jeudi 21 février 2013

Cohn Bendit : fin de parti ?

Cohn Bendit a beau annoncer sa retraite
de la vie politique, il sait aussi ce qu'il
lui doit  ! l'important n'est pas tant dans
 le titre que dans la ponctuation qui suit.
Cohn-Bendit,  notre enfant gâté de la politique, vient enrichir les rayons des libraires de son dernier brûlot : Pour supprimer les partis politiques !? 
Malgré tout l'admiration que j'ai pour le personnage, je ne suis pas prêt de rendre ma carte du parti radical de gauche.
Nous pouvons faire avec Daniel Cohn-Bendit, la liste de tous les défauts des partis politiques. Il privilégie l'action face à la réflexion, ils sont d'abord groupes de pression avant d'être porteurs d'un projet. Ils privilégient les ambitions personnelles quand il faudrait définir un projet collectif...

Pas faut que tout cela ! Après tout, les partis politiques sont les enfants de la démocratie, et la démocratie est bien, pour reprendre la formule de Churchill : le pire des systèmes à l'exception de tous les autres.
La vie politique, celle qui frustre notre ami Cohn-Bendit, est régie par les partis... quand les choses se passent pour le mieux.

Jeune à jamais, Cohn-Bendit est toujours
resté  l'anarchiste utile de la République
et de l'Europe. Depuis qu'il s'est mis à agir
politiquement, tout lui a toujours réussi.

Lorsqu'elles ne sont pas régies par les partis, la vie politique est régie par les administrations, par des gens qui ne demandent rien à personne, ou par des militaires. Bien sur, il y a beaucoup d'ambitions personnelles dans les partis, comme partout d'ailleurs.
Au risque de surprendre, je puis affirmer que les partis parlent un indispensable langage de vérité vis à vis du pouvoir que l'on ne retrouve ni dans les lobbies, ni dans les associations, ni dans aucun groupe de pression. Si les partis structurés ne s'occupent pas de politique, qui s'en occupe alors ? Le pire est à craindre .... d'autant que les luttes de pouvoir se manifestent dans toutes les organisations humaines, au moins au sein des partis, existent-il des règles.  

une erreur manifeste

Édition originale du Manifeste du
parti communiste. Il s'est aussi
appelé manifeste communiste, mais
qu'importe ! Le terme de parti n'a pas
le sens qu'on lui donne aujourd'hui. 
Je voudrais revenir sur la notion de parti. Il nous semble évident, en ce 21e siècle, à l'aune de notre expérience de la vie démocratique que les partis ont existé de tout temps. C'est bien sur une erreur. Nous avons fêté en 2001 le centenaire du plus vieux parti politique de France, le parti radical, dont est issu le parti radical de gauche. Il est né avec la loi sur les associations de 1901, qui ont institué la République moderne. Ce n'est après tout pas si vieux.
Lorsque les sans-culottes se battent pour la République et contre les tyrans, il y a des clubs, des associations, mais pas de parti, ou alors la notion de parti a un tout autre sens;
Je citerai pour exemple l'un des ouvrages qui a marqué l'Histoire de la vie politique mondiale : le manifeste du parti communiste. Voilà un titre qui sonne carré ! ... surtout à la lumière de ce qu'est devenu le communisme, et même l'histoire des partis communistes ...
sauf qu'à l'époque le communisme n'existe pas, et le parti au sens moderne du terme existe encore moins.
Il faut comprendre le parti au sens de parti pris, ou collectif humain. jamais dans le sens d'un parti avec un président, des vice-présidents, structure qui ne naîtra que quelques décennies plus tard. Il ne s'agit en tous les cas pas de jeter les bases d'un parti léniniste, outil de conquête du pouvoir, qui  est complètement absente.
L'ouvrage a d'ailleurs fait l'objet d'un complet contresens auprès des générations de militants communistes. Cela pourrait n'apparaître à présent que comme un détail touchant...
 

Pour un parti moderne

... mais, il y a quelque chose, je pense, qui reste de cette notion de parti-là.
Ce parti porteur de message, porteur d'espoir. Ce parti qui doit aussi d'ailleurs trouver son prolongement dans des partis au sens d'associations structurées pour peser sur les décisions publiques, un parti pouvant prendre le pouvoir.
Je ne puis m'empêcher précisément de penser que Daniel Cohn-Bendit a été et reste encore le parti de sa génération, celle qui, au delà des exigences républicaines absolues de liberté, d'égalité et de fraternité, travaillait à l'épanouissement de l'individu dans le respect de son environnement, au rejet des pudibonderies dans un projet universel.
Ce parti, c'est vrai, a été porté par les Verts, mais il est actuellement porté par les radicaux. Peu importe le nombre, toujours insuffisant, forcément de membres encartés. 
Le parti radical de gauche a montré qu'il était déterminant dans les grands choix de la gauche. Les derniers exemples sont flagrants : défense du fédéralisme européen, primaires à gauche, mariage homosexuel, politique menée par Christiane Taubira au ministère de la justice et demain : droite de vote des étrangers aux élections locales, légalisation du cannabis ...
C'est qu'effectivement, là où Daniel Cohn Bendit à raison, les partis doivent  être autre chose qu'un agrégat d'ambitions personnelles ou pire un syndicat de défense des prébendes.
Notre parti, c'est le projet Républicain.
 
 
 
 







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