mercredi 9 septembre 2009

Les visées du gouvernement sur la taxe carbone





C'est la dernière de François Fillon : pour compenser la taxe carbone, le gouvernement souhaite diminuer l'impôt sur le revenu.

Sans doute pour se sortir d'un débat difficile avec Sarkozy, après avoir cherché un consensus sur la montée de l'apport financier annuel à la lutte contre le réchauffement climatique, qui devait se monter à 32 € (versioon Rocard) 14 € (version Fillon et Sarkozy), remontée à 20 € (version Sarkozy puis Fillon à la suite de la visite de Duflot), nous en arrivons au fond du problème : qui va payer, et comment sera compensé cet impôt supplémentaire ?

Déjà que Xavier Bertrand, contre toute évidence avait dit que l'impot ne serait pas un impot, voici que François Fillon met en pratique la déclaration de Michel Rocard "Le problème de la taxe carbone ... c'est comment la perte du pouvoir d'achat sera compensée", "Il s'agit d'un outil fiscal au service d'une cause sociologique, qui n'est pas utilisé au service de l'Etat, qui n'est pas destiné à remplir ses caisses",

Ainsi donc en revient-on aux fondamentaux. C'est pas le tout de vouloir protéger la planète, mais il y a plusieurs façons de concevoir les rapports entre les hommes, l'intérêt public et l'Etat.
La droite est contre l'impôt. Bien. C'est sa nature. Ainsi, quand elle instaure un nouvel impôt est elle mal à l'aise.
Enreprenant les propos d'Elisabeth Boyer le café radical pose clairement les choses : le problème de la taxe carbone n'est pas technique. Il est avant tout politique.
En favorisant l'accès à la propriété la droite et Nicolas Sarkozy ont aussi favorisé un "mitage" du territoire, c'est à dire le fait que les gens ne disposant pas de grands moyens financiers sont amenés à loger loin de leur lieu de travail. C'est eux qui vont être amenés à payer la taxe carbone. D'abord parce qu'ils auront des logements de moins bonne qualité, ensuite parce qu'ils sont amenés à payer de plus en plus cher leur déplacement... si tant est qu'ils ont du travail.
Là dessus, François Fillon veut compenser les dépenses liées à la taxe carbone en diminuant les impôts sur le revenu. .. mais les impôts sur le revenu sont les moins inégalitaires des impôts !
Ainsi, les moins riches vont-ils être amenés à payer davantage pour les plus riches, qui eux auront leur propriété mieux située, mieux construite, et qui auront droit à de substancielles diminutions d'impôts ! (si l'on baisse de 10 % les impôts, ce seront naturellement ceux qui en payent le plus qui y gagneront le plus).
Personne n'aime payer les impôts. C'est entendu. Le comportement classique de la droite, et que Sarkozy corrobore à plaisir, c'est de s'attaquer aux impôts en faisant croire qu'ils sont l'ennemi de ceux qui travaillent.
L'arnaque consiste à faire payer un impôt inégalitaire qui remplacerait l'impôt égalitaire...

Le débat sur la taxe carbone ne fait que commencer et met en lumière la nécessité d'une remise à plat complète de notre fiscalité. C'est là qu'est en fait le principal écueil : cette impression d'improvisation est la conséquence du bricolage fiscal dans lequel se débat l'action publique depuis des décennies et qui est dû au fait qu'aucun gouvernement n'attaque le sujet que de manière honteuse. La gauche culpabilise d'avoir à augmenter les impôts quand la droite n'hésite pas à multiplier les inégalités par des effets d'annonce et des mesures inadaptées.
Au delà du prisme de la taxe carbone, il faudra bien prendre la mesure d'un grand débat national sur l'impôt et les impôts.

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