mercredi 19 novembre 2008

Ce qu'il y a de bien, avec Ségolène ...

Suite d'une discussion avec Denis dans la cour de la mairie.
Denis a beaucoup de mal à soutenir Ségolène Royal, pour des raisons très compréhensibles.
Le café radical soutient cependant Ségolène Royal ... attitude courageuse, puisque tout le monde la donne gagnante.
Attitude inutile d'ailleurs, puisque nous sommes radicaux et que personne ne nous demandera notre avis pour le vote de demain soir (et plus si il y a un deuxième tour ...)
Comme le disait Nicolas Demorand à Martine Aubry sur France Inter : "mais qu'est ce qui vous distingue de Ségolène Royal ?"

Et Martine Aubry de s'avancer comme elle pouvait ... Personne ne croit que Martine Aubry soit plus à gauche que Ségolène Royal, tant sur le plan de la posture que sur le plan des alliances[1]...
Elles sont par ailleurs de la même génération ...
Et pourtant, elles sont fondamentalement différentes.
La question, malgré ce qu'on veut faire croire ne tient pas aux personnes. Là dessus, chacun son goût.
La question vient de ce qu'elles représentent des forces fondamentalement différentes.

Ce qu'il y a de bien avec Ségolène, c'est qu'elle ne s'appuie pas sur l'appareil socialiste.
Pourquoi c'est bien ?
Le café radical ne soutient pas cette attitude par sensibilité anarchiste ou libertaire. Pas du tout ! Des appareils, il en faut. Il en faut même des bons.
Le problème c'est que jour après jour, élection après élection, le parti socialiste démontre l'usure et l'inanité de son appareil.
Le parti socialiste démontre qu'il est capable de jouer un rôle d'opposition, de contestation, qui lui a permis de remporter des élections locales, mais il démontre qu'il reste un parti d'élus, structurés autour de barons locaux, plus attachés à garder leur territoire qu'à construire une ambition nationale. Comme tout pouvoir attaché à se reproduire en dehors des réalités, il se constitue sur des mensonges, ces mêmes mensonges qui empoisonnent la vie politique depuis 50 ans, et qui sous un discours de gauche fait passer une politique de droite.
Le plus bel exemple en est donné par Guy Mollet, le molletisme ayant permis parallèlement à un discours marxiste révolutionnaire de lancer notamment la sale guerre d'Algérie.
Mitterrand a réussi à tirer le parti socialiste de l'ornière grâce au programme commun de la gauche qui a eu pour effet de cimenter la gauche et le parti autour d'un programme social sur lequel il a fallu battre en retraite, certes ... mais sur les ruines duquel le parti socialiste survit depuis plus de 30 ans.
Jospin a fait valoir le droit d'inventaire... ce qui ne voulait dire au fond qu'un changement en surface des pratiques...
A présent, plus le temps passe, et plus la nécessité se fait sentir qu'une refonte et qu'un nouveau souffle est indispensable au parti socialiste pour sa propre survie et pour que la gauche toute entière puisse à nouveau espérer.

Voilà pourquoi, au fond, la seule différence programmatique (et ce n'est pas un hasard) tient au mode d'adhésion.
Là-dessus, Martine Aubry ne veut rien changer... Cela veut dire un parti un parti qui continue de perdre ses adhérents et qui se renforce dans ses défauts... (dont nous ne ferons pas l'inventaire). Cela veut dire qu'à partir du principe dénaturé d'avant-garde marxiste, on en arrive à la réalisation d'un parti de notables qui ne veut pas dire son nom.

Or Ségolène demande à ce que le parti socialiste devienne un parti de masse. Il n'y a rien d'autres derrière sa proposition d'une adhésion à 20 € et même moins pour ceux qui n'en auraient pas les moyens. Cela veut dire aussi, l'adhésion de militants intéressés par l'action politique et pas par les postes qui pourront leur être attribués par des barons locaux.

Ce n'est pas grand chose ... peut-être, mais cela peut devenir le levier d'un changement très profond au niveau des rapports de force.

[1] Evacuons tout de suite la question de l’alliance ou pas avec le Modem. Outre le fait que Martine Aubry se ridiculise en disant qu’elle est contre nationalement ce qu’elle fait localement, on peut y voir précisément le symptome de la pratique molletiste dont il sera question plus loin, à savoir : ne jamais dire clairement ce qu’on aura à faire en attendant que ce soitent les cironconstances qui l’imposent ce qui évite d’avoir à changer de discours… C’est la définition d’un opportunisme bien pensé. Ce n’est pas là dessus qu’on peut construire un projet politique.

Aucun commentaire: