mardi 20 janvier 2009

La drôle de France vu par Paul Auster

Paul Auster est un écrivain américain francophile. Avant d'être célèbre pour ses propres oeuvres, il a traduit en anglais de nombreux ouvrages de la littérature française. Il s'est engagé auprès de Barack Obama et a été interviewé le week-end dernier par le journal Libération, après avoir été l'invité de plusieurs émissions à l'occasion d'un passage en France.




Ce qu'il retient de l'attitude française n'est pas sans intérêt et nous renvoie en miroir notre comportement par cette simple remarque : Obama n'est pas vraiment noir.







Le propos n'est pas tenu par l'homme de la rue mais par des intellectuels français... c'était quelques jours avant son investiture. L'attitude peut avoir plusieurs explications, elle est en tout cas très française.
Très française, parce que comme le dit Paul Auster, pour un américain normal, pour un homme de culture américaine, un noir, c'est quelqu'un qui a, pour reprendre le langage de la ségrégation, du sang noir dans les veines.
L'Amérique, c'est le pays de l'esclavage, rappelons-le, si c'est en France que s'est organisé la traîte des noirs, c'est pour beaucoup aux Etats-Unis qu'ils ont été vendus. C'est aux Etats-Unis qu'ils ont été maltraité, et c'est aux Etats-Unis qu'on a eu à traiter, après une guerre civile, la terreur des populations noires, une ségrégation institutionnalisée, des émeutes le problème noir.
La victoire d'Obama marque à coup sur la fin d'un cycle tragique.
C'est évident pour tout le monde ... sauf pour certains français.
Comment expliquer cela ?
Il y a tout d'abord, c'est vrai cet esprit très français qui consiste à nier l'évidence.

Obama n'est pas vraiment noir. Tout est dans le vraiment. Peut-on voir dans ce vraiment, la mise en cause d'un comportement ? Ainsi le Révérend Jackson, après avoir été le candidat noir pionnier des primaires démocrates, depuis 1984, a dit qu'Obama ne parlait pas comme un noir. C'était avant qu'on voie ce même Jackson en larme le soir de l'élection d'Obama.
Mais non, ce réflexe communautariste, ne provient pas de noirs français... ce n'est pas la même attitude.
On sent en fait, du côté français comme une attitude de mauvais perdant. Comme une défiance, comme de l'envie. Finalement, il se passe quelque chose de nouveau dans le monde, quelque chose de politique, et ce n'est pas français. C'est même une leçon au peuple de France qui est plutôt habitué à donner des leçons au Monde.
C'est dans une société dont on dénonçait le communautarisme qu'est élu au suffrage universel un président noir. Le président de la différence. Et c'est une société majoritairement blanche qui a voté pour lui. Son élection est aussi une réponse au Révérend Père Jackson et au langage communautariste. Obama n'a pas parlé comme un noir... sinon, il n'aurait jamais été élu. Mais il n'a pas non plus parlé comme un blanc. Il a parlé comme un homme, comme un américain, comme le membre actuel d'une société moderne dont il est devenu le porte-parole.
Bernard Kouchner réclamait un peu de communautarisme. Emmanuel Todd est le défenseur du système d'intégration à la française.
L'élection de Barack Obama bouleverse ces approches.
Il démontre par l'exemple qu'un individu issu d'une communauté peut prétendre à l'universel.
Il démontre l'importance d'une démarche universelle et son élection démontre le besoin d'évolution de la société américaine.

En même temps, et le déni des intellectuels français cités par Paul Auster en sont l'illustration, il démontre la nécessaire évolution de la société française parallèlement à celui de la société américaine. Les faits ont la tête dure disait Lénine, ils sont en tous les cas encore plus têtus que tous les intellectuels français.

Obama, par son intelligence, par sa volonté bouleverse toutes nos représentations. Il nous encourage faire bouger les choses. C'est l'heure de la politique, c'est l'heure du débat, c'est l'heure du débat politique demain soir. Pour avoir accès à l'invitation, cliquer ici.


Après l'Amérique, l'Europe est-elle sur la voie de la
diversité



avec Saïd Bouziri, trésorier national de la Ligue des Droits
de l'Homme, animateur de la votation citoyenne

et Romuald Dzongo, président de l'association Marianne et
moi.

vendredi 23 janvier à 18 h30 au Jardin de Bigards 39, rue du Quai à Louviers







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