mardi 29 novembre 2011

Les sales gosses

Froid dans le dos



On sait que l'UMP veut, à l'occasion de la campagne électorale, faire oublier sa désastreuse politique en instrumentalisant le sentiment d'insécurité.


Le parti gouvernemental en vient à proposer l'élaboration d'un code pénal spécifique pour les mineurs, chargé de s'adapter au nouveaux phénomènes de délinquance.



Il y a de là quoi glacer tout ceux qui gardent en mémoire les terribles bagnes pour enfants qui ont notamment inspiré à Jacques Prévert son fameux poème : la chasse à l'enfant. En 1935, à Belle-Ile, des gardiens avaient en effet tabassé un petit bagnard avant que l'individu dangereux ne s'échappe et avait proposé une récompense de 20 francs à qui le récupérerait. Dans l'île, habitants et touristes s'étaient mêlés à cette sordide activité ... A tel point que la presse s'en était émue et qu'une campagne avait alors été lancée aboutissant quelques années plus tard à la fermeture des maisons de correction. C'était en 1935, et ça a amené l'ordonnance de février 45, la création d'un juge des enfants et d'une politique judiciaire spécifique en direction de l'enfance.


La mesure proposée par l'UMP est doublement inadaptée. D'abord parce qu'elle regarde vers le passé et amène inéluctablement à la nostalgie des colonies pénitentiaires et de leurs abominations, notamment décrite par Marie Rouanet...


Mais surtout, l'enfance, plus que jamais, est fragile. Les enfants d'aujourd'hui sont beaucoup plus en difficulté et déresponsabilisés qu'il y a 60 ans alors qu'on leur demande d'avoir un comportement d'adulte ... simplement parce que la cellule familiale est beaucoup plus faible, que l'accès au travail et à l'insertion qu'il procure est beaucoup plus tardif, que la confrontation aux réalités se fait de manière bien plus violente.


Bien entendu, nos jeunes font alors peur et cette peur permet d'appuyer toutes les démarches auritaristes. Pourtant, la solution du problème n'est pas là. Elle coûte plus cher à court terme, puisqu'il s'agit pour la société de jouer son rôle d'adulte. De prouver par les faits que la violence ne résout pas les problèmes et que la sanction chez l'enfant n'a aucune valeur si elle n'est d'abord éducative.


Ce rôle d'adulte, incombe d'autant plus à la société que celle-ci produit des parents faibles et immatures, qui d'ailleurs ne supportent plus les enfants ... l'exemple récent de ce père de famille qui a cru bon de punir son enfant de 3 ans en le passant dans la machine à laver en est bien sur la pire illustration.


En se cantonnant au domaine punitif, la société développe l'irresponsabilité, sans se donner les moyens de corriger les dérives qu'elle engendre.

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