mardi 2 octobre 2012

Pour une internationale laïque

Les démocrates tunisiens ont un urgent besoin de soutien. Le
procès scandaleux pour atteinte aux bonnes moeurs d'une femme
violée par des forces de police montrent l'urgence d'un soutien
laïque international. Un vrai combat radical.
J'avais soulevé le problème dans mon discours au congrès ( cliquer là). Le combat pour la laïcité doit changer son logiciel. autant le dire franchement  le combat pour, ou plutôt contre le concordat, pour justifié qu'il soit ne correspond pas aux préoccupations de la société. Est-ce à dire que la laïcité est un combat obsolète ? Hélas non ! Tout nous démontre atrocement le contraire ... et en premier lieu cette sombre affaire survenue en Tunisie qui a vu une victime de viol passer au tribunal pour atteinte au bonnes moeurs.
en fait, ce n'était pas l'objet de mon intervention au congrès qui disait juste le danger pour les radicaux d'apparaître comme les sourcilleux gardiens des principes, alors que les principes radicaux et l'attente sociale nous contraignent à être absolument modernes.
J'avais parlé de l'importance de réfléchir aux problèmes d'identité, malgré tout le risque que cela représente ... mais je considère que ce débat sur l'identité et sur l'individu sont fondamentaux et ce terrain en friche ne doit pas être laissé aux abominations de la droite et de l'extrême droite... (entre la distribution de saucisson aux pauvres et la réflexion de Coppé sur le racisme anti-blanc).

Une autre image de l'action menée par les démocrates tunisiens.
derrière les atteintes à la pudeur et à l'ordre moral se cache toujours
une volonté de pouvoir des réactionnaires.
Sur ce point, je dois dire j'ai été dépassé. C'est vrai que non seulement le problème de la laïcité est un problème de proximité. J'invite tous les radicaux et tous les laïques, à défendre nos principes de tolérance dans tous les quartiers et dans toutes les communautés, mais j'invite en plus le parti radical de gauche à mener une réflexion de fond sur ce sujet, qui fait partie de son marquage idéologique.
C'est un point. Mais déjà sensibilisé sur ce sujet, le discours de Thierry Jeantet m'a obligé à considérer le problème autrement en lui donnant une autre dimension.
La laïcité n'est plus un problème national. Le printemps arabe, le retour des religieux en Pologne, en Russie, lui donnent une autre dimension. Partout dans le monde, des démocrates, des laïques, des femmes attendent notre soutien.

Une des "amazones" de Khaddafi. Ces femmes
servaient de paravent féministe au tyran qui aimait
les faire défiler lors des défilés militaires. Il s'agissait
 en fait de jeunes femmes enlevées ça et là en fonction
des caprices du prince, qui constituait ainsi un harem
à sa mesure. Elles n'ont en fait jamais joué de rôle
militaire ou politique.
Le printemps arabe a complètement renversé les données du problème. La laïcité avant le printemps arabe, c'était le parti de la dictature, du parti Baas qui mitraille, qui bombarde, qui massacre sa population en Syrie, après l'avoir fait en Irak... Moubarak, le mauvais fils qui avait fait assassiner son prédécesseur El Sadate , défendait comme lui, comme Nasser une image de laïcité. Ben Ali a été membre de l'internationale socialiste. Tous ces gens là avaient à coeur de se présenter à l'occident comme le premier et le dernier rempart contre El Qaïda. Il est même jusqu'à Khaddafi qui, bien que se revendiquant de l'islam, s'est déclaré jusqu'à son agonie désespérée comme un combattant contre l'emprise des descendants d'Oussama Ben Laden. Il refusait de voir que le combat était perdu. un classique chez les dictateurs.  
Bref tout cela explique aussi que l'image du socialisme ou de la laïcité n'était pas du meilleur effet... Et pourtant !
Pourtant, les peuples se sont soulevés, sans aucune revendication religieuse au départ, avec pour demande essentielle la liberté. Un peu partout les femmes se sont jointes aux combats. Et les pays arabes se dirigent vers plus de liberté, même si les chemins qui y mènent risquent d'être particulièrement tortueux.
Car le combat continue. Les partis religieux ou faisant référence à l'islam ont gagné les élections. En Tunisie, le pouvoir veut faire entrer l'inégalité entre homme et femme dans la constitution. C'est sur ce point qu'un combat laïque est indispensable. C'est sur ce point que les femmes et les démocrates tunisiens nous attendent. C'est sur ce point que l'action internationale a tous son sens. 
Les pussy riots nous ramènent à une brusque réalité : la modernité
du combat laïque. La dictature soviétique pensait avoir purgé la
Russie du pouvoir des religieux en se débarrassant des religions.
Brusque retour de bâton, le pouvoir fort de Putin, création pourtant
du régime soviétique, instrumentalise l'église et la religion pour
régler ses comptes.  La laïcité ce n'est pas la fin des religions, c'est
donner à chacun le droit de croire et de ne pas croire. C'est la liberté
 d'expression de tous.
Mais ce n'est pas le seul ! La Tunisie, l'Egypte, la Libye, la Syrie l'ensemble des Etats méditerranéens  suscitent toute notre vigilance, tant le choc politique entre les anciens et les modernes impliquent un engagement politique et le soutien d'un réseau international. 
L'affaire des pussy riots, ces artistes qui pour avoir fait un concert dans une église se sont vues non seulement bouclées et condamnées à une peine terrible de deux ans de camps ... pour outrage à la religion ! On croit rêver ... dans un pays dont la constitution est pourtant encore marquée par 70 années d'athéisme obligatoire.
Une image adoucie du conflit Israëlo-palestinien. Un état juif, ou
un état musulman ne saurait constituer une solution viable ou
durable. Le comportement israélien a naturellement poussé les
palestiniens radicaux à un repli identitaire et à une poussée islamiste.
Pourtant, les palestiniens sont loin d'être tous musulmans. il y a
parmi eux des chrétiens de divers obédience et des laïques. Mais
ceux-ci, faute de soutien international ont perdu toute crédibilité
en interne.
Thierry Jeantet m'a confié aussi ses liens avec des démocrates polonais, revendiquant, bien que catholiques, une laïcité, seul frein face à une église qui est en train d'étendre son influence sur la société et sur l'état.
Mais au delà de ces aspects dictés par l'actualité, et le changement de paradigme politique dans les pays méditerranéens et  de l'ancien bloc de l'Est. 
La création d'une internationale laïque est aussi le moyen d'offrir des perspectives aux situations les plus inextricables ... comment imaginer autrement une solution durable dans le conflit Israëlo-palestinien instrumentalisé par les religieux. 
La laïcité, c'est le combat universel de la modernité. 
Une internationale, vite !








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