mardi 26 février 2013

Leçon d'italiens ... et des raisons d'espérer.

Dans la cuisine italienne, out ne se mange pas. Dans certains
plats, il faut en laisser au bord de l'assiette.
  
Toutes les conditions sont à présent réunies pour faire de l'Italie, cette grande puissance européenne, un pays ingouvernable. Premièrement, il n'y a pas de majorité claire.
Certes le Parti démocrate, de Pier-Luigi Bersani, qui réunit l'ensemble de la gauche de gouvernement, dispose d'une large majorité à la Chambre. Mais elle n'a obtenu que 0,4 % des voix en plus que Berlusconi, son successeur immédiat. La majorité à la chambre n'est dûe qu'à une loi qui permet à la liste arrivée en tête d'avoir une large majorité., un peu  à la façon des municipales en France.
Pour le Sénat, c'est une autre histoire. Bien que bénéficiant d'un écart supérieur la gauche a obtenu le privilège d'arriver en tête après vérification en nombre de siège mais, on est loin de la majorité absolue. Or le Sénat a un rôle bien plus important en Italie qu'en France. Disons-le, il est impossible de gouverner sans l'accord des deux chambres sur l'essentiel.
On attendait de ces élections que l'Italie se débarrasse de ses vieux démons : berlusconisme, maffia, corruption, reste de fascisme, au lieu de cela, cette élection n'a fait que mettre à jour les attentes  et les contradictions de la société italienne. Les résultats ne satisfont personne !
Rapide état des lieux en partant des situations des diverses personnalités, c'est passionnant :
Saint Mario Monti, l'institutionnel s'est
 présenté aux élections avec un fort  taux
de popularité. En 3mois il s'est balladurisé.
 
Commençons par Mario Monti.
Certes, on ne saurait lui reprocher d'avoir le regard triste après une telle défaite. Mais il faut avouer qu'au faîte de sa gloire, il y a encore 3 mois, il avait la même tête.
Les Italiens l'aimaient (parce qu'ils l'aimaient) parce qu'il était l'anti-Berlusconi. Il 'aimaient parce qu'il tenait un autre discours, le discours de la Raison. Il a fait avaler aux Italiens ce que personne n'avait réussi à leur faire avaler : des hausses d'impôts, de la rigueur. Il a redressé l'économie Italienne, après des années de gestion berlusconienne qui l'avait mise à genoux.
Il a rendu l'honneur à l'Italie et à la droite. appelé au pouvoir par une droite en lambeaux, il a été soutenu par la gauche dans son approche technique de la crise. Il a quitté le pouvoir à l'aube des élections, faisant savoir au plus tard qu'il s'y présenterait. Il a fait peur à tout le monde. Aujourd'hui, il ne fait plus peur à personne. Il a ramené le score du centre à son niveau d'étiage : 10 %. En fait, la leçon à tirer de l'expérience Monti c'est qu'un bon ministre ne fait pas un bon candidat. Une popularité ne fait pas un score électoral, que ce soit en France ou en Italie. La tristesse et la rigueur ne font pas un programme politique.
Poursuivons par l'incroyable Berlusconi. Tout le monde est bluffé par ce type infect, milliardaire libidineux, méprisant, prêt à tout pour retrouver un pouvoir notamment nécessaire pour arranger ses affaires personnelles ... capable de mettre en péril la Justice l'une des institutions les plus respectables de la justice Italienne, pour se préserver ... (Attention, la Justice, en Italie, ce n'est pas rien, l'institution tient tête à la maffia !) Berlusconi qui a démontré qu'il était capable de tout, sauf du meilleur, propriétaire de la majorité des chaînes de télé, capables de choisir les colistières de son parti aux régionales en fonction de leur sex-appeal et de leur participations aux soirées bonga bonga... Un truc dingue, rejeté par les italiens dans les sondages ... mais, voilà, la fascination poru le diable a progressivement opéré et l'énergumène est passé de 10 % en début de campagne à près de 30 %, frôlant la victoire d'un cheveu. En fait, sons core jouait à la balançoire avec celui de Monti. Il est monté quand celui-ci descendait ... et paradoxalement, Berlusconi a réussi à se montrer comme s'opposant à l'institution, tournant en dérision le travail de Monti, qui venait de remettre sur pied l'économie Italienne mise à terre par Berlusconi.

 Grillo,  le vainqueur sans victoire. Il
a réussi un score inespéré en tournant
en dérision les turpitudes de son pays.
Mais ça ne fait pas un programme ! 
Et voilà, nous arrivons à Grillo, l'atypique. Il aime à se comparer à Coluche, certains le comparent à Dieudonné, on pourrait peut-être le comparer à Bigard. Il est sans doute un peu de cela, et en tous les cas, comme toutes les figures comiques il est prodondément ancré dans une culture nationale, au coeur de l'identité italienne. Il a derrière lui des personnalités aussi brillantes que le prix nobel Dario Fo avec de vagues raisonnements issus de l'extrême gauche et du mouvement écologiste ... Il ne faut pas oubliler qu'il doit largement son succès à Berlusconi, qu'il a contribué à ridiculiser à une époque où la gauche en quête de respectabilité n'osait pas l'aborder de front. Il a créé le Vaffanculo-day (la journée va-te-faire-foutre !), dont la dénomination fait penser, c'est vrai, aux enfoirés de Coluche. Et surtout, Giuseppe Grillo a créé ex nihilo des listes de députés complètement neufs qu'il a plongé dans le bain politiques. Parmi 54 sénateurs dont l'attitude sera déterminante, et dont personne ne sait comment il vont se déterminer, devant certes leur siège à Grillo, mais envers qui ils n'ont aucun devoir d'obéissance. Qui plus est, Giuseppe ne sera pas parmi eux, il est inéligible suite à une condamnation.
Giuseppe a donc réussi à cristalliser, profitant de la défiance engendrée par Berlusconi lui-même vis-à-vis des institutions, emporté par le bonheur de la négation absolue, par un besoin d'identité qui trouve écho en France auprès du Front National, au Nord de l'Italie dans le parti de la Ligue du Nord momentanément en perte de vitesse.
Reste le cas de Bersani, celui qui s'était imposé sur un programme mendésien dans une primaire de gauche. Il n'a caché à personne que l'Italie était dans une situation difficile, qu'elle ne pouvait faire sans l'Europe. c'est un discours qui n'a guère  a tout juste permis d'emporter la chambre.
Reste que, les résultats quels qu'ils soient ne cachent pas la réalité. Ce week end, les Italiens n'avaient pas envie de la voir en face. Ils avaient envie d'être des enfants, fascinés par le spectacle puissant d'une contestation absolue. Ils n'empêche, comme disait l'autre, les faits ont la tête dure.
Les résultats des élections vont précisément renforcer les pires aspects de la politique, les tractations, les compromissions, les accords de couloir, parce qu'il va bien falloir que le pays tourne et ne pas jeter les populations à la ruine.
On dit que les Italiens ont voté contre l'Europe. C'est faux ! Ils ont voté contre tout, et en grande partie contre eux-mêmes. C'est dommage, mais il reste que la démocratie est toujours là ... et que tôt ou tard, lesItaliens devront eux-mêmes trouver les solutions.








 


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