lundi 17 août 2009

Quelques vérités sur le système de santé aux Etats Unis


Le Monde a publié récemment un article qui donne la mesure du combat actuellement mené par Barack Obama pour instaurer un système de protection sociale aux Etats Unis.

Le système français de Sécurité Sociale est suffisamment remis en question, et ce n'est pas fini, pour profiter de la défense inattendue qu'il connaît Outre-Manche, lors même que Barack Obama est accusé par les franges les plus réactionnaires du monde politique Etats-Uniens de vouloir instituer un socialisme rampant.

Les Britanniques outrés par les critiques américaines sur leur service de santé
LE MONDE 15.08.09 14h49
Londres, Correspondant


Gordon Brown et son épouse ont utilisé le site de microblogs Twitter pour chanter ses louanges. Le chef de l'opposition conservatrice, David Cameron, a promis de le protéger en cas de victoire aux élections à venir. Le Foreign Office a ordonné à l'ambassade britannique à Washington de répondre du tac au tac à ses détracteurs. La légende de la science moderne, Stephen Hawkins, atteint de sclérose amyotrophique latérale, maladie rare et implacable, a déclaré : "Je ne serai pas vivant sans lui."
Lui, c'est le National Health Service (NHS), le service national de santé britannique, entièrement public et gratuit, aujourd'hui au coeur de la campagne des opposants à la réforme du président Obama. Les contre-vérités assénées à propos du NHS ont révolté les sujets de la Reine, très attachés à ce système public, régulé, égalitaire, dans lequel l'Etat assume la délivrance des soins.
A écouter ses contempteurs américains, les patients au-delà de 59 ans n'ont plus droit à un pontage cardiaque tandis que les femmes de moins de 25 ans ne peuvent bénéficier d'un examen en vue de détecter un éventuel cancer du col de l'utérus. Toujours selon les mêmes, quatre patients sur dix n'ont pas accès à un cancérologue. Que dire de ces patients exaspérés par les listes d'attente qui vont se faire opérer à l'étranger ou qui s'endettent pour se faire remplacer une hanche dans le privé ? Avec des engagements budgétaires sous-jacents, le NHS est un service formalisé, planifié et centralisé... comme dans un Etat socialiste.


Philosophie holistique

De la désinformation pure et simple, répond le King's Trust, un bureau conseil spécialisé dans la santé, pour qui les statistiques utilisées par les anti-Obama datent des années 1980. Grâce aux investissements du gouvernement travailliste entre 1997 et 2005, le Royaume-Uni n'est plus, comme sous les conservateurs (1979-1997), une gigantesque salle d'attente. L'objectif pour une opération est une attente moyenne de dix-huit semaines contre dix-huit mois il y a dix ans. Un généraliste est vu au plus tard dans les quarante-huit heures contre trois à sept jours sous Thatcher-Major.
De nos jours, le Royaume-Uni consacre 8,4 % de son PIB à la santé contre 18 % aux Etats-Unis. Pourtant, la durée de vie moyenne d'un Britannique est supérieure à celle d'un Américain. La philosophie du NHS est "holistique", le patient étant totalement suivi dans la chaîne des soins. De plus, le patient étant aussi le contribuable dont les impôts financent le NHS, les généralistes sont encouragés, au nom de la planification des dépenses, à limiter les prescriptions pour éviter la surconsommation médicale en vigueur outre-Atlantique.
Dans la polémique transatlantique qui fait rage, le Times a peut-être apporté une note de sagesse : "Qui des Etats-Unis ou du Royaume-Uni a le meilleur système de santé ? La réponse est probablement : la France."

Marc Roche

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46 millions d'exclus
Couverture Au moins 16 % de la population n'est pas couverte par une assurance-maladie, soit 46 millions d'Américains.
Financement public Le programme fédéral Medicare prend en charge les personnes âgées de plus de 65 ans. Quant au programme Medicaid, il soutient certaines familles pauvres avec enfants. Seules ces deux catégories de la population bénéficient du système public financé par l'impôt.
Financement privé 58 % des Américains bénéficient d'une assurance privée souscrite par l'employeur. Les prestations varient d'une assurance à l'autre.
Principal problème Les dépenses de santé représentent 18 % du produit intérieur brut (PIB). C'est le taux le plus élevé au monde. D'après une étude du conseil économique de la Maison Blanche, il atteindra 34 % du PIB en 2040. La hausse des dépenses de santé est l'un des principaux facteurs contribuant au déficit budgétaire.


Article paru dans l'édition du 16.08.09

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