vendredi 28 novembre 2008

Salauds de pauvres !








Le café radical reproduit ci-dessous un éditorial de François Jarraud du café pédagogique[1] sur le bilan de l' expérience menée en Angleterre contre l'absentéisme à l'école. C'est très intéressant parce que revient périodiquement en France l'idée de responsabiliser avec à la clef des idées bienveillantes et répressives afin d'obtenir un comportement civique des intéressés de "mauvais citoyens", certains traduisant cette démarche par l'ironique "salauds de pauvres" reprise du film "La traversée de Paris" de Claude Autan-Lara[2]d'après Marcel Aymé . En ce qui concerne les mesures envisagées alors, et qui allaient jusqu'à la prison, cela marque aussi les limites de la réponse répressive. Finalement, on s'aperçoit que la meilleure réponse à l'absentéisme de l'école c'est de rendre celle-ci intéressante et attractive. C'est bête à dire, mais c'est beaucoup plus difficile à faire.




Angleterre : Échec complet des mesures de responsabilisation parentale
Inefficaces, les mesures de responsabilisation parentales aggravent les injustices révèle une étude gouvernementale britannique. Confrontées au décrochage et à l'absentéisme, les autorités anglaises ont pris des mesures sévères qui ont pu paraître exemplaires. Elles peuvent faire condamner les parents des élèves absentéistes (c'est-à-dire manquant sans motif au moins 20% des cours) à des amendes et même à la prison en cas de récidive. Or la publication des chiffres de 2006 met en évidence l'inefficacité totale de ces mesures. En effet avec 230 000 absentéistes récidivistes, jamais le pays n'a atteint un taux aussi important depuis le début des enregistrements. Pourtant les sanctions ont suivi la montée de l'absentéisme. Le nombre de parents condamnés à une amende a augmenté de 50% de 2003 à 2006 (2 011 à 2 952) Le nombre des emprisonnements a triplé (7 en 2003, 22 en 2006). L'injustice est aussi au rendez-vous puisque sur 74 parents mis en prison, 56 étaient des mères sans doute seules en charge d'enfants turbulents. Ce sont donc les femmes qui sont les principales victimes de cette loi. L’échec de cette politique est instructif. En France, dans un pays qui compte 5% d’absentéistes, certains appellent à punir les parents ou même assimilent absentéistes et délinquants. Un décret de 2006 prévoit une amende de 750 euros pour les parents d'enfants absentéistes. Si toutes ces punitions sont vaines, c'est que l’absentéisme a des causes différentes d’un jeune à l’autre. Pour certains élèves il est le signe d’un désinvestissement scolaire. Celui-ci peut aussi bien provenir de l’ennui ressenti en cours, que de violences, physiques ou morales, subies dans l’établissement. Pour d’autres enfin ce sont des besoins économiques ou des contraintes familiales qui éloignent de l’école. Pourtant des politiques efficaces existent. En Grande-Bretagne, des autorités locales misent sur les aides économiques pour ramener les élèves qui travaillent à l’école. Le gouvernement a même adopté une sorte de "salaire scolaire". Une autre approche consiste à lutter contre l’échec scolaire et l’ennui. En France des établissements s'unissent pour lutter contre le phénomène. Car c'est bien l'Ecole qui détient la principale clé pour lutter contre l'absentéisme.

[1] Le lien avec le café pédagogique http://www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2008/11/28112008Accueil.aspx
[2] Le lien sur you tube ( si si, allez y, c'est un grand moment de cinéma et ça fait froid dans le dos ...) http://www.youtube.com/watch?v=VYtN5BmCzQc
[3] le lien avec l’article du guardian http://www.guardian.co.uk/education/2008/nov/27/truancy-absent-school

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