mercredi 30 avril 2008

Tu n'as rien vu à La Marsa *...

Quelle belle photo ! C'était quand Ben Ali, qui tient la Tunisie d'une main de fer depuis plus de 20 ans, soutenait Bourguiba, son prédécesseur avant de l'envoyer à l'hôpital psychiatrique pour gâtisme.
Jusqu'où s'abaissera notre Président ?

Le voilà qui compare les situations des droits de l'homme en France et en Tunisie.

"Tout n'est pas parfait chez nous ... en matière de droit de l'homme." dixit Sarko...
"Tout n'est pas parfait chez nous..." C'est un peu comme si notre Chanoine Sarkozy s'excusait d'avoir eu de mauvaises pensées auprès de Founiret...

Lui qui ne voulait pas entendre parler de repentance, s'excuse quasiment d'être Français.
Voilà un sacré pataquès qui s'explique peut-être par la volonté maladroite d'exonérer la droite française de ses propos insoutenables sur les bienfaits de la colonisation.

Cela ne rend pas plus acceptables ces propos du chef d'un Etat démocratique au tyran Tunisien, responsable de la récession du droit dans son pays. Presse censurée, partis interdits, torture et emprisonnemens politiques érigés en système...

Sarkozy est visiblement entré dans la phase de repentance qu'il rejetait pourtant ... C'en est fini de vouloir faire des droits de l'homme l'alpha et l'omega de sa politique étrangère.

L'homme qui donnait des leçons de politique à l'Afrique dans le discours de Dakar poursuit jusqu'à l'humiliation nationale son attitude de soumission devant les dictatures du monde entier.
On a reçu Khadafi comme personne, on a félicité Poutine avant tout le monde, on a regretté la virulence de nos démocrates devant la Chine et l'on s'excuse auprès des dictatures de nos manques en matière de droits de l'homme.

Voilà une raison de plus de se demander si le projet d'Union Méditerrannéenne de Sarkozy n'est pas le contrepoids du renoncement à un vrai projet européen... Inquiétant à quelques mois de la Présidence de l'Europe.

*La Marsa est la ville de l'ambassade de France en Tunisie

mardi 29 avril 2008

La mise à jour idéologique du PS ouvre un débat


La convention nationale du parti socialiste doit se réunir le 14 juin pour adopter un texte de 21 articles redéfinissant ses principes fondateurs.
Le parti radical de gauche ne peut que se réjouir de la remise à jour idéologique du parti qui constitue encore la colonne vertébrale de la gauche. Sur le fond, le parti socialiste abandonne ses références marxistes, ne fait plus référence à la lutte de classes ou à la révolution … il se réfère, ainsi que les radicaux le font depuis des années aux valeurs humanistes, progressistes et républicaines, de celles que Mendès France a approfondi dans le concept de République Moderne.
On n’en est pas au renoncement du terme socialiste, même si, sur le fond on parle plus du socialisme comme d’une vision du monde que comme d’un projet politique. Il n’est pas question d’Etat socialiste, en revanche, on développe des thèmes nouveaux liés au développement durable, éloigné du développement planifié de l’économie. Les socialistes ne sont plus ceux qui veulent le socialisme, mais ceux qui prennent en compte la dimension sociale de l’économie de marché et souhaitent ainsi, par la redistribution, lutter contre les inégalités. Cela continue d’impliquer le développement des forces productives, mais l’innovation et la recherche dans l’économie sont aussi des valeurs à défendre en soi qui permettent d’améliorer le bien-être de l’humanité.
Le rôle de la puissance publique est affirmé, même si l’on parle peu d’Etat. Il y a des forces régulatrices, nécessaires dans le cadre d’une économie moderne et mondialisée. L’Europe y prend toute sa place. Le terme de gouvernance n’est pas repris.
Le parti socialiste s’affirme comme un parti républicain.
Pour les radicaux, c’est un progrès, c’est une manière de sortir de l’impasse de ce qu’on a appelé le molettisme, en référence à Guy Mollet, président du conseil, défendant sous un discours de rupture la pratique politique de toutes les compromissions. C’est le point de vue opposé de la pratique de Mendès France, qui a défendu une république moderne, ouvertement réformiste, mais sans concession avec sa démarche humaniste. Sur des faits précis, comme sur la décolonisation, on a pu voir à quel point ce n’étaient pas les discours qui fondaient une pratique de gauche, mais bien une volonté et la capacité à rendre des comptes devant le peuple.
En refusant l’impasse idéologique marxiste, les radicaux sont restés beaucoup plus collés à la réalité de la société et ont participé à son évolution de façon beaucoup plus moderne.
On pourrait se dire que la démarche du parti socialiste visant à moderniser son discours est précisément sans conséquence, puisque les discours sont sans conséquence. Ce n’est sans doute pas tout à fait vrai.
D’abord, le fait de vouloir mettre son discours en accord avec sa pratique est un signal intéressant.
En fait, depuis le congrès de Tours, qui avait vu la grande scission des socialistes Français en 1920 entre les communistes qui suivaient la révolution russe et les réformistes, il s’est produit tout un discours de culpabilisation qui a mis la gauche sous influence jusqu’à ce jour. Les réformistes ont toujours eu besoin d’affirmer qu’ils réformaient mais qu’ils ne sauraient renoncer au grand soir, et que leur pratique n’était que tactique.
C’est ce qui explique notamment que les radicaux se soient retrouvés marginalisés dans une logique de lutte des classes. Le discours globalisant socialiste collait par ailleurs parfaitement avec la culture politique française centralisatrice, s’accomodant d’un mode de décision échappant au commun des électeurs.
La France est l’un des derniers pays où le grand parti de gauche n’ait pas fait cette mue idéologique sans se voir marginalisé. Sans doute cette démarche est elle nécessaire pour que le parti socialiste ou le parti de gauche qui lui succédera redevienne un parti de gouvernement. On peut espérer que cette approche soit un premier pas qui, lié à une réflexion sur l’organisation générale de la gauche permette, parallèlement au choix d’un présidentiable lié à une dynamique d’ensemble ne soit plus soumis à une logique de courant interne au parti socialiste mais s’ouvre à une réflexion d’ensemble de la gauche s’appuyant sur des valeurs communes tout en s’ouvrant à un débat reprenant les besoins de rénovation de l’ensemble de la gauche.
En conclusion, la proposition de rénovation du projet socialiste répond bien à une attente de la gauche. Les radicaux ne peuvent s’en désintéresser. Il reste que le discours inadapté du parti socialiste n’était que son moindre défaut. Il lui reste à surmonter son organisation clanique qui passe par sa logique de courant ainsi que son isolement par rapport à l’ensemble de la gauche. La mise à jour idéologique est sans doute la conséquence de l’impuissance du parti socialiste à s’imposer comme force de gouvernement. Pour nous, la modernisation idéologique ne doit constituer qu’une mise en bouche avant une réflexion intégrant l’ensemble des forces d’une gauche moderne, réformatrice préalable à une prise de pouvoir.

Roma, dove vai ?


La droite italienne exulte .... Et quand elle exulte, ça fait très mal !
Si vous voulez vous faire une idée, allez sur le site de la Repubblica, les images se passent de traduction ... et vous pouvez voir les supporters d'Alemanno s'éclater dans les rues de Rome, au Capitole, en face de l'Hotel de Ville
http://www.repubblica.it/2006/05/gallerie/politica/saluti-romani-alemanno/1.html


Certains ont voulu présenter la victoire de Berlusconi et de ses alliés comme la victoire du centre-droit contre le centre-gauche. On peut ce rendre compte que n'est pas tout à fait ça !

La victoire d'Alemanno, le nouveau maire de Rome, a été saluée par les signaux identitaires de l'extrême-droite européenne, croix celtiques et autres saluts romains, ce qui dans la ville fondatrice du fascisme prend une tournure toute particulière.


Si le fascisme n'est pas encore à nos portes..., les fascistes y sont ! Ils ont même franchi le seuil ... Il ne faut pas se croire à l'abri en France, sous prétexte que Le Pen a du mal à se tenir debout, et que l'extrême droite a été marginalisée par Chirac et Sarkozy ...

Entendons-nous, il ne s'agit pas de crier au loup. L'Italie est une démocratie, et Rome reste une grande capitale Européenne, que l'on peut continuer de visiter. Nous ne sommes pas en 1922, il n'y a pas de marche sur Rome et Berlusconi n'est pas Mussolini, mais cela ne veut pas dire qu'il n'y a pas de danger ...

Je ne peux m'empêcher d'avoir une pensée émue pour tous mes amis italiens, en premier lieu ceux d'un certain âge qui, au delà des moments difficiles qu'ils ont vécu depuis 1943, pensaient quand même s'être débarassé à jamais du folklore fasciste. C'est un peu comme si on imposait aux résistants français le défilé de néo-nazis dans les rues de Paris... des fois, on se demande si ça vaut la peine de vieillir !

Au delà de cet hideux folklore, l'Italie semble être au plus mal pour résoudre les problèmes graves qu'elle a à affronter. Si l'Italie connait l'ensemble de nos difficultés socio-économiques, qui traversent toute l'Europe, celles-ci sont encore empirées par le poids réel des mafias ... et dont Naples donne le pire exemple avec la "camorra"... Voilà qu'en plus, elle va connaître un vrai problème de légitimité européenne. Rappelons qu'Alemanno, après avoir abordé la politique dans les formations néofasciste, le "sympathique" candidat de Berlusconi à Rome a fait campagne contre les Roumains (bienvenue chez l'Europe ...!) à la suite de faits divers ayant mis en cause des Tziganes rélégués dans des bidonvilles ...

L'extrême droite s'exhibe sans pudeur, encouragée par la victoire de Berlusconi, qui a réussi à rassembler un puzzle improbable allant de Bossi (indépendantiste du Nord populiste et xénophobe) aux démocrates chrétiens, en passant par les chauvinistes et néo-fascistes. C'est comme si Sarkozy avait fait une coalition allant de François Bayrou à Bruno Mégret en passant par Jean-Marie Le Pen et les indépendantistes Corses....

En fait le pouvoir Berlusconien, au delà des apparences, est d'une extrême faiblesse. Ce n'est pas rassurant parce que la faiblesse du pouvoir d'Etat peut donner les pires résultats. L'Italie a connu le terrorisme noir, les brigades rouges, la renaissance de la maffia, le développement de la Camorra (à ce sujet, ne pas passer à coté de Gomorra, traduit en français et dont la sortie cinématographique est prévue pour le festival de Cannes).

Tout européen est concerné par ce qui se passe en Italie aujourd'hui.