mardi 3 juin 2008

De Clément à Dati pourquoi nous avons de mauvais ministres de la justice


Je m'étais imaginé lorsque Pascal Clément (vous souvenez-vous de lui ?) était, il y a à peine plus d'un an ministre de la Justice, qu'on ne pourrait pas descendre plus bas.


J'admets aujourd'hui mon erreur.
Zinoviev(1), classait en deux parties ses compagnons de misère dans les camps de travail. Il y a les optimistes et les pessimistes. Les pessimistes disent que ça ne peut vraiment pas aller plus mal et les optimistes disent que ça peut aller encore plus mal ...


Pascal Clément était toutefois victime d'une situation intenable, représentant d'un chiraquisme à l'agonie, sous l'influence d'un ministre de l'intérieur candidat à l'élection présidentielle. Il paraissait d'autant plus inexistant qu'il avait en face de lui une machine de guerre idéologique, prenant toute son ampleur dans l'affaire Clearstream où il n'eut à prendre que les balles perdues des tirs croisés entre le 1er ministre Villepin et son ministre de l'intérieur Sarkozy.


La bouille déconfite de Pascal Clément a marqué quelques mémoires, dont la mienne, lors des attaques répétées du ministre de l'intérieur endossant systématiquement le parti pris idéologique des syndicats policiers contre une justice dont il convenait de dénoncer un laxisme contredit par les faits... mais pas par le Garde des sceaux.


Enfin, comble de la déconfiture, ce bon Pascal Clément restera dans les mémoires comme celui qui aura été définitivement marqué par l'affaire d'Outreau ... dans laquelle il n'était certes pour rien, mais où il a semblé dépenser toute son énergie à passer inaperçu...




De ce point de vue, Rachida Dati semblait l'antithèse de Clément.


Personnalité forte et énergique, membre éminent de la garde rapprochée du nouveau pouvoir, elle semblait avoir pour mission de redonner à la Justice et à sa fonction ministérielle toute sa dimension.




Bénéficiant au début de son mandat d'un double état de grâce, Rachida Dati a mené à la baguette la réforme de la carte judiciaire. La réforme menée à la baguette a été à l'image du système sarkozyste. Bloquée sur des schémas inamovibles, marquée par une incapacité d'écoute, se séparant de huit membres de son cabinet en huit moi, se coupant du corps judiciaire, elle a fini par s'aliéner la réalité du terrain local, allant jusqu'à frôler la défaite aux élections municipales dans l'imperdable VIIe arrondissement de Paris.




En fait, tout ça pour ça !




Rachida Dati se trouve éloignée peu à peu des cercles rapprochés du pouvoir.


Quand Sarkozy a créé un groupe des 7 pour décider de la politique gouvernementale en dehors de son premier ministre (du jamais vu sous la 5e République !) elle n'en a pas fait partie. Quand Balladur l'a jugé trop nulle pour défendre le projet de réforme constitutionnelle, elle n'a pas été défendue.


Enfin, après sa bourde qui l'a poussé à défendre le jugement anachronique du tribunal de Lille sur la légitimité du pucelage dans le mariage moderne, elle a été contrainte de battre en retraite !....


Nous avons un bien mauvais ministre de la Justice... mais ce n'est pas seulement parce que n'est pas Badinter qui veut.


En fait, comme Clément, Dati est un Ministre Nul, parce qu'il est l'image d'une justice absente. Cela va bien au delà de l'évaluation des ministres... vieille lubie sarkozyste aujourd'hui disparue, mais pour combien de temps ?


Derrière l'image de la justice, il y a l'image de la République et de son Président.


Fondamentalement, Sarkozy rêve d'une Justice secrétariat d'Etat sous la dépendance d'un Ministère de l'Intérieur puissant ou sous influence (la sienne d'influence, bien entendu)...

Heureusement qu'on n'en est pas là....

Et Sarkozy en usant tous ses soutiens, ne risque-t-il pas de s'user lui-même ?


La réponse au prochain café radical !
(1) Zinoviev, Les Hauteurs Béantes, un ouvrage qui doit dater des années 1976 ... ou pas loin et qui pré-annonçait la fin de l'empire soviétique

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