce que certains peuvent entendre comme " déjà qu'il faut s'occuper du handicap et des handicapés, s'il faut en plus s'occuper de leur sexualité alors que du coté des valides, on est loin d'avoir résolu tous les problèmes ... !"
C'est que la sexualité est une chose complexe, je dirais même, elle est la complexité par nature. Elle est la révélation du besoin de l'autre. Elle est une mise en danger. Et très naturellement, elle prend place dans un cadre symbolique et affectif puissant parce que nous sommes humains et riche. Alors, la froide approche de l'assistance sexuelle a de quoi faire frémir. Telle est d'ailleurs la terreur exprimée par Rémi Gendarme, un handicapé, dans son blog,  " je ne veux pas d'assitante sexuelle qui ne tremblerait pas de plaisir". Et pourtant ... cette réaction de dignité bien compréhensible nous rappelle qu'il en est de chaque handicap, comme de chaque sexualité comme de chaque individu, quelque chose d'intime, de personnel révélatrice encore une fois du besoin de l'autre, de notre dépendance, valide, comme handicapé.
Patricia Assouline animera le prochain
café radical
Mais Rémi Gendarme précise bien qu'il n'est pas un handicapé comme les autres, qu'il a une vie sociale, qu'il peut faire des rencontres, draguer ... et bien entendu affronter d'égal à égal la pratique amoureuse et érotique. Pour le reste, c'est vrai, qu'y a-t-il de plus froid que la notion d'assistance, d'assistance sexuelle, comme il en est de l'assistance médicale, qu'y a-t-il de plus froid vis à vis de ce qu'on peut attendre de la sexualité ? 
Rien, rien de plus froid, si ce n'est le renoncement absolu à la sexualité, à l'échange ou à la simple connaissance de son corps, celle que donne précisément le rapport sexuel... réussi ou raté, adroit ou maladroit, fantasmé ou réel ... 
Telle sera la nature des sujets que nous aborderons vendredi en 15, ce dernier jour du mois de mai, 
vendredi 31 mai 18h30 
Brasserie "Le jardin de Bigards", 
39 rue du Quai à Louviers 
 prochain café radical :
"Doit on répondre à la détresse sexuelle des handicapés ?
 la question des assistants sexuels" 
débat animé par Patricia Assouline 

Exceptionnellement le débat aura lieu au rez de chaussée et les lieux seront aménagés pour permettre l'accès aux fauteuils roulants.



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