mercredi 16 novembre 2011

L'art français de la guerre

NOTE DE LECTURE :
Goncourt 2011, l'art Français de la guerre d'Alexis Jenni

Nous, les petits Français de moins de 65 ans, faisons partie de générations qui ont eu cet immense bonheur de ne pas avoir connu la guerre sur notre territoire … Nous sommes entourés de guerres et nous sommes tous heureux de ne pas avoir à la vivre.
Plus personne même pour dire "il leur faudrait une bonne guerre". Les plus anciens ont vécu la guerre d’Algérie… Les plus jeunes n'ont même plus à faire le service militaire.
Pourtant, nous sommes entourés de guerres, nous vivons avec cette horreur culpabilisante et terrorisante. C’est au fond ce que raconte Alexis Jenni dans son livre « l’Art français de la guerre », qui vient d’avoir le prix Goncourt.
Alexis Jenni est un Lyonnais de 47 ans. C’est important parce que son livre est le livre d’une génération, ou plutôt un livre de générations, qui explique le monde d’où l’on vient, le monde où l’on vit et le monde où l’on va.
Le héros du livre est né en 1926 et s’engage à 17 ans en 1943, dans la Résistance tout d’abord puis dans la série de guerres qui vont scander la décolonisation de la France.
Le coup de génie de De Gaulle, que Jenni appelle son mensonge, au-delà du sauvetage de la Nation française, permet de masquer la série de défaites consécutive à l’inéluctable décolonisation, parallèle à la modernisation de notre monde.
La guerre est en nous, et pourtant, elle ne nous apporte rien. C’est finalement ce que savent déjà ceux qui se sont engagés dans la Résistance et qui leur rend insupportable la soumission de leurs contemporains.
Le combat n’est pourtant plus celui-là. La réflexion sur la guerre est aussi une réflexion sur la force. Une force qui montre toute sa vanité aujourd’hui en Syrie, en Egypte, en Tunisie face à un monde qui s’écroule parce que son heure est venu, comme il s’est écroulé dans toute l’Urss. Tout ce qui s’appuie sur la force est au fond de l’ordre de la nostalgie et de la réaction.
Il empêche alors de comprendre le monde tel qu’il est et de tracer des perspectives d’avenir.
Au final, sans doute le livre de Jenni est un ouvrage dont on ne pouvait se passer. Il est la belle conclusion d’une période qui se noue, il est aussi l’introduction d’un monde en train de se créer, qui ne sait pas où il va et que nous avons à construire.

3 commentaires:

Sylvia Mackert a dit…

oui, c'est tout un art de faire la guerre, c'est bien pour ça qu'on parle d'arts martiaux aussi.

Un documentaire à la télé a montré un jour aussi l'art de guerre avec les forteresses en pentagone pour pouvoir atteindre l'ennemi qui attaquerait de partout et de loin. Les angles calculés etc. même pas besoin de réfléchir, ils étaient automatiquement dans la bonne position pour tirer, l'architecture les y aidait.

Café radical a dit…

J'ai une telle vision de la guerre, que j'ai vraiment du mal à la faire entrer dans la définition de l'art, ainsi que l'ont fait CLausewitz, Sun Tzu, les situationnistes et nos plus grands politiques et militaires.
Enfin, on est pas non plus obligé d'apprécier toutes les formes d'art et si la guerre est la pousuite de la politique par d'autres moyens, je préfère à en rester à une logique artisanale. J'ai trop de respect pour l'être humain ... plus que pour mes propres idées.

Reste que, dans cet art absolu qu'est la guerre, même si la technique compte beaucoup, elle ne remplace jamais les capacités d'apprécier le terrain ennemi, et les mouvements des peuples.... ne jamais oublier non plus à quel point toute guerre détruit les générations, même celle des vainqueurs.

Sylvia Mackert a dit…

oui bien sûr, la guerre détruit des vies, dans les deux camps et on ne peut pas comparer les guerres du moyen âge et celles avec des armes d'aujourd'hui, voire la menace nucléaire ou la menace d'une guerre virale avec des bactéries etc. Il faut savoir quand il faut faire la guerre, à quel moment on n'a pas d'autre choix pour survivre et comment l'éviter si possible.
Je n'aime pas la guerre non plus, mais si ma survie en dépendait, il faudrait bien la faire. Je suis pour la paix, mais peut-on faire la paix unilatéralement ? il faut toujours faire la paix des deux côtés "ennemis", c'est bien la difficulté quand il y a des pays en guerre où ils veulent avoir un vainqueur et un vaincu.
C'est aussi un ART de faire la paix, donc l'art, c'est vague comme terme ici, que ce soit arts martiaux ou art= savoir faire la paix. C'est certainement l'art le plus difficile des deux.
Et parfois il faut se battre contre la maladie, et là aussi c'est une "guerre" ou un combat pour survivre et s'en sortir, un combat contre la misère aussi. Donc la guerre est parfois nécessaire, tout dépend contre qui et contre quoi, on n'a pas toujours le choix.
Bien sûr si tout le monde respectait les droits de l'homme, ce problème ne se poserait pas, mais parfois on a aussi presque une guerre civile comme lors des émeutes en 2005...
L'art de guerre, c'est ici de neutraliser "les fauteurs de trouble".