dimanche 8 février 2009

Le fracas prévisible de Besancenot



Le magazine Challenges s'est fait plaisir en présentant Besancenot comme l'homme sans solutions.



En prenant au sérieux le programme de l'ex-Ligue Communiste Révolutionnaire l'hebdomadaire économique se fait d'une dérision mordante.



Il trie entre les propositions irréalistes (contrôle des prix par l'Etat...), les propositions ruineuses (nationalisation des HLM...) et les propositions délirantes (interdictions des licenciements...).
En fait, le décalage s'avère de plus en plus grand entre la réalité et le programme communiste.
La tactique trotskyste est connue :
  1. proposer un programme irréalisable, censé apporter une réponse aux frustrations de la population.
  2. Une fois poussée à bout dans ces contradictions, la société bourgeoise doit laisser sa place à la classe ouvrière, seule à même de réaliser le bonheur sur terre.

C'est simpliste, mais ce n'est pas simple ! Et d'ailleurs, mis à part quelques vieux stratège, plus personne n'y croit !

Voilà pourquoi la ligue communiste révolutionnaire lève les pouces et laisse la place au Nouveau Parti Anticapitaliste ! En renonçant à s'appeler communiste, l'ex-ligue veut devenir un groupe attrape-tout, profiter de la crise pour amalgamer l'ensemble des frustrations d'une société développée.

L'anti-capitalisme est un drapeau on ne peut plus vague qui regroupe, certes tout le monde à l'extrême gauche, mais aussi l'extrême droite structurée (le fascisme italien et le nazisme se sont proclamés anticapitalistes), tous les populismes, et la critique du capitalisme est aussi présente à présent dans le discours de Sarkozy...

Le mouvement révolutionnaire en se proclamant communiste, se fixait une perspective. Elle a aujourd'hui disparu. A une majorité de 6 voix, le nouveau parti a même renoncé à se dire révolutionnaire !

Alors, quelles perspectives pour ce navire sans cap, prêt à se laisser aller au gré des courant ? Devenir un parti comme les autres ? Aller chercher des alliances et des responsabilités de gestion ? ... C'est possible ! On peut voir à Louviers nos ex-trotzskystes défendre une politique gestionnaire proche de la droite, c'est dire qu'il y a un besoin d'être pris au sérieux ... De là à devenir un parti comme les autres il y a du chemin à faire, mais pourquoi pas ...

Le problème, bien sûr, c'est de ne pas perdre sa base électorale, son identité. Nos ex-trotzskystes n'existent que parce qu'ils sont la matérialisation des frustrations immatures ... ils sont le vote contre, le vote anti, par excellence, d'où le choix du titre de leur nouveau parti. Ils sont nouveaux, ils sont anti.

Mais le problème est alors que, les ans passant, l'électorat se lasse de soutenir un discours sans fond, tournant en rond, et incapable d'aborder les rives de la réalité.

Alors, le nouveau parti, privé de perspectives, devra alors connaître les déchirements inéluctables qu'ont connu tous les équipages dans ce type de situation.

C'est pas le tout de se choisir un capitaine, il faut aussi avoir un cap. L'extrême gauche a réussi l'amalgame provisoire de nombreux mécontentements. Tôt ou tard, le capitaine devra dire ou il va ... Sans cap, nul doute que les courants pousseront alors le Npa à se fracasser contre les écueils rugueux de la réalité !
Alors, adieu le capitaine !

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