jeudi 28 mars 2013

Le français râle

Râleurs !

Râleurs nous sommes, nous les français, et râleurs nous restons. Fiers et râleurs, l'actualité de la semaine est venue nous le confirmer sous deux angles différents.


 
 
La furia de Michel Ange. Illustration de la colère,
l'un des 7 péchés capitaux.
 
Le premier celui de la recherche puisque sont venues se télescoper une étude tendant à démontrer que le fait de râler maintient en bonne santé et une autre plaçant la France sur une échelle de valeurs concernant ce travers si humain.
Le second sous la forme de résultats : ceux de l'élection législative partielle de l'Oise qui a vu la victoire à l'arraché du candidat de l'Ump face au Front National lors même que l'on pensait que le deuxième tour ne serait qu'une formalité pour la droite, une fois le candidat de gauche éliminé.
Jeanne Calment à 22 ans, 100 ans avant
sa mort. Sa biographie laisse apparaître
qu'au delà d'un bon caractère elle a eu une
vie qu'on peut qualifier d'agréable.
A mon sens, un atout pour la longévité.
 
Je n'ai nulle intention de me confronter à l'Académie, ni de me mêler aux débats consistant à déclarer bon ou mauvais pour la santé le fait de râler ou pas. Peut-être en est-il comme du vin rouge, dont on dit qu'un verre par jour contribuerait à prolonger l'existence ?
Râler à petite dose n'est peut-être si mauvais, même si le fait de passer sa vie à se consumer dans les frustrations et la colère ne vaut rien de bon. Il y a les râleurs gourmets et il y a les râleurs addicts, ceux qui ne peuvent se passer de cette passion qui les ronge dans l'envie et dans la haine.
La bonne humeur pourtant, est le signe évident de la bonne santé... mentale en tous les cas.  Même si l'on peut s'amuser à mettre en parallèle notre taux de râleurs le plus élevé au monde avec le record de longévité toutes catégories confondues que détient la France avec Jeanne Calment.
Reste qu'il faut quand même se confronter aux résultats de l'étude, ou des études. Celles-ci font apparaître deux choses sur les français. Ainsi, nous ne nous contentons pas d'être les plus râleurs selon les mêmes  critères appliqués à tous les pays : mouvements de protestations, nombre de personnes participant à ces mouvements, manifestations quantifiables de mauvaise humeur, indices de satisfactions etc ... mais nous sommes aussi les plus timides.
Pour mémoire, la chanson de Philippe Katherine, gentiment
illustrée, à entendre en cliquant 

râleurs mais timides

En effet, nous sommes parmi les pays les plus soumis vis à vis de l'autorité (bien entendu dans les pays démocratique) . Ainsi, la France fait partie des pays où les entreprises et administrations reçoivent le moins de lettres de réclamation.
Là, ça devient effectivement passionnant et éclaire notre comportement d'un jour nouveau.
 

Le message de Beauvais

Bien entendu, la parution de cette étude quelques jours après les résultats de la partielle de de Beauvais nous pousse à l'appliquer au comportement politique français.
Les caractéristiques du scrutin sont a priori assez claires. Il s'agit d'une législative partielle, sans conséquence pour la vie locale, qui permet d'envoyer un message à la France entière. Voilà toutes les conditions réunies pour un vote très politique.
La colère est une conséquence de nos peurs.  
Mélenchon en use à des fins politiciennes. Il souhaite se
débarrasser des communistes en les isolant du reste de
la gauche  Tactique risquée : elle l'éloigne de la population.
Ainsi, au premier tour, la candidate du parti de gouvernement a été balayée. Ceci est d'autant plus cruel que c'est cette candidate qui avait fait un recours pour amener à l'annulation du scrutin ... mais cela était prévisible. La vie est dure, les titres sensationnalistes sont ravageurs pour le travail de l'équipe gouvernementale qui est réel, mais pas reconnu. On hurle contre les augmentations d'impôts avant même qu'elles aient lieu. On accuse l'Europe d'étrangler Chypre alors que c'est l'économie casino de cette île qui a poussé le gouvernement aux abois à demander de l'aide auprès de l'Europe et du Fmi et que ceux-ci exigent un minimum de contrôle, la crise mondiale s'étend, la France dans ce contexte réussit à réduire son déficit budgétaire mais celui-ci reste élevé alors que le chômage monte. Il serait inattendu dans ce cas d'obtenir un soutien électoral dans le contexte d'une élection partielle.

Mais pourquoi ce contexte ne profite-t-il pas à Mélenchon, notre protestataire patenté, notre râleur en chef ? 
Tout simplement à cause de son poistionnement et à cause de son message. Mélenchon s'acharne a donner des perspectives politiques qui n'ont pas de sens. Il fait soit référence à un socialisme condamné par l'Histoire, soit à un socialisme exotique référence à Chavez au mieux ou à Cuba au pire, qui ne peuvent servir de modèle qu'à de jeunes exaltés ou à de vieux nostalgiques, mais pas à la société française. Mais au delà, le calcul politicien de Mélenchon est aussi de faire en sorte de se débarasser du poids des communistes au sain de son Front de Gauche. les communistes ne sont plus une force idéologique, mais ils sont une force politique, composée d'élus locaux qui ont la confiance de leur populaition. C'est un vrai danger pour Mélenchon, parce qu'ainsi ils sont un contre poids important au sein de son organisation. En durcissant le ton vis à vis du parti socialiste, Mélenchon veut rendre difficile, voire impossible les allaince dans les prochaines municiaples. Mais Mélenchon se fiche de perdre les municipalités qu'il n'a pas ! Ce qui compte c'est d'être le grand chef du parti de gauche et éviter toute contestation structurée.
De tout ceci, l'électeur n'a cure... et le montre !
La France qui râle, est la France déclassée et plus précisément la France qui a peur du déclassement. 

Comme elle est mignonne la Marine ! Pas besoin
de crier ou de provoquer comme son Papa. elle
laisse cette fonction à Mélenchon et ses gros mots.
Sa sérénité lui permet d'en toucher les dividendes. 
C'est une France qui n'a pas besoin de modèle, ou plus précisément qui prend son modèle dans le passé, un modèle que le monde moderne n'est plus, c'est vrai, en mesure de lui fournir.
La France qui râle n'a pas besoin de râleurs pour les représenter. C'est ce qu'a bien compris Marine Le Pen, qui, à l'inverse de son papa, tient un discours policé, laisse les excités s'exciter et trace sa bonne-femme de chemin. Mélenchon râle et Marine engrange les points.
Dernière image pathétique, le camion de campagne de Jean-François Mancel, qui a d'ailleurs, il y a un temps été exclus du RPR par Philippe Seguin pour avoir voulu faire alliance avec le Front National.
Dites le que vous n'êtes pas content ! Eh bien les électeurs l'ont dit et ils l'ont dit à Jean François Mancel qui n'a sauvé son fauteuil que d'un cheveu ! Quand les candidats n'ont rien d'autres à proposer que de râler, c'est la gentille Marine aux dents longues qui tire les marrons du feu ...


 
 
 













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